Trois beaux reliefs rennais au Bar’Hic

Ce mois de juin fantabuleusement riche en chouettes concerts, nous réserve pourtant encore quelques belles cartouches. Joli triplé vendredi 19 juin au Bar’Hic avec trois formations rennaises hautement appréciées dans nos colonnes : les abrasifs Central Massif, les électriquement sensibles Février et les furieusement impériaux Møller Plesset.

MollerPlessetFevrierCentralMassif190615

Si on a bien tout compris, c’est au quatuor Central Massif que l’on doit l’initiative de l’épatante affiche proposée vendredi 19 juin à partir de 21h dans l’un des derniers bastions des bars concert rennais : le Bar’Hic.

Composé d’Arnaud à la batterie, de Benoît à la basse, de Jean-Christophe à la guitare et de Vanina au chant, le groupe existe depuis 2008 mais n’a pris sa forme actuelle qu’après un joli défilé de batteurs avec l’arrivée d’Arnaud en 2011. Ils ont mis en ligne en juin 2012 une première démo facétieusement intitulée Compost-rock et enregistrée par Loïg Nguyen (de We Only Said). Ils y développaient un très prometteur indy-noise-rock abrasif et tout en urgence. Ils ont depuis sorti à la fin 2013 Toxic Noise, album de 10 titres regroupant à la fois des démos des débuts du groupe et des morceaux plus récents toujours mis en son par les bons soins de Loïg Nguyen. Le disque peaufinait la chouette alliance d’un chant bien borderline avec un très solide trio guitare-basse-batterie en variant légèrement plus les ambiances. Nous avions pu les voir un peu intimidés en première partie des Ventura au feu bar Le Sympatic mais également avec plus d’assurance à la session 2013 du Girls Disorder organisée par Mass Prod au Jardin Moderne. Les deux fois, nous les avions trouvés aussi intenses que diablement efficaces Nous sommes donc très impatients de voir comment la formation a évolué depuis.

Autre formation locale que l’on aime beaucoup dans l’équipe, Février est composé d’Emilie au chant et de Don Lurie à la guitare (animateur régulier de l’émission kérozène sur canal B et pilier de l’association Kfuel). Le duo a sorti sur bandcamp une excellente Démo deux titres où il déploie un slowcore atmosphérique et à vif, proche des immenses Slint ou du duo canadien Mecca Normal. Sur scène, nous apprécions tout particulièrement leur interprétation fiévreuse et habitée. Si le contraste entre la frêle silhouette de la chanteuse et la carrure imposante du guitariste fait son petit effet, c’est surtout l’uniformité de l’intensité de leur jeu de scène qui frappe. Que ce soient les coups de butoir tout en déséquilibre du Don ou la voix au bord de la déchirure de la chanteuse, l’ensemble fait preuve d’une grande cohérence émotionnelle. Ils font donc logiquement partie des groupes que nous suivons de près. Ils ont tourné l’an dernier dans le sud de la France en compagnie de My Sleeping Doll et ils reviennent ce vendredi dans une formation inédite que nous sommes très curieux d’entendre et dont on vous laisse la surprise.

Enfin, il y aura également les essentiels Møller Plesset. Depuis plus de 15 ans le groupe prouve avec classe et nonchalance que Chicago n’est finalement pas si loin de Rennes que ça. Leurs trois galettes : Rather drunk than Quantum, (2002), the perturbation theory (2005) et Hartree-Fock method (2011), font définitivement partie de nos disques de chevet. Le duo de guitare Régis Gauthier/Thomas Le Corre est aussi fascinant dans la puissance que dans des élans retors et labyrinthiques où ils font preuve d’une complicité et d’une complémentarité exemplaires. L’impressionnant jeu de chausse trappe rythmique de Fred Sorgniard à la batterie enrobe parfaitement les circonvolutions abrasives des deux six cordes et le chant déchirant d’intensité de Gilles Trotin (souvent savoureusement mis en contrepoint avec celui de Régis Gauthier) achève de rendre le tout totalement imparable. Parce que derrière la fureur et les syncopes à trois temps, les lascars vous planquent de redoutables compos qui vous accrochent par l’oreille dès la première écoute et ne vous lâchent plus.
Sur scène leur rock noise retors et classieux nous a toujours mis dedans dehors. On parie un billet sur le fait qu’ils ne dérogeront pas à la règle ce soir-là.
Retrouvez sur le site la bande en interview pour leur participation à la compilation du label In My Bed.

LA scène rennaise n’existe pas. Il y DES scènes rennaises et ce vendredi pour une somme ridicule, vous aurez la chouette occasion d’en découvrir ou de retrouver, une partie d’une de celles qui nous paraissent les plus essentiellement sincères et passionnantes.

Vendredi 19 juin 2015– Bar’Hic, place des Lices, Rennes – 21h – 5€

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