TransMusicales 2010 : Un vendredi soir mi-figue mi-raisin à la Cité

Trois concerts, trois styles différents, trois avis assez tranchés.

La Corda, un univers de sonorités

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La salle est presque trop vide quand le trio rennais arrive sur scène. Ils s’approchent tout doucement d’une table basse sur laquelle sont disposés religieusement quatre verres à cognac remplis d’eau (ou de vodka, nous n’avons pas pu le savoir). Et les verres se mettent à chanter. Sonorités cristallines gâchées par le clic-clac des photographes présents et qui veulent immortaliser l’instant…
Le concert va nous offrir une suite d’instants sonores étranges, troublants, envoûtants, enivrants.
La guitare électrique se fait à la fois douce puis puissante. Constamment en équilibre entre ces deux plans. La batterie créé de nouveaux sons : quand le batteur trace un chemin sur une cymbale avec une baguette, on croirait entendre les bruits métalliques d’un train en marche. Et puis, il y a cet archet qui trace des sons sur la guitare électrique.
Chaque morceau est une montée musicale en puissance et chaque morceau nous fait pénétrer dans un univers sonore bien particulier. L’atmosphère est éthérée et planante. La pénombre est entretenue par un savant jeu de lumières. La salle se remplit peu à peu, comme si les sons propagés à l’extérieur hypnotisaient et invitaient les passants à entrer.

Pas ou peu de silence entre chaque morceau. Les sonorités s’enchaînent et le public se retient d’applaudir pour ne pas couper le fil. Ou il attend sagement un silence avant d’applaudir chaudement. Un set minimaliste et hypnotique.

Et quand sur une inénarrable montée instrumentale, un quadra à lunettes à ma gauche s’est mis à parler fortement, j’ai senti monter en moi une implacable envie d’écartèlement en place publique. La musique adoucit les moeurs mais pas les sentences à appliquer à ceux qui ne respectent ni les artistes ni leurs voisins dans le public.

La voix chaude et puissante, la guitare lancinante et puis, le retour au chant des verres. Le chemin des sonorités s’achève. Applaudimètre au maximum. Le trio semble touché par cette salve d’applaudissements. Et remercie le public, Jean-Louis Brossard pour sa confiance et la Salle de la Cité pour l’accueil. Et nous, on remercie les Trans pour ce moment cristallin.

Outasight, révélation pour les Trans mais pas pour nous

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Sur scène, un clavier, une guitare électrique, une batterie et une petite pomme. [Fortement présente hier au Parc Expo, cette petite reinette blanche est en passe de devenir The Thing to have pour tout groupe qui se respecte… Futur sponsor pour les Trans ? je dois avouer que ce matraquage publicitaire involontaire me pose question.]
Premier morceau, premières impressions de hip-hop dansant (ce qui n’est pas forcément un compliment). Richard Andrew ne se ménage pas : il saute et se démène comme un diable devant le public. Et pour nous forcer à bouger, de grosses vibrations comme celle du Hall 3 pour The Toxic Avnger hier soir, nous sont assénées. C’en est trop pour moi. Je n’accroche pas à ce rap-pop-rock-jazzy assez indéfinissable. Mon binôme d’Alter1fo quant à lui a trouvé que cette musique lui rappelait les chansons de séries télévisées des années 90, comme Friends…
Nous quittons donc la salle, tout comme un certain nombre de festivaliers. Des goûts et des couleurs….

Dengue Fever, quand l’exotisme cambodgien croise l’exotisme californien

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Ils sont nombreux sur scène autour de Chhom Nimol, la chanteuse cambodgienne expatriée : un batteur, un saxo, un bassiste, un guitariste – Zac Holtzman, fondateur du groupe avec Ethan, son frère, au clavier.
Un groupe tout en contrastes : entre la longue barbe très shamanique de Zac et la robe-bustier à strass de Chhom, entre la taille XXL de Senon Williams le bassiste et la toute petite chanteuse perchée sur talons hauts. Mais ces contrastes n’entachent en rien leur complicité ; ce groupe s’amuse sur scène et leur musique, joyeux melting-pot de leurs différences, plaît au public. Les sonorités de la langue khmer sont pourtant étonnantes sur ce fond musical rock-jazzy. On écoute ainsi plusieurs chansons, appréciant l’originalité du combo. Mais il nous manque quelque chose ; la musique nous semble répétitive, comme s’il manquait juste un ingrédient pour faire exploser complètement cette originalité.

Et quand Zac se met à chanter en duo avec Chhom, elle en khmer, lui en anglais, on se dit que ce qui manquait est là. Voilà ce qui donnera un peu de relief à ce concert. Ces deux chansons en duo seront un vrai plaisir pour nos oreilles parce que mêlant sonorités musicales originales et sonorités linguistiques peu courantes.

Le public rennais apprécie en tout cas, fortement car il offre un rappel à Dengue Fever. Alors que la salle, à l’approche de l’heure fatidique – 20h00 -, a commencé à dépeupler au profit d’une transhumance vers d’autres lieux de décibels…

Mi-figue mi-raisin

C’est la dure loi des Trans Musicales. Sur l’ensemble des découvertes qui nous sont promises, certaines nous emballent plus que d’autres. En l’occurrence ce soir, une réussite, La Corda ; une découverte qui a charmé nos oreilles mais sans le piment nécessaire pour nous y attacher pleinement, Dengue Fever ; et une erreur de casting, mais parce que ne correspondant pas à nos goûts musicaux, Outasight.

Demain, trois autres concerts, trois autres univers. Demain est un autre jour ! Bonne nuit de décibels à vous, festivaliers transmusicaliens !


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2 commentaires sur “TransMusicales 2010 : Un vendredi soir mi-figue mi-raisin à la Cité

  1. havoc

    [Fortement présente hier au Parc Expo, cette petite reinette blanche est en passe de devenir The Thing to have pour tout groupe qui se respecte…]
    « En passe de devenir »… Euh, tu vas souvent voir des groupes sur scène ?

    [Futur sponsor pour les Trans ? je dois avouer que ce matraquage publicitaire involontaire me pose question.]
    Oh ma pauvrette…

  2. Lisenn

    @havoc : oui, je vais souvent voir sur des groupes sur scène mais il faut croire que je n’avais pas fait suffisamment attention jusqu’à présent. C’est sans doute la longue litanie de concerts au Parc Expo jeudi soir qui m’a ouvert les yeux sur l’omniprésence de laptops pommés (pas vu une telle concentration à Rock en Seine cet été soit dit en passant…).
    Et la pauvrette que je suis a justement basculé du côté obscur de la pomme il y a quelques mois ; n’y voit donc point un pamphlet anti-reinette… Mais sans doute me suis-je mal exprimée ! pauvrette que je suis, je retourne donc faire joujou sur mon Iphone…

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