Du papier sous le sap1 #24 : Un jardin de sable, Earl Thompson

Marre de l’esprit de Noël ? Marre du Black Friday et de sa conso à tout va ? Marre des chocolats ? Marre des joujoux en plastoc ? Bienvenue dans notre calendrier de l’Avent Altérophile ! C’est déjà la fin de notre petit délire bibliophile de l’avent. Nous concluons en sombre beauté notre petite série festive et bigarrée de conseils lecture avec rien de moins qu’un sublime monstre.

A ce stade de notre calendrier de l’avent bibliophile, même les moins attentifs d’entre vous auront compris que nous avons un attachement particulier envers la petite mais vaillante maison d’édition Monsieur Toussant Louverture. La passion palpable qui anime leur choix de catalogue ou éditoriaux nous a déjà valu de sacrées émotions littéraires. Nous vous proposons ici la plus intense d’entre elle.
Dès le premier contact, leur remarquable édition de Un jardin de Sable de l’américain Earl Thompson en impose. On effleure l’épais papier sablé de la couverture marqué au fer rouge de lettres gothiques. On soupèse les 832 pages de ce pavé trapu. On lit l’enthousiasmante préface de Donald R. Pollock (jeune romancier de l’Ohio extrêmement prometteur à qui on doit le tétanisant Le diable, tout le temps) et on se lance avec un semblant d’excitation et de nervosité dans l’aventure.
Initialement paru en 1970, Un jardin de Sable vous propulse sans prendre le moindre gant dans le quotidien des plus démunis en plein Kansas à l’aube de la Grande Dépression de 1929. Comme c’est tout simplement le livre qui nous a le plus retourné cette année, on ne vous en dira pas plus pour vous en préserver au maximum l’ampleur du choc. Avec une écriture d’une puissance rare, Thompson nous emporte dans une saga familiale aussi tendre qu’effroyable. Un jardin de sable vous laissera pantelant, vous bouleversera jusqu’à l’insoutenable et pourtant, il parvient à vous faire conserver un attachement et une admiration immense pour tous ces hommes et ces femmes qui à chaque fois tombent plus bas sous les coups d’une inextinguible violence sociale mais toujours se relèvent. Dans Earl Thompson, il y a du Zola, du Bukowski, du Steinbeck, du Cervantes... il y a la veulerie, les pires transgressions mais aussi l’intelligence incroyable qui vous permet d’y survivre, jusqu’au prochain coup.
Un jardin de Sable est un roman d’une noirceur abyssale mais où chaque petit rayon de lumière prend une dimension qui vous transperce. C’est un livre qui ne vous laissera pas intact et dont on ressort forcément un peu transformé. Le lire est le pire et le plus beau des cadeaux. C’est celui qu’on vous invite à vous faire.

________________________________

Un jardin de sable Earl Thompson

Broché: 832 pages
Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Jean-Charles Khalifa
Préface de Donald Ray Pollock
Chez Monsieur Toussaint Louverture (4 janvier 2018), 24,50€

Nos autres idées de « papier sous le sap1 » ici :

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires