Toujours nouveau, c’est un mantra auquel l’équipe des Rencontres TransMusicales tient ferme. On fête la 46ème édition du festival rennais et comme chaque année, on découvre une multitude d’artistes et de projets particulièrement singuliers au cœur de la programmation. On retrouve une affiche une nouvelle fois marquée par l’inébranlable volonté de brouiller toujours les frontières (voire de les annihiler complètement), qu’elles soient musicales, géographiques, culturelles,… afin de permettre réellement les rencontres, ainsi que le nom du festival l’a toujours revendiqué.
Troisième et dernière soirée au parc expo
Dernière ligne droite pour cette soirée du samedi au Parc Expo, réputée comme la plus animée des TransMusicales. C’est souvent la soirée la plus dense, où l’ambiance atteint son apogée et où l’on danse jusqu’à l’aube au rythme des musiques venues des quatre coins du monde. Retour sur une soirée magique et pleine de surprises.
Friedberg
Nous débutons avec Friedberg, un véritable grand nom de la pop en devenir. Leur performance est impeccable, élégante et portée par une chanteuse solaire qui illumine la scène. Le public est immédiatement séduit, embarqué dans des ballades à la fois sucrées et entraînantes. Ce groupe, composé de quatre musiciennes talentueuses, possède tous les atouts pour briller. Leurs compositions originales et leur capacité à graver des mélodies dans nos esprits rappellent la force des grands groupes pop. Une chose est sûre : leur prochain passage à l’Antipode en mars est déjà un rendez-vous à ne pas manquer.
Howie Lee
Howie Lee entre en scène, seul face au Hall 5 bondé de monde. Pas de scénographie élaborée, simplement lui, ses machines et son micro. Sa musique électronique, complexe et organique, avait cependant du mal à trouver sa place dans cet immense espace froid. Loin des montagnes tibétaines qui ont inspiré son œuvre et de la sérénité qu’elles évoquent, cette performance introspective semblait étrangère à l’ambiance industrielle du lieu.
Ce type de musique, profondément spirituelle, aurait mérité un cadre plus intimiste, propice à la communion et à l’écoute attentive. On l’imagine bien se produire dans des lieux tels que l’Ubu ou le Jardin Moderne, où l’atmosphère se prêterait davantage à la contemplation et à l’émotion.
Mitsuné
Mitsuné était sans doute l’un des groupes les plus attendus du festival, tant pour leur musique que pour leur scénographie et leurs costumes. La communion avec le public rennais a été parfaite, créant un moment haut en couleur. Le groupe revisite avec brio l’art ancestral du Shamisen, lui offrant une nouvelle vie en y mêlant modernité et tradition. Les costumes, sublimes et éclatants, jonglent entre le Japon classique et des influences pop culture contemporaines. Entre kimonos traditionnels et touches de « furry », c’est un véritable spectacle pour les yeux. Musicalement, c’est d’une grande finesse, parfaitement exécuté, et le résultat est à la hauteur des attentes. Rien à redire : ce groupe a tout pour marquer les esprits et laisser une empreinte durable. Hâte de les recroiser, car il est certain que Mitsuné fera beaucoup parler d’eux grâce à leur singularité et leur originalité.
Delaurentis
Sur le papier, l’idée semblait prometteuse : une électro inspirée de la musique classique, associée à un concept autour de la perception et de la synesthésie. Pourtant, dans les faits, la performance s’est avérée décevante et monotone. Le concept, intéressant en soi, rappelait celui de Colors, qui associe une couleur à un style musical pour enrichir l’expérience auditive. Cependant, sur scène, cette recherche ne transparaissait pas suffisamment. La scénographie rudimentaire n’a pas permis de traduire cette dimension expérimentale, surtout pour un public qui n’était pas forcément familier avec l’idée de départ.
Le résultat : une prestation qui, malgré son potentiel, peinait à captiver et à marquer les esprits. Première petite déception de ce dernier soir aux TransMusicales, un rendez-vous manqué pour un projet qui méritait peut-être un cadre plus adapté pour pleinement s’exprimer.
Mac & Wester
Nos chouchous rennais ont littéralement enflammé la Green Room. Pour la première fois du week-end, à notre connaissance, la salle était bondée au point qu’il fallait se frayer un chemin pour trouver sa place sur ce dancefloor géant. Une véritable communion et une consécration pour ce jeune duo électro, oscillant entre French Touch et New Wave.
À l’image d’Atoem récemment, Mac & Wester s’impose déjà comme un groupe sur lequel il faudra compter dans les années à venir. Leur set, parfaitement construit, a offert une montée en puissance durant l’heure de show, culminant dans un final apothéotique qui a fait danser et transpirer une salle entière. Chaque détail semblait millimétré, témoignant d’une maturité impressionnante pour un groupe si jeune.
Nous ne pouvons que vous recommander de suivre de près cette jeune garde rennaise, qui commence à redonner à notre ville ses lettres de noblesse, après quelques années d’accalmie sur la scène locale.
Yannis & The Yaw
Attention, cette formation est d’un calibre exceptionnel, réunissant des membres de Foals, Gorillaz, Air, et Poni Hoax. C’est l’histoire d’une rencontre entre le regretté Tony Allen et Yannis Philippakis (chanteur de Foals), qui a donné naissance à ce projet musical magnifique.
Tony Allen aurait sans aucun doute été fier de cette prestation : c’était beau, puissant et musicalement irréprochable. Le groupe dégage un esprit jam totalement maîtrisé, porté par des artistes qui excellent dans leur art. Une formation taillée pour enflammer les festivals et les stades.
C’est à la fois classe, jazz et soul, un véritable bonheur pour les amateurs de groupes multi-instrumentistes. Une expérience musicale à voir et écouter sans modération.
Fcukers
Présentés comme les « cool kids » incontournables du moment aux États-Unis, Fcukers n’ont malheureusement pas confirmé cette réputation lors de leur passage aux Trans Musicales. Leur prestation, bien que sympathique, n’a rien apporté de réellement nouveau ou marquant.
Souvent comparés à LCD Soundsystem, ils en sont encore loin. Leur musique, pourtant efficace et dansante sur album, manque sur scène du grain de folie qu’on attendait d’un groupe qui fait tant parler de lui outre-Atlantique. Leur attitude nonchalante et leur performance trop timide n’ont pas su convaincre le public, surtout pour un genre musical qui appelle à une énergie dévastatrice.
Espérons les revoir prochainement, avec plus de maturité et d’audace.
Gallowstreet
Une fanfare ? Un brass band ? Une meute ? Difficile de catégoriser Gallowstreet, tant ce groupe ne ressemble à aucun autre. C’est un savant mélange entre l’énergie débridée d’un brass band et la puissance d’une fanfare gigantesque. Visuellement, c’est grandiose : des cuivres partout, des musiciens qui occupent l’espace avec une énergie communicative, et un véritable spectacle sonore et visuel. Leur prestation est une explosion de rythmes et de mélodies qui vous emportent sans laisser de répit.
Gallowstreet, c’est l’art de mêler cuivres, cordes et voix, avec des influences qui passent par le jazz, la funk et des sonorités plus urbaines. Une performance vibrante qui donne envie de danser jusqu’à épuisement. Des cordes et des voix, nous direz-vous ? Eh oui, pour cette date, le groupe avait fait appel à une section de cordes et un chanteur, ce qui a ajouté une dimension encore plus grande à cette musique dansante et chaleureuse.
c’est une grand OUI et on en redemande.
Faizal Mostrixx
Faizal Mostrixx a enchanté la Green Room avec une performance alliant danse contemporaine et DJing. Son set, un subtil mélange d’électro tribal et d’afro-futurisme, était à la fois envoûtant et frénétique. Interprété et dansé par lui-même, il a transporté le public dans une trance irrésistible et saccadée. La scénographie, simple mais efficace, a suffi à conquérir la salle, qui s’est immédiatement mise à danser. Une expérience à vivre absolument en concert.
Internet Girl
La fermeture des Transmusicales pour nous s’est faite sur Internet Girl, et quelle excellente décision ! Ce groupe sud-africain est une véritable bouffée d’air frais dans un genre punk en quête de renouveau. Le chanteur, ultra charismatique, délivre une prestation bien plus percutante qu’en studio. Ils ont la rage de prouver sur scène, et cela se ressent : c’est survitaminé, un véritable coup de poing dans l’estomac. Si le punk pouvait emprunter cette voie, ce serait une révolution. Original et incroyablement moderne, leur son redéfinit les codes d’un genre souvent ancré dans ses traditions, offrant une bouffée d’air neuf dans la scène électro-punk.
Fermeture de cette 46ème édition des Trans Musicales
La 46e édition des TransMusicales a été un véritable tourbillon musical, avec une programmation aux petits oignons. Le festival a su combiner découvertes et performances, offrant une expérience en constante évolution, du début à la fin. Chaque soirée a été marquée par une énergie différente, un équilibre entre performances électro, punk, jazz, et des influences du monde entier. Si certains moments ont été plus intimistes, d’autres ont explosé en une communion totale avec le public.
L’ambiance générale a oscillé entre moments introspectifs, où la musique semblait inviter à une écoute plus profonde, et des performances plus frénétiques, entraînant la foule dans une danse effervescente et contagieuse. Les interactions entre les artistes et le public ont été au cœur de cette édition, chaque concert devenant une expérience unique. Malgré quelques propositions moins convaincantes, la richesse et la diversité de l’offre ont permis de créer une atmosphère inoubliable, avec un public réceptif à la nouveauté et à l’originalité.
En somme, cette édition 2024 des Transmusicales a confirmé son statut de véritable carrefour des cultures musicales, un lieu où les frontières entre genres se brouillent et où les artistes peuvent expérimenter en toute liberté, tout en offrant au public des moments de partage et d’évasion.
A l’année prochaine la team !
Retrouvez toutes nos photos et articles sur cette 46ème édition des Trans Musicales au Parc Expo ici
46ème Rencontres TransMusicales – Du 4 au 8 décembre 2024 à Rennes