Trois jours de Sonic Province : Fêtes du bruit !

Chaque année, ou presque, la crème des assos musicales rennaises adeptes des musiques de traverse profitent du festival parisien Sonic Protest pour en détourner une partie de la généreuse programmation vers Rennes. Cette année, L’Alambik, Capital Taboulé, Mourir Vite et L’Effroyable Association Sataniste des Soviétiques de l’Ouest ont combiné leurs forces pour nous offrir trois très belles soirées de musiques de traverse entre le 20 mars et le 1er avril. On vous en détaille les étapes toutes plus appétissantes musicalement les unes que les autres.

La dix-neuvième édition du Sonic Protest a lieu du 14 mars au 2 avril dans tout un tas d’endroits dans et autour de Paris. Elle explore avec toujours autant de passion et d’acuité ce qui s’est fait et ce qui se fait de plus excitant en matière de musiques barrées et sauvagement marginales. Nos indispensables assos locales de L’Alambik, Capital Taboulé, Mourir Vite et L’Effroyable Association Sataniste des Soviétiques de l’Ouest unissent leurs énergies encore une fois pour amener le festival jusqu’à chez nous. Après le Sonic Pro fest, le Sonic Pro Therm, l’annulé Sonic Pro Lo et le plus positif Sonic Prautotest, ce sont les trois soirées du Sonic Province qui vont faire frétiller vos tympans et dilater vos neurones entre le 20 mars et le 2 avril 2023 dans divers lieux rennais.

La première étape aura donc lieu le lundi 20 mars. Ni lieu, ni horaires pour cette bien mystérieuse soirée. On sait par contre qu’on y retrouvera l’ambiant vaporeuse de la suissesse Leoni Leoni, la folk extraterrestre de Todesangst Ausstehen (dont on conseille chaudement le premier album LP 12″ Autumn ’20), les palpitantes expérimentions électro acoustiques du français réfugié à Bruxelles Gildas Bouchaud et enfin les impros furieusement libres de l’américain Eugene Chadbourne qui viendra avec son banjo, sa guitare ou son râteau amplifié. Attention légende, ce fabuleux bonhomme a collaboré avec John Zorn, Fred Frith, Frank Lowe, Jello Biafra ou encore les Violent Femmes.

Pour en savoir plus sur les infos pratiques, il vous suffit d’envoyer une petit message par là
et vous saurez tout. 

Le second épisode aura lieu le vendredi 31 mars et vous mènera dans un fort chaleureux hangar au sud de Rennes bien connu des amatrices et amateurs de musiques frondeuses. Pour les non-initié.e.s, là encore, un petit message aux organisateurs ou à contact[at]alter1fo.com et on vous expliquera tout.

Vous y retrouverez Ernesto González aka Bear bones, lay low. Vous avez peut-être déjà croisé ce Vénézuélien basé en Belgique depuis 2003 dans Maîtres Fous, Tav Exotic, Sylvester Anfang II ou Carcass Identity. Le voilà en solo pour une musique puissante entre transe et déflagrations soniques qui vous enserre dans des rythmiques psychédéliques et envoutantes.
Ne loupez pas non plus les platines folles de Plaque Tournante. On retrouve autour de la table l’infatigable artificier sonore local d’Arno Bruil pour une version très personnelle et aventureuse de l’utilisation de 45 tours. Attention, scratch et diamant très sauvages !

Diatribes est à la base un duo expérimental genevois. Pour Diatribes and horns la formation passe à sept avec notamment toute une tripotée de cuivres. Le septet s’ingénie à dynamiter à grands coups de distorsion et de field recording le dub et la culture sound-system. Cette radicale revisite devrait nous offrir une expérience live aussi sensorielle que surprenante.

Le quatuor tourangeau Vaguent est composé d’Axel Gaudron (bugle, organetta, composition), Léa Ciechelski (flute alto, saxophone alto), Yurie Hu (alto), Thibaud Boustany (piano) et Adrien Desse (batterie, percussions, synthé). On a peu d’information sur le groupe mais le live disponible sur leur bandcamp navigue assez somptueusement entre ambient, expérimentations bruitistes et jazz minimaliste. Ces compositions tout en délicatesse devraient nous offrir un magnifique moment en apesanteur.

Ppaulus & Freres est un duo composé de Manuel Zenner et Baptiste Filippi. Cette très amicale fraternité  donne vie à une matière électronique façonnée grâce à un assemblage hétéroclite de boîtes à rythmes augmentées, d’instruments construits maison, de dispositifs acoustiques, de platines vinyles qui se prennent pour des guitares, de lecteurs K7 manipulés comme des sampleurs. Les joyeux bricolages de ces deux strasbourgeois devraient suscité une foule de sentiments plus ou moins contradictoires mais dont l’ennui est radicalement exclu.
Dernier groupe présent sur ce vendredi, C-îme nous a également bien tapé dans l’oreille. Canopée Improvisation Music Ensemble est une formation composée de Pom Bouvier-B, Célia Jankowski, Hanna Kölbel, Audrey Lauro, Clara Lévy, Ségolène Neyroud et Léa Roger. Les sept bruxelloises utilisent sur scène un instrumentarium aussi surprenant qu’hétéroclite. Vous pourrez ainsi entendre des voix, des instruments acoustiques et électroacoustiques mais aussi des objets détournés et d’étonnants bricolages sortis de leur imagination. Difficile de vous dire à quoi leur prestation ressemblera tant l’improvisation et l’attention à l’environnement immédiat est au cœur de leur musique. Cette philosophie de « l’ici et le maintenant » devrait faire merveille tant l’espace de ce cher lieu secret se prête parfaitement à l’exercice.
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Vous pourrez enchainer dès le lendemain, le samedi 1er avril, toujours au même endroit pour une dernière salve toute aussi généreuse et aventureuse qui s’annonce encore plus explosive.
Parmi les groupes présents ce soir-là, on vous conseille hautement de ne pas louper Nape Neck. Ce trio de Leeds à en effet toutes les qualités requises pour une dérouillée live de premier ordre. Rythmiques azimutées, groove no-wave irrésistible, abrasivité noise rock, le groupe devraient mettre en pamoison les fans d’ESG, The Ex ou encore Dog Faced Hermans et Arab on Radar mais aussi faire vriller de bonheur celles et ceux qui n’ont jamais entendu un des groupes. La dinguerie et l’énergie irrépressible qui se dégagent de leur compositions va de toutes façons et sans aucun doute mettre tout le monde d’accord.

Venue d’Amiens, Krinator est une autre savoureuse dinguerie de la soirée. L’échappée solo de cette membre des bouillonnants Headwar et du duo Les Morts Vont Bien, s’avère encore plus bizarroïde que ses deux autres groupes. Sa musique à base de synthés déglingués, de cassette de films d’horreur et de voix à l’hélium pourrait être la bande-son parfaite des recoins les plus flippants de l’enfance.

On ne sait par contre pas grand chose d’Urge. La bande nous viendrait de Caen et copine avec l’excellent label rennais Prix Libre. Le titre écoutable sur leur bandcamp nous promet en tout cas un chaos joyeusement furibard et intense.

Morfil c’est Mathieu Goulin (Bonne Humeur Provisoire) et Glenn Marzin (la Cabane Sonore). Ça fait quinze ans qu’ils se fréquentent et ça s’entend. Là encore, il y aura du bordel sur scène. Machines fabriquées maison à partir de tourne-disque, boîte à rythmes, oscillateur électronique, percussions métal…, 4 pistes cassettes, synthé modulaire, violon, banjo et voix, le tout leur permet de laisser libre cours à des improvisations où les accidents  sont les bienvenus autour de compositions entre fausse musique trad, rap électronique désossé et déflagration post-indus avec des résidus des BO de John Carpenter. ça sent encore le savoureux boxon tout ça.

Enfin, dans cette sélection de groupe déjà hautement bizarres, le plus mystérieux est Les Jeunesses Cathodiques de Bordeaux. Si on a bien compris, on aura affaire à une installation composé de trois téléviseurs pas du tout 4K qui vibreront au son d’une expérimentation sonore. On vous laisse vérifier par vous-même la véracité de notre pronostic.

Petit rappel : Les associations veillent à ce que nos concerts soient des espaces conviviaux, où vivent le respect de l’autre et le droit à la différence. Nous appliquons une tolérance zéro face aux violences sexistes et sexuelles, aux violences transphobes, homophobes et xénophobes. Si vous ne partagez pas ces valeurs, abstenez-vous de venir.

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