Elodie Emery est une journaliste qui n’a pas froid aux yeux. Au cours d’enquêtes sur l’incroyable engouement pour le développement personnel, elle a réussi à se faire blacklister par le Dalaï Lama himself. Dans un seul en scène du réel intitulé « Ceci n’est pas une religion », elle raconte cette longue aventure entre humour et révélations glaçantes. 

Elodie Emery a « perdu le sens de sa vie » à 25 ans. Elle travaillait alors au service marketing de L’Oréal. Dont elle démissionne en rentrant de vacances. Commence alors pour elle une série de questionnements sur le sens de la vie ou comment combler le vide de nos existences actuelles surbookées par le métro-boulot-dodo. Elle qui à 15 ans a flashé sur Blaise pascal se prend un grand retour de boomerang. Chômeuse à plein temps, elle ouvre un blog et se distrait alors comme elle peut de la vacuité de son existence. Elle cède comme une grande majorité de concitoyens aux sirènes du développement personnel : se met au yoga, qui ne change guère sa vie ; reçoit un câlin de la grande prêtresse Amma, sans pour autant voir sa vie changer de façon spectaculaire… Elodie Emery enchaîne les anecdotes sur cette quête du bonheur sans fin, avec beaucoup d’humour et une pointe de moquerie non dissimulée.

Devenue journaliste à Marianne, elle mène sa première enquête sur les stages de bien-être. Entre un stage chamanique dans le Gers et une rando-jeûne du côté d’Orléans, elle pointe avec détails et ironie les travers et faux-semblants de ces émanations du Wellness. Mais c’est lors d’un travail sur l’empire de la méditation qu’elle va découvrir un envers du décor bien moins rose et beaucoup moins drôle. Et contre toute attente, c’est chez les bouddhistes que ça se passe, plus précisément dans l’un des 373 centres bouddhistes installés en France. Elodie Emery part au Lérab Ling, centre de retraite bouddhiste tibétain, situé près de Lodève, à une heure de Montpellier. Un temple inauguré en grande pompe en 2008 en présence du Dalaï Lama, de représentants politiques français et de personnalités du showbiz. Elle y découvre un univers d’humiliations, de violences sourdes et des agissements incestueux de stagiaires entièrement validés par Sogyal Rinpoché alors directeur spirituel du temple.
Des témoignages lui parviennent ensuite confirmant des viols et agressions sexuelles au sein du temple et depuis de longues années. Elle réalise alors que le bouddhisme ne montre pas son vrai visage. Et que sous ses dehors de bonhommie, de sympathie, de paix et d’amour, ces gentils moines dans notre imaginaire occidental ne le sont pas vraiment. Et ont les mêmes travers que les autres religions.

Ce seul en scène du réel d’Elodie Emery est bluffant : elle dénonces des pratiques pénalement attaquables en justice avec humour et dérision, alternant images projetées sur un écran en fond de scène ou enregistrements audio. On plonge avec elle dans cet envers du décor et si on rit tout au long de la performance, on a aussi froid dans le dos quand elle évoque les méfaits de certains bouddhistes.

Un travail journalistique de longue haleine et de grande qualité qui encourage à la réflexion sur cet engouement phénoménal pour le développement personnel et la quête du bonheur ou du sens de l’existence à tout prix.

———————————————————————————————————————————————————

 

Mythos 2025

En savoir plus sur Elodie Emery et son travail chez Marianne : https://www.marianne.net/auteur/elodie-emery
Crédits photos : Elodie Le Gall : https://www.instagram.com/elodinosaur/