Ventura dynamite le Sympatic façon puzzle

Pour conclure en beauté une année à la programmation sensationnelle, l’association Kfuel avait la bonne idée d’inviter un de nos groupes fétiches : Ventura. Le trio helvète revenait donc, samedi 18 mai à Rennes, avec visiblement l’intention d’en découdre. Résultat, un concert à la fois ébouriffant et convivial, qui a embrasé le Sympatic bar. Retour sur une soirée délicieusement explosive.

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Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas mis les pieds dans ce temple de la rue Saint-Michel qu’est le Sympatic Bar. On retrouve avec plaisir les colombages tortueux de l’estaminet et sa petite salle de l’étage avec un rassurant plancher refait. La scène est toujours minuscule, l’éclairage symbolique, mais le son s’avérera fort agréable et l’on se promet d’y revenir bien vite.
C’est samedi soir et la rue de la soif est plutôt animée. Même si on se fait interrompre nos bavardages par un monsieur hagard ayant commencé la soirée (très) tôt, c’est vivant et joyeusement foutraque et bruyant. Tout n’est donc pas encore mort en centre-ville de Rennes. Nous constatons vite que le public a bien répondu à l’invitation et nous montons rapidement nous placer car la modeste pièce va vite se remplir.

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Avec la petite demi-heure de retard réglementaire, les Rennais de Central Massif entament la soirée. La classique formation guitare-basse-batterie est pimentée par une chanteuse braillarde et déjantée sous haute influence Siouxie Sioux (casquette en plus, mais maquillage gothique en moins). Si la formation n’a que quelques heures de vol, on sent que les musiciens n’en sont pas à leur début. Leur post punk retors, abrasif et sans fioriture s’avère très plaisant et efficace. Ça manque peut-être encore de puissance et de relief sur l’ensemble du set, ça vrille aussi un peu les oreilles sur les aigus, mais ça envoie bien le bois comme il faut. Petite attention très classe, ils n’ont pas oublié que le 18 mai est la date anniversaire de la mort de Ian Curtis (de Joy Division) et glissent une très agréable reprise de Transmission en milieu de set.

On commence à soupçonner le dopage mais l’infatigable Appolosmouse était une fois plus présent,
et nous offre généreusement l’intégralité du concert filmé avec soin et classe.

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C’est maintenant l’heure du gros morceau de la soirée. Si les trois formidables albums des Ventura font partie des disques que l’on chérit tout particulièrement, on avoue avoir jusqu’à présent été un peu frustré par leur concert. Eux aussi apparemment, puisqu’après l’intro orageuse de leur «About to despair», enchainé avec le furieux «Corinne», le chanteur entame alors les présentations par «La dernière fois qu’on était venu à rennes, c’était au Mondo Bizarro et il paraît que c’était un concert de merde. » avant de vanter les qualités de notre ville qu’ils ont visitée dans l’après-midi. L’intention est donc visiblement de remettre les horloges (suisses) à l’heure. Surtout que leurs deux précédentes dates en France ont, semble-t-il, été bien foireuses malgré une excellente affiche (avec Marvin, Micah Gaugh trio et Three Second Kiss quand même). Il plane donc d’emblée une farouche atmosphère de revanche sur le concert. Un soupçon de tension donc, mais qui s’accompagnera rapidement d’une bonne humeur communicative. Les vannes fuseront des deux côtés des retours régulièrement. Fureur et convivialité, tout ce qu’il faut pour un concert mémorable.
Comme les mousquetaires, le trio suisse est venu à quatre. Ils sont maintenant accompagnés en live par Olivier Schubert et sa guitare. Ça ne rigole d’ailleurs pas avec le bizutage dans la bande, puisque ce dernier passera le concert bien caché dans le coin droit de la scène. On parviendra tout de même à confirmer visuellement ce que nos oreilles nous indiquent : le bonhomme se donne sans compter et cet apport est un sacré atout. Surtout que le reste de l’équipe est tout aussi généreux. Mike Bedelek à la batterie, casquette vissée sur le crane, frappe juste et fort. Diego Goehring à la basse, et avec son classieux t-shirt Young Widows, chaloupe et tangue fiévreusement. Enfin Philippe Henchoz au chant et à la guitare, est décidément ce qu’on préfère en matière de voix nasillarde, éraillée et en permanence sur le fil du rasoir (avec celle d’Eric Pasquereau de Papier Tigre).
Le quatuor enchaine les tueries pendant une bonne heure sans aucune perte d’intensité. Point d’orgue attendu, le long morceau «Amputee», déjà monstrueux d’entêtement sur leur formidable dernier album : Ultima necat, prend des proportions titanesques et bouleversantes en live. Une chanson dont on ne sort pas intact. Le set naviguera surtout autour de ce disque,  intégralement joué ce soir là.
Les meilleures choses ayant, hélas, toutes une fin, le concert s’achève devant un public totalement conquis et littéralement essoré par la chaleur caniculaire régnant à l’étage. Une dernière salve dont l’énormissime « Brace for Impact », et le magnifique «Little wolf , et il faut bien se résoudre à leur dire au revoir, ravi que le groupe ait amplement démontré qu’il pouvait conserver (voire dépasser) sur scène la puissance de leurs disques.
Un grand merci à eux donc, mais aussi au Sympatic et à l’équipe Kfuel pour avoir permis cette soirée qui restera gravée dans les annales.

Comble de joie, on pourra la revivre à loisir, du début à la fin, grâce aux indispensables vidéos d’Appolosmouse.

1 commentaires sur “Ventura dynamite le Sympatic façon puzzle

  1. xavier

    Quand on reconnait Young Widows, ca fait écrire mieux. Cool!

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