Du papier sous le sap1 #14 : Big Bad Bagdad

Marre de l’esprit de Noël ? Marre du Black Friday et de sa conso à tout va ? Marre des chocolats ? Marre des joujoux en plastoc ? Bienvenue dans notre calendrier de l’Avent Altérophile ! Tous les jours, jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Notre quatorzième étape nous emmène en plein terrain miné avec Bagdad, la grande évasion un polar aussi sombre qu’hilarant de Saad Z. Hossain.

Dans notre petit cœur de cinéphile et de lecteur, il y a une place toute particulière pour les comédies noires antimilitaristes. De M.A.S.H. de Robert Altman en passant par Catch 22 de Mike Nichols De l’or pour les braves de Brian G. Hutton ou encore Abattoir 5 de Kurt Vonnegut … nous avons un penchant particulier pour ces œuvres où l’humour le plus féroce côtoie de près l’absurde et l’insoutenable. Bagdad, la grande évasion (Escape Bagdad en version originale), le premier roman  du bangladais Saad Z. Hossain fait partie de cette grande tradition. C’en est même un représentant foutrement tordu.
Pour écrire un roman étrange, tumultueux et violent, quoi de mieux que le situer à Bagdad en 2004 ? Dans une capitale de l’Irak en plein chaos, Dagr, un ex professeur d’économie et son ami kinza un petit loufiat trafiquant hash et armes avec l’armée américaine, tentent de survivre comme ils peuvent entre leurs traumas et l’ultra-violence ambiante. Dans les maigres atouts qu’ils ont dans leur manche, il y a le G.I. Hoffman qui, malgré des airs de débile profond, cache bien son jeu et leur file de temps en temps un coup de main. Nos deux sympathiques magouilleurs semblent avoir tiré le gros lot en capturant le colonel Hamid, ex-bourreau vedette du régime de Saddam (qui a sa place de choix dans le fameux jeu de cartes des V.I.P. de l’horreur de l’armée U.S.). Pour sauver sa peau, le tortionnaire leur promet de les mener à un bunker bourré d’or planqué en plein désert. N’ayant strictement plus rien à perdre, nos deux compagnons acceptent le marché mais l’extraire de Bagdad s’avère un sacré défi surtout quand un tueur aux capacités surnaturelles s’ajoute aux nombreuses factions ayant toutes décidé de leur faire le peau.
Saad Z. Hossain réussit à rendre son roman jubilatoire et surprenant de bout en bout. Mêlant les genres avec une jubilation communicative, l’auteur vous réserve son lot de surprises et de moments d’anthologie. Sur un rythme parfaitement maîtrisé, il enchaine digressions délirantes, explosions glaçantes de violence et morceaux de bravoure (la fusillade finale est rien de moins qu’anthologique) avec une inventivité et une facilité déconcertante. Bagdad, la grande évasion entre donc en bonne place dans notre panthéon du genre et réussit même l’exploit de l’enrichir en y ajoutant des thématiques inédites dont on vous laisse la surprise. Nous attendons maintenant de pied ferme la traduction de Djinn City, son second roman.

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Bagdad, la grande évasion Saad Z. Hossain

ISBN-13: 979-1095718222
Broché: 384 pages
Chez Agullo (13 avril 2017), 22€

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