Toujours nouveau, c’est un mantra auquel l’équipe des Rencontres Trans Musicales tient ferme. On fête la 46ème édition du festival rennais et comme chaque année, on découvre une multitude d’artistes et de projets particulièrement singuliers au cœur de la programmation. On retrouve une affiche une nouvelle fois marquée par l’inébranlable volonté de brouiller toujours les frontières (voire de les annihiler complètement), qu’elles soient musicales, géographiques, culturelles,… afin de permettre réellement les rencontres, ainsi que le nom du festival l’a toujours revendiqué.
Deuxième soirée aux Trans Musicales : une immersion grandiose au parc expo
Pour cette deuxième soirée de concerts, le parc expo a ouvert ses portes avec une configuration complète avec 4 halls musicaux. En remplacement du Hall 9, c’est le gigantesque Hall 5 qui a pris le relais pour héberger les performances les plus attendues du week-end.
La particularité de la nouvelle scène du Hall 5 ? Une avancée spectaculaire permettant aux artistes de se rapprocher encore plus du public. Deux imposants bras mécaniques télécommandés, diffusant lasers et fumée, viennent compléter ce dispositif impressionnant. La scénographie lumineuse soignée laisse une empreinte visuelle forte, faisant de cette édition des Trans Musicales une expérience mémorable.
Le décor étant planté, plongeons sans plus attendre dans le récit de cette soirée inoubliable et la présentation des groupes qui ont marqué ce deuxième jour de concert.
MARS O10C – Hall 2 Green Room
La Green Room a ouvert ses portes avec l’artiste Mars 01OC. Malgré un hall quasiment vide, iel a distillé un son groovy oscillant entre ambient downtempo et bass music. Un.e artiste qui aurait mérité bien plus de public pour un set aussi efficace que minutieusement construit. Une prochaine fois, peut-être. Il n’est jamais facile de se produire dès l’ouverture de la soirée.
The Family Battenberg – Hall 4
Le groupe gallois The Family Battenberg a ensuite ouvert le Hall 4 avec un set parfaitement rodé. Leur prestation respire le rock psychédélique, mêlant envolées de batterie et riffs de guitare endiablés. Le chanteur sait mettre l’ambiance, entraînant le public dans l’univers musical du groupe.
Malgré son jeune âge, ce groupe affiche une grande maturité, tant dans sa musique que dans son approche de la scène. Il va falloir compter sur eux dans les années à venir, sans aucun doute. Un groupe promis à faire parler de lui.
Les musiciens excellent dans leur art, et cela se ressent : ils s’amusent et vivent pleinement la musique qu’ils produisent. Comme pour d’autres formations, on aimerait les revoir dans des salles ou clubs plus intimistes, où l’on pourrait pogoter et ressentir de près la chaleur de leur public.
22Carbone – Hall 5
Venu tout droit de la cité phocéenne, ce groupe de rap est l’un des seuls de la programmation qu’on avait déjà dans notre playlist avant le festival. Un rap new school sans tomber dans la new wave, difficile à caractériser tant il est sombre et ciselé. Les productions électroniques, très froides, incluent notamment un morceau signé par le génial Laurent Garnier. Certains les comparent à Dope D.O.D pour le côté électronique, mais leur style est encore plus singulier à nosyeux.
Sur scène, le chanteur et son backeur, vêtus de combinaisons de moto façon Mad Max, occupent parfaitement l’espace, accompagnés d’un DJ en arrière-plan dans une formation classique. Le set est rythmé, carré, et témoigne d’un sérieux travail de répétition. Bien que jeune, ce groupe dégage déjà une impression de grande professionnalisation.
Un groupe à suivre de très près.
Kaba & Hyas – Hall 5
Kaba & Hyas : cette alliance entre un MC et un producteur nous a complètement surpris. À la première écoute de la programmation, leur style two step/house/rap nous avait d’abord avait laissé dubitatifs : un poil répétitif… Quelle erreur de jugement ! En live, nous voilà totalement captivés pendant tout le set. Certes, leur musique est répétitive, mais terriblement efficace, à la manière d’un morceau de jungle qui tourne en boucle, mais donne une envie irrésistible de danser frénétiquement sans s’arrêter.
La prestation des deux jeunes artistes est une montée d’énergie sans répit. Les transitions s’enchaînent sans pause, maintenant une intensité constante. C’est du rap de club, taillé pour faire bouger les têtes et turn up sur le dancefloor.
Le MC, charismatique, ponctue le show de petits pas de danse avec cette nonchalance propre à beaucoup de rappeurs. Il joue avec le public, réussissant à entraîner toute la salle avec lui. Leur performance a été un vrai succès, et c’est un exploit, car le public des Trans Musicales peut parfois être difficile à séduire.
Un grand bravo à eux !
Ivo Dimchev – Hall 8
Cela devait être un des points d’orgue de cette soirée, mais cela s’est transformé en douche froide. Le Bulgare Ivo Dimchev, connu pour son excentricité et ses costumes spectaculaires, est arrivé sur scène… seul, avec son piano et ses machines. Pas de décoration, pas de scénographie. Lui qui, à travers ses clips et différents lives, nous avait habitués à un univers haut en couleur et visuellement époustouflant, a offert une performance minimaliste, presque austère.
Certes, sa voix est superbe, mais cela ressemblait davantage à une simple écoute d’album en live. Il manquait ce « plus » attendu par beaucoup. Une réelle déception pour le public, qui espérait bien plus de flamboyance et d’intensité scénique.
Sans groupe pour l’accompagner et sans mise en scène pour habiller ses morceaux, il s’est retrouvé bien seul sur une scène désespérément vide, et son immense talent vocal n’a pas suffi à combler ce manque.
Roszalie – Hall 5
Ces Frenchies n’ont plus besoin de faire leurs preuves, du moins pas pour nous. Nous les avions déjà vus il y a plus d’un an, et c’était déjà une véritable claque. Ce live n’a fait que confirmer la puissance de leurs performances live. Leur électro, d’une production soignée, s’appuie sur de grandes vagues de synthés et de machines analogiques, créant une expérience sonore à la fois intense et immersive.
Scéniquement, c’est un régal. Le plateau regorge de machines, avec des câbles qui jaillissent dans tous les sens et des claviers en pagaille, évoquant des groupes comme Atoem. Ces musiciens sont de véritables ingénieurs du son, triturant et bidouillant leur matériel pour en extraire des sonorités uniques et marquantes.
Le tout est soutenu par une batterie percutante, mise en avant au centre de cette formation en trio, ajoutant une dynamique irrésistible à leur prestation. C’est beau, c’est puissant, et c’est parfaitement exécuté.
Un groupe à voir et écouter sans tarder !
Def Mama Def – Hall 8
Ces deux chanteuses et performeuses de Dakar sont, pour nous, la véritable révélation de ce festival. Accompagnées d’un groupe haut en couleur et de rythmiques saccadées et chaloupées, elles ont enflammé la scène. Vêtues de combinaisons léopard moulantes, elles se sont lancées dans un show d’une heure endiablé, passant du hip-hop au R&B, en explorant aussi l’électro, le tout sublimé par des sonorités et rythmes sénégalais.
Ce groupe est taillé pour les grandes salles et les festivals. Elles chantent, elles dansent, et elles le font avec une telle énergie qu’il n’y a rien de plus à dire. Elles savent tout faire. De véritables performeuses et artistes, au sens brut du terme.
Il faut vivre cette expérience pour comprendre la rage et la ferveur qui émanent de ce groupe, prêt à faire danser les gens jusqu’au bout de la nuit.
Yard – Hall 4
De l’électro noise garage Irlandais, voilà qui semblait intéressant sur le papier, surtout quand on le classe entre des influences comme Death Grips et Nine Inch Nails. Malheureusement, cela ne nous a pas du tout emportés. Le son était assez dissonant et fouillis, et parfois la voix avait du mal à s’harmoniser avec la musique. Les seuls moments appréciés étaient ceux où ils poussaient les curseurs au maximum, tout en hurlant, ce qui apportait une dimension très intéressante à leur musique, à la frontière du garage, de la techno et même du hip-hop par moments.
Ce groupe a du potentiel, mais il leur manque cette petite étincelle pour rendre leur performance vraiment captivante.
Baraka (Pureblast) – Hall 5
Pour clôturer cette soirée de vendredi, nous avons attendu l’arrivée sur scène des Français de Baraka, récemment renommé Pureblast à la suite d’une sombre histoire juridique avec un autre groupe portant le même nom. Nous avons bien fait d’attendre aussi tard dans la nuit, car ce duo, composé d’une chanteuse et d’un DJ, nous a offert un set oscillant entre DnB, house et trance. L’esthétique, à la fois minimaliste et efficace, se dévoilait avec une chanteuse baignée dans une pluie de lumière et un DJ portant cagoule et lunettes de soleil, accompagné de ses claviers et machines.
Le résultat ? Une ambiance gothique et froide, créant une atmosphère sombre, digne des meilleurs clubs de techno ou de trance. On a été emporté par leur univers hypnotique, rythmé et envoûtant, qui nous rappelait des groupes comme Prodigy, avec cette électro parfois à la frontière du punk, tant dans l’esthétique que dans les sonorités.
Espérons que leur changement de nom n’affectera pas la dynamique et la hype qui entourent ce groupe. En tout cas, Pureblast est définitivement un groupe à revoir prochainement.
En résumé, cette deuxième soirée des Transmusicales a une nouvelle fois prouvé la diversité et la richesse de la programmation. Si certains concerts ont tenu toutes leurs promesses avec des performances mémorables, d’autres ont créé un contraste plus mitigé, laissant place à une réflexion sur les attentes et la préparation des artistes. Néanmoins, l’énergie et l’engouement du public sont restés indéniables tout au long de la soirée. Le Parc Expo, avec sa nouvelle configuration, a offert une belle scène pour des groupes aux styles variés, des sonorités expérimentales aux rythmes plus traditionnels, offrant ainsi à chacun une expérience unique. Il est désormais évident que cette édition des Transmusicales continue de se faire une place de choix parmi les grands festivals.
Rendez-vous pour le report du samedi très prochainement pour la suite de cette aventure musicale !
Retrouvez toutes nos photos et articles sur cette 46ème édition des Trans Musicales au Parc Expo ici
46ème Rencontres TransMusicales – Du 4 au 8 décembre 2024 à Rennes