Alors que la fin d’année approche à très grand pas, on vous propose de se repencher sur les chouettes moments de 2023 dont on n’a pas eu le temps de laisser une trace écrite. La 25ème édition des Embellies nous a régalé du 4 au 6 mai 2023, avec une foule bigarrée et joyeuse de propositions de concerts en bars comme en salle. On a loupé la partie musique en troquet mais on revient rapidement (mais en images) sur les deux très belles soirées au Théâtre du Vieux Etienne les 5 et 6 mai 2023.
Le défaut de l’abondance d’excellents concerts sur Rennes et d’être un webzine associatif animé uniquement par des bénévoles, c’est que, trop souvent, on n’a pas le temps de rédiger un report écrit de très chouettes soirées. On poste bien quelques photos sur les zéros sociaux mais on a aussi eu envie de laisser une trace de ces très bons moments sur notre site. Nous vous proposons un retour rapide (mais en images) sur les meilleurs concerts de 2023 frappés par cette triste malédiction. On se mord les doigts de ne pas voir causer d’un festival qui nous est cher et dont l’édition 2023 nous a encore une fois ravi : Les Embellies. Malgré une programmation toujours aussi qualitative, le festival a particulièrement joué de malchance. Changement de salle, forfait de sa tête d’affiche… on ne peut pas dire que les astres étaient alignés pour l’asso Patchrock. Malgré cela, on garde un très bon souvenir de ces deux soirées et on tenait donc à revenir dessus même brièvement.
vendredi 5 mai : Seul.e.s en scène
On n’aura pas réussi à faire un tour dans la très belle programmation dans les troquets rennais de l’événement mais on a pu se rendre à deux reprises au Théâtre du Vieux Saint Etienne dont une première étape le vendredi 5 mai.
On y retrouvait Juliette Divry alias Suuij. Si la dame était bien seule sur scène, c’était pourtant bien un duo entre sa voix ultra-sensible et son violoncelle aventureux qu’elle nous proposait. Vous avez peut-être déjà eu la chance d’entendre les cordes sensibles de cette violoncelliste au sein de Mermonte ou The Last Morning Soundtrack. Parallèlement, la rennaise creusait son sillon en solo sous le pseudonyme Suuij. Ce projet a fini par s’incarner dans Souffle Nu, un premier album sorti en avril dernier sur l’impeccable label Les Disques Normal. On aime beaucoup ce disque d’une sensibilité extrême, entre murmure et orage, qui vous offre une expérience sensorielle rare avec un son au plus proche de l’instrument. Le live va largement être à sa hauteur. Seule sur une estrade ronde au centre d’un dispositif sonore qui nous enveloppe, Juliette Divry interprète avec une sensibilité à fleur de peau ses morceaux entre musique minimaliste, volutes orientales et pop ultra émotionelle. Malgré son généreux volume et ses murs imposants, le Théâtre du Vieux Saint Etienne se réduit au fil d’un concert en suspension en une bulle intimiste dont le cœur battant est l’interprète cernée par des lampes délicatement voyageuses. Merci à elle et aux Embellies de nous avoir permis de vivre cette singulière et sensible aventure musicale pleine d’émotions et de frissons.
Suite à l’annulation du second concert de Piers Faccini prévu initialement ce soir là (pour cause d’extinction de voix), c’est finalement le nantais Benoît Guchet alias Fairy Tales In Yoghourt qu’on retrouve. Seul aux commandes avec sa guitare et un bagout assez irrésistible, le bonhomme déploie avec une grâce pétillante sa musique entre pop et folk. Son jeu de guitare gracieusement aérien et sa voix virtuose et sensible nous charment d’autant plus qu’il déploie une implication totale et très physique dans ses interprétations. Merci à lui pour avoir assuré avec autant de classe ce remplacement de dernière minute.
La galerie complète de la soirée du vendredi :
Samedi 6 mai : Contrastes et bonne humeur
Poissard un jour, poissard toujours, la soirée initialement prévue dans la salle de la Cité a été déplacée suite à une décision de la mairie dans le théâtre du Vieux Saint Etienne. Ce n’est pas qu’on aime pas le lieux mais on garde un attachement indéfectible pour la Cité et son ambiance si chaleureuse quand toutes les conditions y sont réunis. La qualité et la variété de ce samedi vont vite nous faire oublier ces considérations.
Ça démarre de façon joliment pétillante avec la pop malicieuse et chaloupée de Clair. Première signature de Maison Magique, nouveau label de Philippe Katerine, la demoiselle l’a accompagné comme choriste et danseuse sur ses tournées. De leur complicité est né La Maison Magique, un premier album regroupant 12 titres écrits par Katerine dont vous avez peut être déjà pu apprécier la délicieuse légèreté et l’humour de Tout est dans la tête ou Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui tournent en rotation intensive sur les playlists de Radio France. Les compositions iconoclastes et à la nonchalance colorée sont parfaitement servies par la voix de velours de la dame et ces trois acolytes aussi délicieusement flegmatiques que précis. On a donc droit un très chouette moment de pop funky, solaire et décalée qui nous colle le sourire aux lèvres et des fourmis dans les guiboles dès cette entame de soirée.
On retrouve ensuite une habituée du festival. Vous avez surement déjà pu apprécier la voix céleste et les talents de multi-instrumentiste d’Astrid Radigue au sein de Mermonte, Bacchantes, Combattants… et on en passe. On la retrouve cette fois en solo sous le pseudo raccourci Astrid Rad avec un projet de nouveau soutenu en résidence par Les Embellies. Elle y laisse libre cours à ses amours soul, nu soul, RnB, gospel, et pop hybride pour un projet au plus proche d’elle même. Parfaitement accompagnée de Pierre Marolleau à la batterie, de la guitariste et bassiste Marine Quinson et de Martin Feuvrais aux claviers et machines, elle nous offre un set en équilibre entre pop sensible et R’n’B délicieusement chaloupé. Elle est rejointe en court de concert par les deux superbes voix de ses complices de Soulful Singers qui font délicieusement monter en puissance et en chaleur ces compositions. On avoue tout de même préféré la dame sur des terrains plus rock, on attend d’ailleurs avec un grande impatience le second disque de Bacchantes, mais on garde un très bon souvenir de ce moment de revigorante communion.
Pour conclure cette édition en apothéose rien de mieux que le retour sur Rennes des épatants Peter Kernel. Le duo/couple/plus couple suisso-canadien composé d’Aris Bassetti (guitare, voix, design graphique) et de Barbara Lehnhoff (basse, voix, réalisatrice des clips et également Camilla Sparksss en projet electro solo) revient avec un énième nouveau batteur. Comme d’habitude avec Peter Kernel, on est en équilibre instable entre port nawak et explosion rock à souhait. Ils causent (trop), règlent leur compte, se balancent des private jokes, invitent le public sur scène un nombre incalculable de fois mais quand ils nous balancent aussi en pleine face leur art-rock fougueux, direct et irrésistible, plus personne ne pinaille. Autodérision, présence désarmante, générosité, malice, prestation intense et ping-pong scénique blagueur des deux zigotos, Peter Kernel nous a encore délicieusement collé le tournis.
On termine donc cette édition un grand sourire aux lèvres et on donne rendez-vous aux Embellies en 2024 en leur souhaitant moins de poisse. Le festival a déjà annoncé pour leur prochaine édition du 26 au 28 avril 2024, le retour sous chapiteau de leurs amis de longue date Les Ogres de Barback qui fêteront sous chapiteau les 20 ans de Pitt Ocha. On gage que ça servira de porte-bonheur.
La galerie complète de la soirée du samedi :