Mina Kavani a connu une enfance entre ombres et lumières en Iran. Son exil en France, s’il lui a apporté la liberté, la positionne entre deux territoires, deux univers parmi lesquels elle n’arrive pas à choisir. « I’m deranged » est un récit schizophrénique, mis en scène sans aucune concession. 

Dans l’obscurité du Vieux St Etienne, un visage se dévoile, celui de Mina Kavani. Enfant de la République islamique d’Iran, elle a connu deux vies en Iran. Une vie extérieure, entravée entre le port du voile et du sinistre uniforme dès ses 7 ans et où les interdictions sont nombreuses et complètement irrationnelles. Une vie intérieure, dans une famille d’artistes, rebelle, nostalgique de l’avant-Révolution, où cigarettes, opium, cheveux au vent et musique étrangère sont légion. Un « In & Out » souvent exprimé par les Iraniennes et Iraniens qui alternent en permanence entre une vie libre et sauvage versus une vie contingentée par la violence des mollahs.

Chez Mina Kavani, cette dichotomie est prégnante et s’y ajoute l’envers du décor d’un exil en France. Elle narre avec cris, colère et tristesse sa fuite de Téhéran. Partagée entre deux mondes. Elle qui voulait seulement respirer un peu, se retrouve seule, dans le calme et le froid, à Paris, une ville qu’elle a pourtant longuement fantasmée. C’était sa madeleine de Proust pour survivre à Téhéran. Téhéran dont elle reste nostalgique des odeurs et des rêves sans censure, où vit encore sa famille dont elle est privée à jamais.

« La réalité ne rend pas heureux. L’illusion rend heureux » : la schizophrénie de l’exil fait crier Mina Kavani, toujours en mouvement sur cette scène entre ombres et lumières, sous les décibels d’une musique hypnotique, douce ou oppressante. La voilà acculturée entre Paris et Téhéran, son statut d’immigré en France lui accordant une autre forme de violences. « Je voulais juste être une femme et respirer. Je voulais juste rire » : la voilà étrangère dans son pays d’accueil et prisonnière de son exil. Elle avoue ne plus vitre mais uniquement survivre depuis son arrivée au pays des Lumières.

« I’m deranged » est une autobiographie scénique façon uppercut. Mina Kavani incarne une schizophrénie brutale et aride du déracinement. Uniquement sauvée par la scène et les possibilités qu’elle offre : pouvoir rêver, danser et rire. Serait-ce le triumvirat d’un exil réussi ? Voilà en tout cas une petite lumière finale sur un océan de noirceurs vomi au préalable par l’actrice. Elle signe là un récit très personnel, pamphlet contre les privations de liberté en Iran et contre le difficile statut de réfugiée politique en France… Un uppercut qu’on espère tout simplement libérateur pour elle et ses tourments.

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Mythos 2025

En savoir plus sur Mina Kavani : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mina_Kavani
Un grand merci à Nico M Photographe pour le partage des photos : https://www.instagram.com/nicomphotographe/?hl=fr