Marre de l’esprit de Noël ? Marre du Black Friday et de sa conso à tout va ? Marre des chocolats ? Marre des joujoux en plastoc ? Bienvenue dans notre calendrier de l’Avent Altérophile ! Tous les jours, jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos neurones. Dix-neuvième chapitre de nos pérégrinations papivores, pour petits et grands cette fois-ci. 

On l’imaginait bienveillant, gentil, dévoué et entouré de lutins… Ben non. Sacré Père Noël est bougon, râleur, et de très mauvaise humeur. Parce que le Santa Claus de Raymond Briggs est british et vieux garçon à chats. Pas de mère Noël ni de lutins ou marmottes pour l’aider dans sa tâche ingrate : il doit se débrouiller tout seul, avec ses idiots de cerfs et une météo épouvantable.

Il part donc seul dans la neige, la pluie et le fuckin’ brouillard pour râler contre les cheminées trop étroites, contre les antennes des toits (oui, on est en 1974, il y a encore des antennes sur les toits des maisons…), contre les chats qui se glissent dans ses pattes et manquent de le faire tomber avec tous ses paquets.

Mais il est heureux de trouver une bouteille laissée à son intention (vous savez ce qu’il vous reste à faire…) et surtout, il est heureux de rentrer chez lui le 25 au matin, de prendre un bon bain chaud et de se coucher.

Cet album de Père Noël est bien moins condescendant que tout ce que l’on peut trouver aujourd’hui. Ce Père Noël est quand même bien plus proche de la réalité que les papas Noyel qu’on veut bien nous montrer aujourd’hui, ces bonhommes barbus aseptisés, heureux de parcourir la terre entière pour gaver nos enfants de jouets en plastoc…
Le Père Noël bougon de Raymond Briggs est quand même très étonnant et attachant. Même râleur, il est un bon vivant : il fume, il boit, il cuisine du pudding et il larve dans son canapé. Assez proche de la réalité, non ?

Sacré Père Noël est un album presque muet avec peu de textes mais facilement compréhensible pour les plus jeunes (qui n’en liront peut-être que le premier degré, mais et alors…). On glisse d’une case à l’autre sans difficultés et les détails sont amusants, même si on n’est pas britannique : le passage par le palais de Buckingham est assez mignon et un papa Noël qui engloutit du pudding plutôt que des tablettes Milka, et préfère boire de la bière et une cup of tea, avouez que c’est assez plaisant.

Raymond Briggs a publié cet album en 1973 ; il venait de perdre sa femme et ses parents (d’ailleurs, l’album leur est dédié). Devenu une référence internationale, cet album a même reçu la médaille Kate Greenaway en 1973. Ce prix d’illustration en littérature d’enfance et de jeunesse britannique fut créé en 1955 en souvenir de l’artiste Kate Greenaway et il récompense les meilleures illustrations des livres pour enfants et adolescents.

Un album à glisser sous le sapin pour petits et grands donc et à lire en écoutant le Père Noël d’Oldelaf et monsieur D (une version assez trash de Santa Claus).

Et si décidez d’être sympas avec vos enfants (« oui, oui, tu en as marre du papier, je te refile la tablette… »), une version dessin animé de l’album en VO non-sous-titrée est disponible sur YouTube :

———————————–

Raymond Briggs : Sacré Père Noël (Father Christmas)
Grasset Jeunesse, 2012
Première publication en Grande-Bretagne en 1973
Première publication en France en 1974
ISBN : 2246001188
11,90€