[Report] Route du Rock hiver Heartworms, Tramhaus et DITZ @ Antipode : Ascensions en salle

La session hiver de la Route du Rock 2025 démarrait de façon explosive le jeudi 27 février sur la grande scène de l’Antipode de Rennes. S’y sont enchainés dans un somptueux crescendo Heartworms, Tramhaus et DITZ. Retour en mots et en images sur une soirée qui restera dans les annales.

L’affiche de cette première soirée de la session 2025 de la Route du Rock hiver nous avait bien mis la bave aux lèvres. Une découverte intrigante, deux bombes scéniques assurées, c’est peu dire que c’était diablement prometteur. Nous n’étions visiblement pas les seul.e.s à le penser vu l’expéditif complet qu’affichait la date.

Pile à l’heure, le quatuor londonien Heartworms entame les hostilités sur la grande scène. La pop teintée de cold wave et de petites touches métal qui nous avait intrigué sur disque ne va, hélas, guère nous convaincre en version live. Malgré la présence scénique et la très belle voix de Josephine Orme, nous restons de marbre face à une musique qui nous semble trop timorée et inégale mélodiquement. À l’image de ce moment où la chanteuse demande impérieusement le silence avant de se lancer dans un a cappella audacieux, mais manquant d’aller jusqu’au bout de son crescendo, un concert qui nous a implacablement laissé sur notre faim.

Heureusement pour nous, le reste de la soirée va, elle, tenir toutes ses promesses… voire totalement les pulvériser. On retrouve ensuite sur scène avec grand plaisir l’épatant quintet néerlandais Tramhaus.

On a écouté avec délectation leur épatante série de singles imparables distillée depuis 2022. Leur premier album The First Exit, sorti en septembre 2024, ne quitte pas notre platine. Ils nous ont de plus collé une grosse fessée scénique à Binic cet été. Bref, nous sommes totalement fans.

Cette belle bande est composée de Jim Luijten (batterie), Julia Vroegh (basse), Lukas Jansen (chant) et de l’épatant duo de guitare de Micha Zaat, et Nadya van Osnabrugge. La troupe excelle à revigorer un rock indé hautement mélodique, mais pas lisse, qui parvient à évoquer les grandes heures du meilleur des 90’s sans tomber dans le cliché ou la nostalgie facile. À cela vient en plus s’ajouter une complicité hautement communicative entre les cinq membres avec une très moderne façon de s’imposer ensemble sur scène sans que les individualités ou les egos prennent le pas. Même les soucis techniques de micro ou de batterie ne viennent pas affaiblir une prestation joyeusement incendiaire où le plaisir était visiblement des deux côtés de la scène.

On savoure donc avec délectation des versions live aussi maitrisées que débridées de leurs titres. Nous hurlons à pleins poumons les paroles aiguisées de leurs imparables Make It Happen, Amour Amour ou encore de leur Minus Twenty dont le riff de guitare refuse catégoriquement de nous lâcher le cerveau depuis sa première écoute.


On sort de là avec la banane phénoménale de celle et ceux qui viennent de se voir confirmer qu’on tient un nouveau groupe fétiche dont on guettera avec fébrilité chacune de leurs nouvelles aventures.

On a donc encore la tête dans les nuages et un sourire béat aux lèvres quand déboulent les pyromanes de Brighton de DITZ. Les ayant déjà pratiqués sur la petite scène club de l’Antipode et à la Route du Rock été en 2002, on connait bien la capacité des cinq lascars à mettre le feu aux poudres. Ça tombe bien, le public ne demande que ça.

Avec une réjouissante férocité pimentée d’un flegme incendiaire, ils nous balancent en pleine tronche et sans échauffement préalable de monstrueuses versions des bombes soniques de leurs excellents albums The Great Regression sorti en mars 2022 et Never Exhale sorti lui en tout début d’année 2025 toujours en toute indépendance. À noter que leur discographie actuelle se complète par On The Bai’ou, un disque live bien furibard tout aussi chaudement recommandé.

Un duo de guitaristes impassibles, mais délicieusement abrasifs, un batteur avec une frappe de destruction massive, un bassiste en transe et un chanteur en chez d’orchestre diabolique d’un réjouissant chaos, le tout est un bonheur de furie retorse enchainant déflagrations dévastatrices et breaks vertigineux. Délaissant le mode total balek à la Mark E Smith qu’il affectait à leurs débuts, Cal Francis, avec sa robe et ses couettes, mène la danse avec un plaisir visible derrière le sourire narquois.

Organisant des slams et un monstrueux pogo dès le second morceau, relançant les gobelets jetés sur scène à grands coups d’escarpins, grimpant au balcon ou sur les retours sans sécurité, lançant un circle moshing inédit dans le lieu à notre connaissance, ce diablotin en jupette arrose de larges rasades de nitroglycérine un bordel de classe internationale.

Leur set alterne joyeusement entre leurs deux albums et place habilement sans baisser d’intensité les morceaux plus posés. Le concert se conclut sur la basse vrombissante et les larsens perceuses de leur tonitruant et retors No Thanks I’m Full qui boucle en apothéose un concert d’une intensité hautement mémorable.
Nos oreilles comme les murs de l’Antipode vont s’en souvenir longtemps de celui-là.

Notre généreuse galerie photos de la soirée :
[festival] Route du Rock hiver 2025 @ Antipode, Rennes

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