Pour le gros morceau de sa sixième édition, le festival Alambik vous propose une imposante soirée le samedi 7 avril 2018 avec pas moins de sept groupes réunis aux Agités du Bocal, à deux pas du Jardin Moderne. En grand spécialiste du grand écart musical avec dérapages sonores incontrôlés, l’Alambik nous a mitonné une soirée qui promet d’être aussi réjouissante que foutraque. Petite revue en détails des sept samouraïs du son qui défendront au péril de leur vie vos oreilles des brigands de la banalité.
La superbement troublante affiche de Julien Lemière ne s’affiche pas en 4 par 3 dans tout Rennes. Le festival ne s’installe ni au Thabor, ni au Centre des Congrès, ni à l’Opéra. Pourtant, la fiesta sonore organisée par la fine équipe de l’Alambik fait pour nous partie de ces rendez-vous essentiels qui prouvent que notre bonne vieille ville conserve un esprit frondeur et aventureux malgré le rouleau compresseur libéral. Après une (fausse) pause en 2017, le voici de retour pour une sixième édition comprenant deux soirées d’aventures musicales bigarrées et gouleyantes. Après la soirée inaugurale au Marquis de Sade la veille, les lascars vous convient samedi 7 avril aux Agités du Bocal pour un septuple saut périlleux. L’esprit foutraque et bricolo de ses locaux occupés par une asso de plasticiens et des créateurs devrait parfaitement convenir à l’ambiance de la soirée.
Si on a bien tout compris, ce devrait être (RIRES) qui lancera les réjouissances. Non seulement le groupe s’est choisi le plus beau nom de groupe de la soirée (malgré une concurrence acharnée !) mais il est en plus formé de deux membres de groupes qu’on ne connait absolument pas (bizmiz, épais, worldwide governement, moloch/monolyth). A l’écoute de la cassette disponible sur leur bandcamp, on découvre une folk épurée mais atmosphérique et abrasive avec des paroles qui savent aussi bien rêver que foutre des poings dans la gueule. Tout ce qu’il vous faut pour une chouette mise en bouche.
Pour la suite de la soirée, ce sera sans doute dans le désordre. Les Croisières Dolori est composé de deux filles jouant des claquettes sur plaques de métal amplifiées et d’un tromboniste maniant également les percussions. Le trio bricole avec tout ça, et apparemment encore bien d’autres choses, une no-wave tribale et bluesy naviguant avec délectations en eaux troubles. Une voix invoquant d’étranges esprits tropicaux ou teutons dans un sabir fervent, des synthés en plongée en grande profondeur, des cuivres possédés, des percussions fantomatiques… le trio dispose d’un arsenal plus que conséquent pour que le voyage à leur bord soit aussi dépaysant que mouvementé. Vous avez adoré le disque d’Heimat ? Il y a des chances que vous appréciez la balade.
On retournera vers des terres de folk hantée avec Austin Townsend qui sera accompagné de Momo des très intenses Radikal Satan. La voix crépusculaire du bonhomme et les circonvolutions sauvages de guitares en totale liberté narrent des histoires de lumière et de ténèbres qui devraient porter aux nues les amateurs de blues caverneux et à haute teneur en vapeurs émotionnelles.
Le ton se durcira avec la no wave rageuse d’Horst Du Noch. Malgré un nombre conséquent de concerts dans le coin, nous avons toujours réussi à louper ce projet solo guitare-machines malgré tout la sympathie que nous inspire ses compos rugueuses et puissantes entre grunge, musiques industrielles et postpunk (ainsi que le fait qu’il reprenne du [kataplismik]. Merci à l’Alambik de nous offrir l’occasion de combler ce manque impardonnable.
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On ne sait pas ce qui se passe à Tours, mais les groupes de là-bas choisissent leur nom avec un talent carrément improbable (de Pneu à Tournez Nadège, quand même). Culture émotion n’échappe donc pas à la règle. La formation réunit ainsi Colin Pastor et Charly Saulay, et a commencé sous ce nom il y a deux ans. Néanmoins, cela fait plus de six ans que les deux joyeux drilles font de la musique. D’abord trio (sous le nom de Tiga), puis quittés par leur bassiste, les sympathiques lurons (batterie et guitare avec deux amplis, l’un guitare, l’autre basse) désormais installés par ici mêlent avec une habileté réelle et un joyeux éclectisme guitares éthiopiques, rythmiques tour à tour rock ou africaines, hymnes punk braillards et braillés (Perdu dans les Sphères), brumes My Bloody Valentiniennes, coups de boutoirs larsenés et parfois dans un même morceau ! Quelquefois chantés en français, en anglais, les morceaux se déclinent sur deux premiers eps, particulièrement aboutis même si éclatés et une compilation tout aussi loufdingue de leurs morceaux enregistrés live (sobrement intitulée Les meilleurs hits de Culture Emotion). Bref, sur scène, ça devrait partir dans tous les sens. Et c’est tant mieux.
Autre confirmation de l’impayable sens du patronyme tourangeaux, le trio Steak officie plutôt dans les territoires d’un free jazz déluré et ludique. Composée d’Axel Gaudron (à la batterie), de Paul Cadier (au saxo ténor) et de Flavien Légland (à la contrebasse), la bande s’est formée en 2013 sur les bancs de l’école de jazz de Tours. Ils définissent eux-même leur musique comme du sympa-jazz et, ici, la sympathie est hautement communicative. Leur jazz ensoleillé et tortueusement festif sait autant vous perdre dans ses circonvolutions vallonnées que vous bottez l’arrière train avec son groove ragaillardissant . Prévision de tournis et de gros coup de chaleur en perspective.
Enfin , vous pourrez également vibrer au son de la musique incantatoire et atmosphérique d’Alahuta. Ce trio de Cherbourg Octeville formé par Aurélie, Jérôme & Korby bâtit des structures sonores à la fois imposantes et fragiles entre drone, musiques expérimentale ou ambient. Leur musique délicate, sombre et cinématographique devrait ravir les amateurs de chute sans fin dans des abysses aussi fascinants qu’inquiétants. Les risques de grand frisson semblent donc de nouveau à leur maximum.
Tout au long de la soirée et sans doute jusqu’aux premières lueurs de l’aube, vous pourrez également apprécié les sélections de DJ Amy Binouze, Nate Wab et Monsieur Henri.
Samedi 7 avril 2018 – Agités du Bocal, 8bis rue du manoir de Servigné, Rennes – 20h30 – 10€
Ligne 11 arrêt « Le jardin Moderne » dernier bus 01h10
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