Le Théâtre du Vieux Saint-Étienne, bien connu des Rennais·es comme étant aujourd’hui un lieu dédié aux arts du cirque et à la recherche artistique, est installé depuis 1989 dans une des plus anciennes églises de Rennes. Construite vers le 12è siècle, cette dernière portait à l’origine le nom de « paroisse Saint-Étienne-lès-Rennes ». Fait important, le maire de Rennes, Toussaint-François Rallier du Baty (NDLR, auquel nous devons la reconstruction de la ville après le terrible incendie de 1720) fut inhumé en 1734 dans cette église, dont la véritable entrée donnait sur la rue Basse, l’actuelle rue de Dinan.
Ce que l’on sait moins, c’est que ses abords furent longtemps redoutés par les habitant·e·s. C’est en tout cas ce qu’écrit Paul Sébillot, spécialiste des traditions populaires de Bretagne, dans son tome 2 des « Légendes locales de la Haute-Bretagne ». Il faut dire qu’en 1825, après la révolution Française, l’église, qui servait alors de magasin de campement au Service de Santé Militaire, était entourée d’un cimetière dont les murs tombaient en ruine. La légende populaire raconte que de mystérieux personnages, probablement venus de l’au-delà, troublaient parfois la quiétude des environs.
Un jour, un étudiant en médecine a eu l’idée saugrenue de se déguiser en fantôme pour faire une mauvaise farce à la sentinelle qui montait la garde près du lieu. L’illusion était tellement parfaite, que, pris de panique, celui-ci frappa le jeune homme d’un coup de baïonnette. Aguerri aux techniques d’attaques, le coup fut fatal. L’étudiant est tué sur le coup. On cacha son décès et on fit croire que le soldat avait vu un revenant…
Bien plus tard, une jeune femme, prénommée Tiberge, fut retrouvée un matin d’hiver, bâillonnée et mourante en pleine rue. Le bruit se répandit rapidement que des élèves en médecine (NDLR, appelés Carabins) s’étaient livrés sur elle à des expériences de toute sorte. À cette époque, l’amphithéâtre de l’école de médecine se trouvait dans un coin du cimetière et les étudiants portaient de longs cabans avec un capuchon. Lorsque la pénombre de la nuit venait accentuer les ombres, leurs silhouettes pouvaient se confondre en de troublantes chimères. On racontait alors partout que lorsque ces derniers « arrivaient en ville » par bandes, ils emportaient les jeunes filles qu’ils rencontraient en les cachant sous leurs manteaux, jusqu’à leur amphithéâtre. Suite à cela, les ouvrières n’osèrent plus rentrer seules des ateliers où elles travaillaient obligeant leurs parents à venir les chercher et ce, pendant longtemps…