[2024] Des bouqu’1 sous le sap1 #20 : Personne ne meurt à Longyearbyen de Morgan Audic

Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 7ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Ouvrez donc les pages jour après jour… Envie de grand froid, d’ours polaires affamés et de décès suspects ? Morgan Audic est là pour vous ! 

Envie de grand nord, de cétacés trucidés et d’ours polaires affamés ? Envolez-vous sous la plume de Morgan Audic pour la charmante ville de Longyearbyen dans la toute aussi charmante contrée du Svalbard ! « Si tu ne sais pas ce que tu fais au Svalbard, le Svalbard te tuera », récita Karlon. Chaque fois que quelqu’un quitte cette ville, il doit accepter l’idée que ce qu’il y a dehors peut le tuer. Que ce soit un ours, une avalanche ou de la glace qui lâche ». (p. 82)

D’un côté, la Norvège et les îles Lofoten : Åsa Hagen, ancienne journaliste et photographe-reporter de guerre, est retrouvée morte noyée au pied d’un pont. De l’autre, le cercle Arctique, son archipel du Svalbard, sa capitale Longyearbyen aka la ville la plus septentrionale du monde : le cadavre d’Agneta Sørensen, jeune étudiante originaire de Tromsø, titulaire d’un doctorat en biologie arctique est retrouvé, en partie dévoré par un ours, près de la carcasse d’un cachalot. Accidents ? suicides ? meurtres ? la question est légitime… 

De chaque côté, on s’interroge sur ces décès : dans les îles Lofoten, c’est Nils Madsen, journaliste et ex-compagnon d’Åsa Hagen, qui mène l’enquête, seul, sans l’aide de la police, peu encline à s’intéresser à cette jeune femme qui fourrait son nez partout et était une défenseuse convaincue de la cause animale. Nils Madsen refuse catégoriquement de croire à la thèse du suicide qui semble arranger tout le monde… A Longyearbyen, c’est Lottie Sandvick, flic pugnace, en proie aux crises d’angoisse, qui enquête et suit son intuition première : pour elle, il y a un truc louche dans le décès de cette étudiante. 

D’ours polaires mangeurs d’hommes (ou de femmes) aux bélugas scarifiés post-mortem, plongez dans le grand nord sauvage arctique ! où la sauvagerie de la nature n’est pas moins virulente que celle de ses occupants humains. Personne ne meurt à Longyearbyen est un bon page turner, pour peu que les frimas ne vous effraient pas. Morgan Audic décrit les lieux avec détails et réalisme : « Le sud des Lofoten était un long finistere d’îles cousues entre elle par d’étroites routes qui serpentaient entre l’eau et la terre. A l’approche des bourgs côtiers, le vent salé charriait des odeurs devenues familières. Algues pourrissantes. Bois humide. Poisson séché. Partout, des morues étendues comme du linge séchaient sur des claies de bois, saupoudrées d’un peu de neige » (p. 116). 

On tourne les pages avec impatience, attendant que ces deux intrigues se dénouent. Et la chute est terrible ! Au-delà de la violence des faits, c’est tout un environnement qui est mis à mal par la cupidité des humains. Ces territoires éloignés, réputés à l’abri des meurtres et vols de tout genre, subissent de plein fouet les changements climatiques et économiques. Morgan Audic dépeint les coutumes ancestrales et se fait l’ardent défenseur des préoccupations animales et environnementales : « Aujourd’hui, on nous considère comme des monstres parce qu’on pêche quelques baleines. Il faudrait qu’on ne pêche plus rien, à en entendre certains. Plus de baleines, plus de phoques, même les saumons, on interdira de les pêcher, tu verras ! Les gens de la ville ont oublié d’où ils viennent. des couilles molles. Tout ce pays est un gigantesque parc naturel de couilles molles. Un jour, on se fera bouffer par les Russes… On verra comment ils feront, quand les puits de pétrole du pays seront à sec. Ils reviendront à la mer. On ne fera pas vivre les Lofoten en baladant des touristes dans des hors-bord. » (p.170) Les enjeux sont colossaux et dépassent de loin ce petit territoire perdu. 

Alors, si vous aimez le froid, les méchants russes, les défenseurs de cétacés (on pense pas mal à Paul Watson en lisant ce thriller), les ours polaires en mal de nourriture et les flics décalés, ce thriller est pour vous. 

Personne ne meurt à Longyearbyen / de Morgan Audic – Editions Albin Michel – septembre 2023 –  ISBN 978-2-22648-486-4
Sur le site de l’éditeur

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