Quoi de mieux qu’une bonne dose de groove pour enflammer votre milieu de semaine ? C’était exactement ce que vous proposaient Les Trans mercredi 15 mars à l’Ubu avec la venue de la chanteuse soul new yorkaise Kendra Morris. Comble de la joie, la première partie de soirée était assurée par son backing band de luxe : The Winston Brothers. Retour sur un mercredi soir chargé en émotions fortes.
Après la sublime dérouillée offerte par The Psychotic Monks samedi dernier, Les Trans enchainaient tout en contraste avec une soirée délicieusement funky mercredi 15 mars.
En guise d’échauffement, c’est The Winston Brothers le backing band qu’on retrouvera en seconde partie de soirée, qui ouvre le bal. Ce projet du multi-instrumentiste et producteur hambourgeois Sebastian Nagel (The Mighty Mocambos, Bacao Rhythm & Steel Band) et du batteur / percussionniste Lucas Kochbeck (The KBCS, Bacao Rhythm & Steel Band, Hamburg Spinners) se décline en quatuor guitare/basse/batterie/clavier sur scène. Les allemands ne sont visiblement pas des débutants et ils interprètent les titres de leurs excellents album Drift sorti fin 2022 chez Colemine Records (le label de Black Pumas, Joey Quinones & Thee Sinseers, Monophonics, Neal Francis…) avec une assurance et une précision redoutable. Leur funk instrumental, intemporelle et hautement mélodique, s’avère, pour notre plus grand plaisir, aussi groovy que cinématographique. On en ressort le sourire aux lèvres et des fourmis dans les guibolles même si l’on ne peut s’empêche de se dire qu’il manque un ingrédient pour enflammer leur prestation. On va vite comprendre lequel.
Avec un petit sentiment de déjà-vu, les quatre allemands retrouvent donc la scène de l’Ubu pour le second round. Cette impression d’étrangeté va instantanément se dissiper dès la présentation en bonne et due forme de Kendra Morris, la vedette de la soirée. Sur fond de la redoutable intro ultra-cinégénique de Dial Back, la dame entre en scène. Le temps d’un This Life tout en suave rondeur et d’un Concrete Waves savoureusement pimenté de touches hip hop et les jeux sont faits.
On en est à peine aux prémices et la dame irradie de présence scénique. Gestuelle assurée, voix alliant précision et émotion, on a clairement affaire à du haut niveau. D’autant plus que les quatre musiciens l’accompagnent avec un groove redoutable et une dextérité tranquille. Kendra Morris nous expliquera lors de sa présentation des musiciens en fin de set qu’ils ont appris tout son répertoire en une semaine. ça vous donne une idée du niveau.
A peine le temps de reprendre son souffle et elle nous décoche en plein cœur une déchirante version de Keep Walking. Grand frisson dans la salle quand elle clame en boucle I don’t wannna be your love. Réussir à atteindre ce niveau d’émotion sans que cela sonne un instant fabriqué ou forcé, c’est clairement la marque des grandes. Elle enchaine sur un Nine Lives groovy en diable dans lequel elle liste avec une délicieuse malice tous les conseils maternelles qu’on ne suit pas avant de nous offrir un excellent nouveau titre What are you waiting for. Il est alors temps pour elle de nous offrir deux somptueux morceaux en solo à la guitare qui achèvent de nous faire décoller les pieds de terre. Viens ensuite la douceur mélancolique de Cry Sometimes suivie du retour de Dial back, cette fois joué en intégralité avec une ampleur remarquable. Avec espièglerie, elle enchaine avec le joyeusement langoureux When We Would Ride. Elle nous explique que le morceau évoque ses trajets routiers vers la mer à bord d’une Ford pourrave. et dédicace le titre à tous les tas de boue dans lesquels on a des souvenirs précieux. Le set retourne à l’émotion pure avec Good Woman et surtout un céleste Who We Are qui nous met à genou avec le déchirant refrain What is left to believing in ? qui résonne douloureusement avec notre triste actualité. Devant un publie totalement conquis, elle conclue sur une note plus douce mais pas moins chaleureuse avec Twist & Burn et une superbe version du tube Banshee. avant un rappel amplement mérité.
Après une décennie chargée en souvenirs douloureux, Kendra Morris revient en force et avec la ferme intention d’ouvrir un nouveau chapitre dans sa vie d’artiste avec une nouvel album Nine Lives (2022) et une revisite et extension de son EP de 2016 Babble (2023), tous les deux sortis sur son nouveau label Karma Chief Records. Ce nouvel élan passe aussi par cette tournée dont nous sommes totalement ravis d’avoir pu profiter d’une des étapes. On lui souhaite le meilleur pour cette nouvelle aventure et on vous invite chaudement à ne pas louper cette grande dame si vous en avez l’occasion.
NOTRE GALERIE PHOTO DE LA SOIREE