Alison Mosshart aka VV et Jamie Hince aka Hotel se sont rencontrés en 2000 alors que chacun faisait partie d’un groupe (respectivement Discount et Scarfo). A la faveur d’un premier EP Black Rooster, The Kills va sortir son premier album Keep On Your Mean Side deux ans plus tard sur Domino Records, refusant les sollicitations des majors. Une attitude en phase avec une musique mélangeant blues crasseux, rock garage et énergie punk en retenue. Ils vont être immédiatement comparés aux White Stripes pour la formule du duo et le son produit.
A base de compos lo-fi, d’une guitare aux riffs lourds et poisseux, et d’une boîte à rythmes minimaliste, The Kills impose rapidement un style qui leur est propre. Le superbe et dépouillé Monkey 23 fera d’ailleurs office de générique de fin du film De battre mon coeur s’est arrêté.

Leur deuxième album, No Wow, sorti en 2005, est encore plus épuré, avec des silences qui pèsent autant que la musique. En 2008, Midnight Boom annoncera un léger virage dans la production musicale du duo, avec notamment des compositions plus riches.

Ce virage se confirme avec ce dernier album, Blood Pressures, sorti en avril 2011. On retrouve au détour des morceaux une basse, des cordes et un piano. Avec mêmes quelques percussions africaines, héritage de l’enfance de Jamie en Afrique du Sud et au Swaziland. Cette nouvelle richesse instrumentale est née d’une volonté de poser des sons sur les silences originels qui figuraient dans leurs premières compos.

On retrouve donc des titres avec une rythmique d’inspiration africaine, mais aussi un côté pop surprenant (Baby Says) et même une ballade au piano (The Last Goodbye). Mais le mélange de punk-blues et de rock garage est toujours présent, avec l’hypnotique Future Starts Slow et Satellite qui rappelle la noirceur des débuts. Et ce chant si particulier d’Alison et de Jamie, renforcé par le jeu de guitare nerveux de ce dernier.

Certes, le duo a récemment fait parler de lui pour autre chose que la musique : entre le mariage médiatique de Jamie avec Kate Moss, et les photos de mode à coup de contrats publicitaires juteux, on pourrait croire que le duo renie une attitude refusant toute compromission.
Mais la première écoute de Blood Pressures semble prouver le contraire : peut-être que la qualité de réalisation de cet album (qui bénéficie d’une excellente production) devait passer par la recherche de financements moins « rock » en cette période délicate pour la production musicale. A eux de nous prouver sur scène qu’ils n’ont rien perdu de l’urgence blues-punk de leurs débuts…

The Kills, samedi 13 août à 00h55 au Fort Saint-Père.

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