A Rennes, il y a 95 ans, la guillotine fonctionnait alors…

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Il y a pile 95 ans, la guillotine, communément surnommée la « veuve », était installée devant l’ancienne prison Jacques Cartier, à Rennes. Alors que le soleil n’était pas encore levé en ce samedi 20 mai de l’année 1922, on tranchait la tête du fils Lagadec, condamné à mort pour le meurtre de son père. Le corps du vieil homme avait été retrouvé flottant entre deux eaux dans l’étang voisin de sa demeure.

C’est entre la rue Alain Bouchart et le boulevard Jacques Cartier que, dès la veille au soir, plusieurs curieuses et curieux commençaient à se rassembler, espérant  ainsi voir l’exécution. Selon le journal Ouest-Eclair, cinq cent personnes se seraient finalement massées devant la porte d’entrée de l’établissement carcéral, maintenues par un solide service d’ordre et quelques barrages à hauteur des rues Marcelin-Berthelot et Lobineau. Témoignage d’une époque où le spectacle était dans la rue. Les réseaux sociaux n’existaient pas.

Un peu plus tôt dans la soirée, les « bois de justice », emmitouflés sous une bâche noire, arrivaient en gare de Rennes par le train-omnibus 541. A trois heures trente du matin et  sous un silence assourdissant, la guillotine fût montée et assemblée sous les ordres d’un des plus célèbres bourreaux français, Anatole Joseph François Deibler. Celui-ci, natif de Rennes, avait succédé à son père au poste d’exécuteur en chef, poste qu’il occupa 40 ans durant. Sacré héritage et lignée familiale ! 

Après avoir vérifié par deux fois le bon fonctionnement de la « machine à exécuter », Lagadec fut réveillé vers les quatre heures du matin par le gardien-chef et l’avocat général qui lui apprenait que son recours en grâce était rejeté. « Ayez du courage » lui déclara le substitut, ce à quoi Lagadec répondit « J’en ai toujours eu jusqu’ici, j’en aurai encore… ».

Le fils Lagadec se présenta devant la « veuve », habillé d’une grande blouse blanche, pieds nus dans des sandales(*), un voile placé devant ses yeux. Une pluie fine ajoutait un caractère lugubre à ce cérémonial. Un bruit sourd, un éclair, il est 04h51… On tranchait la tête de Fernand Lagadec. Il avait 24 ans.

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(*) Le Code de 1810 réserve un traitement à part au condamné à mort pour parricide: il est amené pieds nus

Source :

Article du vendredi 19 mai 1922. l’O-E.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k646914g/f4.zoom

Article du samedi 20 mai 1922. l’O-E.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k646915v/f4.zoom

Article du dimanche 21 mai 1922. l’O-E.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6469167/f4.zoom

 

1 commentaires sur “A Rennes, il y a 95 ans, la guillotine fonctionnait alors…

  1. Maud Lafin

    Le condamné s’adresse au bourreau:
    – vous n’avez pas honte de faire un métier pareil?
    – que voulez-vous, il faut bien vivre.

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