Soirée l’Embellie @ salle de la Cité : 12 bonnes raisons d’espérer au printemps

Née d’une tragédie, la soirée L’Embellie organisée par Patchrock le vendredi 25 avril dans la salle de la Cité pourrait pourtant bien être le plus beau moment de ce printemps rennais. Frappée en plein cœur par le décès brutal de Stéphanie Cadeau l’an dernier, l’association n’organisera pas Les Embellies cette année, mais une unique soirée avec six groupes proches du festival, deux reformations inespérées et pas moins de quatre collectifs pour embellir les scènes et le lieu. Douze bonnes raisons d’espérer que ce moment unique soit d’abord un grand moment de joie.

Au printemps 2024, un accident brutalement absurde privait le monde de la présence de Stéphanie Cadeau. Productrice, organisatrice et programmatrice du festival Les Embellies, elle était le véritable cœur de l’événement en plus d’être une des plus belles personnes qu’on ait pu croiser sur les scènes rennaises au fil de nos aventures altérophiles. L’association Patchrock dont elle avait participé à la création en 1996, organisera le vendredi 25 avril une soirée à son image (plus qu’en hommage) solaire et généreuse. Un événement qui sera forcément riche en émotions, mais aussi débordant de joie.
Comme un besoin de faire le point avant de s’élancer vers de nouvelles aventures, on retrouvera durant cette soirée pas moins de huit groupes qui font tous partie de l’histoire du festival Les Embellies et donc de l’esprit musical libre et indépendant cher à Stéphanie.

Le premier retour de ce soir-là, ce sera la pop folk sensible de Kat White. Cette Rennaise ayant quitté l’Angleterre à ses 15 ans est une voyageuse qui ne souhaite pas visiter, mais chanter les lieux. Des lieux perdus, retrouvés. Lieux souffrants et soignés. Puisant dans ses expériences jazz, hip-hop, RnB ou brit-rock, au sein de Namas, The Erikson Project, Go Slowly, The Diggers ou Sarah Kay Trio, Kat White crée une poésie unique, emplie de sensibilité et d’émerveillement. Elle avait enchanté l’édition 2024 des Embellies avec son univers à fleur de peau et sa verve malicieuse. On gage qu’elle reviendra avec la ferme intention d’y donner le meilleur.

Autre artiste dont le festival des Embellies a été un fervent supporter et qui devrait elle aussi nous offrir une prestation mémorable : Lætitia Shériff. C’est bien simple, on aime tout chez cette grande dame : elle d’abord, mais aussi ses multiples collaborations et rencontres, ses projets parallèles et son goût pour les chemins de traverse… Nous vous avons vanté sur tous les tons les immenses qualités de ses indispensables Pandemonium, Solace and Stars (2014) et  Stillness (2020). De sa folle carte blanche aux Embellies 2024 à l’Ubu, en passant par le Jardin Moderne, le 6par4, les Vieilles Charrues ou dernièrement en sublime version septet avec cuivres sur la grande scène de l’Antipode (On en a des frissons rien que d’y repenser) nous avons suivi de près toutes ses aventures scéniques, souvent en (très bonne) compagnie du guitariste Thomas Poli (Dominique A, Montgomery…) et du batteur Nicolas Courret (Eiffel) mais aussi parfois en solo. Ce sera le cas pour cette soirée du 25 avril et on peut vous assurer qu’encore une fois, elle ne manquera pas de nous mettre dedans dehors en beauté.

Autre fidèle du festival, Sylvain Texier, après The Last Morning Soundtrack a d’abord officié au sein du groupe de post-rock Fragments. En 2018, il se lance dans Ô Lake un projet musical néo-classique aux influences pop. Ce projet nous avait littéralement enchantés lors des Embellies de 2018 comme de 2022. L’artiste y mêle astucieusement claviers et machines, délivrant une musique instrumentale et cinématographique teintée de mélancolie, entre piano solo et subtile electronica, et qui s’enrichit de multiples évènements sonores. Poétique, émouvante et toujours d’une sincérité désarmante, la musique de Sylvain Texier devrait, encore une fois, nous mettre le cœur à vif.

Juliette Divry alias Suuij est seule sur scène, mais c’est pourtant bien un duo entre sa voix ultra-sensible et son violoncelle aventureux qu’elle vous proposera. Vous avez peut-être déjà eu la chance d’entendre les cordes sensibles de cette violoncelliste au sein de Mermonte ou The Last Morning Soundtrack.  Parallèlement, la Rennaise creusait son sillon en solo sous le pseudonyme Suuij. Ce projet a fini par s’incarner dans Souffle Nu, un premier album sorti en avril dernier sur l’impeccable label Les Disques Normal. Ces onze titres d’une sensibilité extrême, entre murmure et orage, vous offrent une expérience sensorielle rare. Enregistré au plus près de son instrument et de sa voix dont on perçoit et ressent chaque détail sonore dans une intimité saisissante, le disque voyage entre minimalisme, volutes orientale et pop à fleur de peau. Sa prestation aux Embellies 2023 nous avait offert une singulière et sensible aventure musicale pleine d’émotions et de frissons. Risque de grands frissons encore une fois donc.

L’effet de contraste avec The Flying Bones devrait nous coller une bonne claque sur la nuque. Création de l’édition 2024 des Embellies le set de ce duo rock/garage aux influences éclectiques naviguera entre le rock psychédélique fuzz de Thee oh Sees, le vacarme organisé du math rock de Pneu et du zouk/rock de Francky Goes To Pointe-à-Pitre. Malgré un dispositif scénique épuré (une batterie, une guitare, quelques effets et leurs deux voix) ce mélange détonnant nous promet encore une fois un concert ample en énergie et généreux en déflagrations rock’n’roll. Pensez à un petit échauffement préalable, ça risque de bien secouer.

Autre groupe dont la proximité avec le festival est plus que forte, Yes Basketball fait aussi partie des groupes qui ne pouvaient pas manquer cette soirée. Né d’une blessure lors d’un match de basket ayant écarté de la scène quelque temps le prolifique batteur Pierre Marolleau (Fordamage, Fat Supper, We Only Said, My Name Is Nobody…), ce projet est d’abord le sien, celui des envies et des inspirations qui se sont concrétisées pendant cette parenthèse. Un premier album est paru le 13 novembre 2020 grâce aux efforts conjoints des impeccables les Disques Normal et À tant Rêver du Roi, il s’appelle Goodbye Basketball et ça a été une des plus belles bouffées d’air frais de cette foutue pandémie. On vous en a chanté à l’époque toutes les louanges qu’il mérite dans cette chronique. Le 7 février 2025 est paru, toujours sur les mêmes labels, Medium level le tout aussi réussi second volet des aventures de cette belle équipe. Composé lors de séances d’impros entre Pierre Marolleau, Yoann Buffeteau (Montgomery) et Jérémy Rouault (Bumpkin Island), le disque ressert le propos sans perdre l’esprit aventureux qu’on adore. On vous en a causé plus en détails dans notre podcast Music Machine de février. On a eu la chance de voir le trio plusieurs fois sur scène depuis et on peut vous assurer que les gars ont bien bossé sur leur version live. Attendez-vous donc à une prestation aussi sensible que débridée.

En plus de tout ça, cette soirée spéciale verra donc aussi la reformation de deux groupes qui ont marqué l’histoire des Embellies, mais aussi nos discothèques. Avant Mermonte, le meilleur groupe de pop du monde de Rennes s’appelait Montgomery. Formé en 2002 à Rennes, et composé de Benjamin Ledauphin (guitare/voix), Thomas Poli (guitare/claviers), Cédric Moutier (basse), Mathieu Languille (batterie) et Yoann Buffeteau (claviers/batterie), le groupe avait marqué les esprits avec son sens aventureux de la pop et deux albums : un premier sans titre en 2007 puis Stromboli en 2009. Ces deux disques audacieux, inventifs, délicieusement lunaires et surtout bourrés de tubes imparables en ont dérouté plus d’un mais aussi tellement marqué d’autres (dont nous faisons partie) qu’ils leur vouent depuis un culte déraisonnable. Le groupe avait élaboré un ciné-concert pour le Mad Max de George Miller en 2009 et fêté la sortie de leur mythique deuxième disque en 2009 pour les Embellies. Leur retour inespéré devrait être un des sommets d’émotions de cette très belle soirée qui n’en manquera pourtant pas.

Ils ont joué aux Embellies en 2013, 2014, avec une chorale pop de mômes en 2017, bâti un récit-concert sur Le Festin de Babette en 2021… il était donc fort logique que Bumpkin Island fasse aussi partie des présents. Au départ, le groupe est le projet solo de Glenn Besnard, ingénieur du son, qui a créé seul le premier album, Ten Thousand Nights en 2013. Le bonhomme a ensuite réuni pour la scène neuf personnes dont une partie formera un sextet après son départ vers d’autres aventures.  C’est cette nouvelle formation qui créera ensuite deux EP Homeworks #1 et #2 puis un second album All Was Bright en 2017. Cette seconde naissance a accouché d’un projet collectif à l’horizon musical démultiplié par ses six têtes. Pop orchestrale, post rock, electronica, leur univers musical vaste et élégant nous a charmé à chacun des concert auxquels nous avons assisté. On parie que leur magie devrait être particulièrement brillante ce soir-là.

Pour enrober tout ça avec classe, l’ambiançage de l’événement sera assuré par les sélections éclectiques et chaloupées de DJ POUSS-DISK.

On se souvient enfin parfaitement du soin particulier que Stéphanie Cadeau portait à l’aspect visuel. La bande s’est mis en quatre pour être à la hauteur de cet héritage. La décoration des scènes et de la salle sera donc assurée par un quatuor de très haute volée. Nous aurons droit aux folles créations de Grand Géant, aux projections sensibles de Vitrine en Cours, les lumières tout en volume de Panthère et O.D.A. dont on découvrira le travail. Autant dire qu’on va en prendre plein les mirettes.

L’Embellie aura lieu le vendredi 25 avril 2025
dans la Salle de La Cité
10 rue Saint Louis, Rennes
à partir de 19h30
Tarif location : 15 €
(réservations hautement conseillées)
Sur place : 17 €
et Sortir!: 7,50 €

Pour les affamé.e.s
le Food Truck « Caractère Breton » (crêpes et galettes)
sera présent le temps de la soirée

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