[Histoire] : Quand Rennes bambochait sur des patins à roulettes

Cet été, nous avons appris l’ouverture au nord de Rennes de Roller’s, une patinoire dédiée au roller quad, version améliorée de nos vieux patins à roulettes. « La seule piste d’intérieur de l’Ouest », déclare fièrement dans les colonnes de Ouest-France son gérant Thomas Piel. Mais un tel établissement a-t-il déjà existé à Rennes ? Attention, Spoiler Alert.
La réponse est bien évidemment oui !

En faisant quelques recherches, on apprend qu’inventés au 18e siècle, les patins à roulettes ont fait l’objet d’un véritable engouement grâce à une innovation facilitant leur utilisation à partir de 1863, déclenchant ainsi la première vague de frénésie pour le roller-skating+d1fos. En 1876, l’hebdomadaire Le Monde illustré parlait de la « folie sur roues » qui avait frappé Paris, alors que la presse londonienne surnommait les nouveaux adeptes du roller-skating les « rinkomaniacs » ou les « rinkualists ».

Les rennais·es n’étaient pas en reste, et pouvaient pratiquer cette activité en allant soit à l’Omnium-City où des professeurs donnaient des leçons de patinage artistique et acrobatique, au 16 rue Penhoët (où se trouve aujourd’hui le commissariat de police, NDLR), soit au Skating-Palace, situé au 20 boulevard de la Liberté, juxtaposant le temple protestant.

Omnium-City, rue Penhoët

Ouvert en octobre 1910, le Skating-Palace est rapidement devenu the-place-to-be. Tout le gratin mondain rennais venait pour se montrer et bambocher dans la bonne humeur, effectuant des glissements cadencés et des figures originales au rythme d’une valse.

photo visible sur l’excellent wiki-rennes

 

Ouverture du Skating Palace

Mais gare aux chutes ! Le journal Ouest-Éclair accordait de l’importance aux blessures des gens de la haute. Comme ici, en novembre 1910 où on apprenait la vilaine fracture de Madame Chauveau, épouse d’un célèbre avocat.

De nombreux aménagements vont être effectués au fil des mois afin de permettre une glisse plus douce et plus agréable : piste rabotée, piste agrandie, aération « dynamique ». Un orchestrion, cet appareil capable de jouer de la musique ressemblant à celle des orchestres, projetait une musique puissante pour accompagner les afficionados du patin. Et puis après l’effort, le réconfort. Un énorme et vaste buffet était servi, permettant aux gens de se restaurer et ainsi passer toute une matinée ou après-midi à l’intérieur, sans avoir besoin de se déchausser. De temps en temps, des matchs de Hockey, des spectacle et autres galas étaient également proposés. 

Aménagements
Au programme : vestiaire, orchestrion, nouvelle piste…

Mais à partir de 1914, la première guerre mondiale chamboule les habitudes des un·e·s et des autres. L’établissement ne se relèvera pas de cette maudite période et fermera définitivement ses portes. Les ateliers DAISAY, spécialisés dans la confection de chaussures, vont occuper dans un premier temps les lieux.

C’est la fin
C’est la fin ou l’avant-vente (bis)

Et puis dans les années 1920, on trouve en lieu et place une salle de cinéma, le Select-Palace changera de nom après la seconde guerre mondiale et deviendra Le Paris.  L’endroit a depuis été transformé en chaîne de cafétérias (Marest) et reste aujourd’hui une discothèque (La Suite). Mais pour combien de temps ?

Des exemples de Skating-Palace dans le monde :

Londres :

Nantes :

Istanbul (1908) :

 

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