Alors qu’une vague de froid est annoncée dès demain pour le retour des vacances, la ligne B du métro à Rennes restera, elle, bien au chaud mais surtout hors service. De nouveau en panne depuis le 3 janvier 2024, une conférence de presse est attendue ce mardi 9 janvier.
Mise à jour 13 janvier 2024 : [Métro/Ligne B] Déguidage, écrou : l’arrêté préfectoral qui en dit un peu plus
[Métro/Ligne B] Déguidage, écrou : l’arrêté préfectoral qui en dit un peu plus
Mise à jour 09 janvier 2024 : Suite au point presse du jour, on apprend que l’incident de ce début d’année fait suite à une casse matérielle sur un bogie, chariot sur lequel est articulé le châssis d’un wagon pour lui permettre de prendre les courbes. Rennes Métropole, Keolis et Siemens Mobility ont pris la décision en concertation de remplacer cette pièce mécanique qui s’est cassée sur l’un des bogies de l’un des trains par une pièce neuve. Cette opération va être menée sur l’ensemble des trains qui composent la flotte de la ligne B. Chaque rame comprenant quatre bogies, cette opération doit être réalisée sur les 100 bogies qui équipent les 25 rames du métro. La ligne B ne devrait pas redémarrer avant au moins un trimestre dans le meilleur des cas.
Suite aux récents dysfonctionnements de la ligne B du métro rennais, une conférence de presse est prévue mardi prochain en présence de personnalités clés du dossier. Bien que cet événement ne soit pas officiellement inscrit à l’agenda public du service de presse de la Métropole (voir ci-dessous, NDLR), il rassemblera Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes métropole, Matthieu Theurier, vice-président de Rennes métropole délégué aux transports, Stéphane Bayon de Noyer, directeur de la Business Unit Matériel roulant de Siemens Mobility, et Ronan Kerloc’h, directeur général de Keolis Rennes.
Durant la récente crise qui a paralysé la ligne B pendant plus d’un mois (du 18 novembre au 22 décembre, NDLR), la communication avait interrogé, car exclusivement assurée par les élu·es écologistes Matthieu Theurier et Valérie Faucheux, ironiquement surnommé·es les « Plick et Plock du déplacement urbain », par Loïc Le Brun, conseiller municipal Libre d’Agir pour Rennes, lors du dernier conseil municipal. La présence de Nathalie Appéré cette fois-ci n’est donc pas anodine, signe que la situation est grave et préoccupante.
Malheureusement, jusqu’à présent, les informations demeurent rares, enveloppées dans un voile de discrétion. Rien ne filtre. Tout semble cloisonné. Un mutisme qui rappelle les enjeux financiers. La mise en service du Cityval à Rennes est une première mondiale, et justement rappelé par le site de l’actualité ferroviaire La lettre du cheminot, Siemens Mobilité compte bien utiliser la ligne B comme une vitrine de son savoir-faire. Les médias constatent également et subissent cette opacité, et le déplorent comme en témoigne Pascal Simon, journaliste au quotidien Ouest-France : « aucun élément d’information n’est officiellement sorti de la réunion organisée vendredi matin entre la direction de Keolis et les syndicats de l’entreprise. Depuis mercredi 3 janvier, la communication est d’ailleurs distillée au compte-gouttes, aucun élu rennais ne s’est exprimé non plus spontanément. »
Ce contexte propice à la spéculation et aux commentaires injurieux, notamment sur divers forums et réseaux sociaux, demeure indissociable de l’énigme persistante entourant les freinages d’urgence récurrents. Malgré les conclusions émanant de l’expertise technique du premier incident, la véritable cause de ces arrêts brusques demeure encore inconnue. Dans les colonnes du quotidien Ouest-France, le journaliste Pascal Simon s’interroge. « Une défaillance d’un élément du système de guidage au sol du Cityval, technologie développée et déployée par le constructeur Siemens pour la première fois à Rennes, est-elle le nœud du problème ? » Poser la question, c’est déjà y répondre, paraît-il.
Cette hypothèse avait d’ailleurs été lâchée par le directeur de Keolis, Ronan Kerloc’h, lors d’une conférence de presse en décembre dernier. Ses propos rapportés dans Le Télégramme par le journaliste Romain Roux sont sans équivoque. Selon lui, « une pièce située sous l’un des essieux de la rame a connu une avarie, déclenchant un freinage d’urgence automatique ». Toutefois, cette affirmation a été mouchée nuancée en pleine séance par la responsable de la communication de Siemens Mobility France, la société conceptrice des rames.
Une fois de plus, les problèmes liés aux galets de guidage, ces roues horizontales cruciales assurant la trajectoire de la rame sur le rail central, font l’objet de critiques. Ce n’est pas la première fois que ces composants sont pointés du doigt. Ils ont déjà été mis en cause pour justifier le énième retard rencontré dans la mise en service de la ligne B. Laurent Bouyer, président de Siemens Mobility France Siemens, mettait à l’époque en avant « des contraintes de maintenance ». Traduire : les galets de guidage s’usent trop vite. Dans un article publié en juin 2022, Le Télégramme rappelait à propos de la phase de marche à blanc (étape qui permet de vérifier l’ensemble du système en conditions réelles sans voyageurs à bord, NDLR) que « les essais [ont été] suspendus pendant dix jours à cause du système de guidage. »
Bien sûr, de nombreuses attentes pèsent sur cette prochaine conférence de presse, notamment en ce qui concerne une date précise pour le rétablissement de la ligne B. Cependant, cette préoccupation semble moins cruciale sur le long terme. Comme le demande la présidente de l’Association des usagers des transports d’Ille-et-Vilaine (Autiv), « il faudra qu’on sache d’où vient le problème. Dans notre association, certains se sont montrés sceptiques, dès le début, sur le choix technique qui a été privilégié pour la ligne B. » Seule une réponse nette et précise quant à l’origine des deux freinages d’urgence pourra asseoir la certitude que l’adoption du CityVal est toujours judicieuse, tant du point de vue financier, que de la fiabilité, de la sécurité et de la maintenance.
Rappelons qu’en 2010, seulement 4 constructeurs ont répondu à l’appel d’offres visant à sélectionner le constructeur de la deuxième ligne du métro rennais, dont deux tardifs outrepassant le délai imposé. Au final, Siemens a été préféré à Bombardier. À cette époque, le constructeur allemand a présenté le Val version 2010 (système similaire à l’actuel métro rennais), ainsi que le « CityVal », un équipement de nouvelle génération qui n’était encore implanté dans aucune ville. Contrairement à son prédécesseur, le CityVal est guidé par un unique rail central développé par Lohr Industrie, au lieu de deux pour la ligne A. Actuellement, seuls l’aéroport de Francfort (5.6 Km en construction, NDLR) et Bangkok (1 Km, 2 stations, en service, NDLR) sont équipés de ce système.
La facture présentée par Siemens pour son Cityval s’élève à un peu moins de 213 millions d’euros hors taxes, un montant « bien inférieur » à celui attendu par les élus. En comparaison, Bombardier était « pratiquement 25 % plus cher ». (Ouest-France, 18/11/2010)
Par Pymouss/Travail personnel, Détails d’un essieu de Neoval : on distingue les roues de guidage inclinées à 45° sur le rail central, les galets (en blanc) de guidage et les frotteurs de captage du courant. CC BY-SA 4.0, Lien
+ d’1fos – sur la page web de Siemens.com racontant la success-story de la ligne B, on peut – toujours – lire que « après bientôt un an de service commercial, le Cityval affiche de belles performances : la disponibilité du système est proche de 99,6 %. »
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Il est a noter que les bogies sont remplacés a l’identique que ceux défaillants au bout de 14 mois.
Une fois la raison de la casse trouvée et donc les bogies modifiés, il faudra de nouveau tous les remplacer et donc repartir pour un trimestre d’arrêt de la ligne…