Cette année encore le plus malouin des festivals présente sa collection été avec une programmation une nouvelle fois plus qu’intéressante.
Et pour une fois, ceux qui travaillent pourront en profiter jusqu’au bout puisque le festival se déroulera du 12 au 14 août et se finira dans la nuit du 15 août (férié, on le rappelle !).
Il ne vous reste donc plus qu’à hésiter entre vos lunettes de soleil hipster et vos bottes en caoutchouc (faut prévoir…), et à rejoindre les rangs des aficionados du festival.
Retrouvez tous nos articles sur La Route du Rock 2011 :
- Route du Rock – Low : « Personne n’aime travailler avec ses parents »
- Route du Rock 2011 – Paroles de bénévoles
- Route du Rock 2011 : interview des reponsables des bénévoles
- Route du Rock – Electrelane : « Revenir ici, c’est génial »
- Route du Rock – DAN DEACON : « Mais qu’est ce que vous avez tous à me parler de boue ? »
- Route du Rock – Et pour toi, c’était comment ? Paroles de festivaliers.
- La Route du Rock 2011 : Bilan en images
- Route du Rock 2011- dimanche et les renards sous la lune
- La Route du Rock 2011 : les photos du dimanche
- Route du Rock 2011 – Le Palais : Other lives, Other festival
- Route du Rock 2011 : carte postale #4
- Route du Rock : samedi pluvieux, samedi heureux
- La Route du Rock 2011 : les photos du samedi
- Route du Rock : interview d’Etienne Jaumet
- Route du rock 2011 : carte postale #3
- Route du Rock : un vendredi réussi !
- La Route du Rock 2011 : les photos du vendredi
- Route du rock 2011 : carte postale #2
- Route du Rock : interview des SUUNS
- La Route du Rock sur Arte Live Web
- Route du rock : Electrelane – je t’ai tant aimé…
- Route du Rock 2011 : carte postale #1
- Low à la Route du Rock – La rage se dissimule dans la douceur
- The Kills sous pression à la Route du Rock
- Suuns : sombre éclaircie sur Le Fort St Père
- Sebadoh à la Route du Rock : fleurir à l’ombre du dinosaure
- Pourquoi faudra-t-il encore se coucher tard à la Route du Rock ?
Quatre lieux, quatre ambiances :
Côté lieu, l’imperturbable et champêtre Fort Saint Père (qui a parlé de boue ?) est comme à l’accoutumée réquisitionné pour accueillir les rockeurs du monde entier, avec semble-t-il, une petite nouveauté : une nouvelle scène a été ajoutée. Dite « de la tour », celle-ci sera située vers la haute tour de retours-sons (d’où son nom, on imagine) et accueillera seulement un seul concert chaque soir (Etienne Jaumet le vendredi, Dirty Beaches le samedi et Dan Deacon le dimanche). Au même endroit, les djs habituellement placés à gauche de la scène réchaufferont l’ambiance entre les concerts. Les plages de St Malo (tous les jours), le Palais du Grand Large (le samedi et le dimanche) et l’Escalier club (dancefloor le vendredi avec le génialissime Gesaffelstein et Brodinski, plus expérimental le samedi avec Cheveu) seront réquisitionnés, histoire de profiter des embruns salés de la cité corsaire de nuit comme de jour.
Des après-midis les doigts de pieds en éventail
Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 14h30, c’est tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours avec des dj sets d’Ethel dès 14h30 puis de Hip Hip Hip le vendredi, de Records Makers le samedi et Domino le dimanche avant de vous étirez tranquillement sur votre serviette de plage au son de lives plus que prometteurs. Botibol commencera le vendredi par vous filer le sourire avec ses mélodies pop-folk ensoleillées. Le lendemain vous pourrez piquer une tête en compagnie de l’électronique expérimentale de Turzi en solo (Turzi Electronique Expérience) avant d’enchaîner les brasses et les dos crawlés au son de la pop frenchy de François &The Atlas Mountains le dimanche.
Si vous détestez les grains de sable qui grattent entre les orteils, vous aurez tout de même une belle alternative sur le parquet de la rotonde face à la mer et dans les fauteuils moelleux du Palais du Grand Large. D’abord le samedi dès 14h30 avec Christophe Brault, qu’on ne présente plus ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier bondissant et passionnant) qui se chargera de retracer en deux heures (ça ne va pas être facile) l’histoire du label Warp. Après avoir été à l’avant-garde de l’IDM (intelligent Dance Music) avec notamment Aphex Twin (qui sera présent au Fort) et une bonne partie de la crème des musiciens électroniques expérimentaux (Plaid, Autechre, Boards of Canada, excusez du peu), le label a amorcé un virage réussi avec des sorties plus éclectiques mais souvent passionnantes (Grizzly Bear, Battles, Flying Lotus, Broadcast, Jamie Lidell, Gonjasufi, Prefuse 73 ou Brian Eno, on en passe et des meilleurs…). Christophe nous aidera donc à y voir plus clair.
Ensuite le dimanche verra le retour des concerts au Palais. Comme l’an dernier, les raisons économiques (entendez la perte d’un gros sponsor) obligeront la Route du Rock à ne proposer qu’un seul après-midi de concert au Palais du Grand Large (contre les trois après-midis les années fastes avec des découvertes belles à pleurer). Mais l’organisation continue à tabler sur l’émotion. Le lieu est en effet assez magique : de gros fauteuils moelleux, une acoustique feutrée ou une écoute attentive de la part du public en font généralement un écrin parfait pour de belles découvertes et des moments riches en frissons musicaux. Cette année, Josh T. Pearson, l’ancien leader de Lift To Experience qui avait déjà donné de la voix l’an dernier sur les remparts du fort, avait déjà envoûté ses auditeurs rennais lors d’un concert plein de poésie mystique au printemps. On imagine que la scène du Palais sera un nouvel écrin parfait pour la folk recueillie et désespérée du Texan.
Tout aussi folk, les américains d’Other Lives devraient tout autant emporter les suffrages : mélodies aériennes, envolées chorales et guitares à la fois galopantes et cristallines, c’est du moins ce qu’en laissent penser les quelques titres écoutés. Autre américaine présente sur les planches du Palais malouin : Chelsea Wolfe. Sur son album The Grime and the Glow, la jeune femme alterne entre un jeu âpre et acéré sur une guitare électrique et des ambiances plus mélancoliques à la guitare acoustique. Même constat pour le chant qui se balade entre aridité rock et spleen à la Cocteau Twins. On ne sait pas trop ce que cela peut donner en live, mais la variété et l’éclectisme que la jeune femme sur disque donnent envie d’en savoir davantage.
Le Fort St Père : un bastion pop-rock-électro-indie
Au niveau musical, les soirées du Fort St Père nous offriront des valeurs sûres avec l’électro d’Aphex Twin (oui, vous avez bien lu !), les guitares post-rock de Mogwai ou Sebadoh le vendredi 12, mais aussi de belles découvertes avec les épatants Suuns, entre rock et électro, et Etienne Jaumet ou parfois plus confidentielle avec Anika (avec les musiciens de Beak>, tout de même, le side-projet de Geoff Barrow des Portishead). Pour notre part, on sera aussi ravi de ré-entendre les quatre filles d’Electrelane, après un silence et une séparation de plus de 3 ans et demi.
Le samedi, on retrouvera plusieurs habitués du festival. On se souvient notamment de la venue des Blonde Redhead sous un orage diluvien (non, ce n’était pas l’année dernière) et des éclairs striant le ciel. On espère que le trio à la sensibilité exacerbée et aux mélodies entêtantes aura plus de chance cette année. Autre retour mais à une nouvelle saison, qu’on attend avec impatience : celui du slowcore mélodique et habité de Low. Nouveau bassiste, mais toujours Mimi et Alan qui vous filent les yeux humides en quelques secondes avec leurs voix belles à se damner. Le blues rock du duo des Kills devrait lui aussi une nouvelle fois faire bouger le Fort comme lors de leurs précédentes venues. On est aussi très heureux d’entendre Battles live : les New-Yorkais débarquent avec un second album (Gloss Drop) couvert de louanges et une réputation scénique de feu. Leur math-rock atmosphérique et aventureux, rehaussé à grandes louchées de synthés, risque bien de mettre le feu au fort. Et pour ceux qui préfèrent la pop un peu sixties, fort à parier que les Cults leur donneront des raisons de se déhancher. Enfin, pour les découvertes, il faudra ne pas arriver trop tard : Still Corners ouvrira la journée du samedi avec sa pop atmosphérique, tout comme Here we go Magic tout aussi pop mais beaucoup plus ensoleillé et brillant le dimanche.
Peu connus également le dimanche, la folk devenue lyrique d’Okkervil River et le side-project du chanteur de The Horrors, Cats’Eyes duo entre pop symphonique et b.o. sixties avec Rachel Zefira. Mais pour les amateurs de folk choral, c’est bien sûr la tête d’affiche Fleet Foxes qu’il ne faudra pas manquer : arrangements subtils, voix entremêlées, la musique des américains devrait adoucir les rockers du Fort en un tour de chœurs aériens. Suivront les Crocodiles dont la prestation aux Trans ne nous avait pas esbaudis à l’inverse de l’avalanche critique dithyrambique que le groupe a su susciter. On leur donnera une nouvelle chance sur la scène de la Route du Rock. Et puis on vous l’a dit, mais cette année, on va se coucher tard : la clôture du festival avec l’électro lunaire et percutante à tête chercheuse de Mondkopf nous emmènera jusqu’au bout de la nuit.
La dernière question en suspens, finalement, reste celle de la météo…
________________________________
Le site de la Route du Rock : http://laroutedurock.com/wordpress/