Et c’est encore Jean-Louis Brossard qui ouvre la soirée à la Cité, réexpliquant rapidement le pourquoi de l’annulation de Pigeon John. La salle est à moitié pleine à moitié vide et étonnamment masculine… C’est reparti pour trois concerts !
Belone : ils ont tout donné !
Ils étaient initialement programmés vendredi au 4Bis ; ils y ont joué à 14h30 en tout début de week-end donc. Remplacer au pied levé Pigeon John dans la salle mythique de la Cité le vendredi soir, c’est assurément un pari ! Que les Normands de Belone ont relevé haut la main… Un set très pêchu débutant par un morceau quasiment instrumental. Ensuite, trois voix prendront place dont une jolie voix féminine. Dès la deuxième chanson, on se demande d’ailleurs s’ils vont tenir comme ça jusqu’au bout ! Tellement ravis d’être là qu’ils mettent toutes leurs tripes dans leurs chansons… Et le public aime ça.
Une troisième chanson dédiée à Pigeon John : « Merci pour cet excès de vitesse. Ça nous fait très plaisir d’être là ». Belone enchaîne les morceaux pop-rock. To the West à l’harmonica avec des notes électro a tout de la pop joyeuse et sautillante. Ils quittent la scène, ravis, et nous aussi d’avoir pu les entendre ce soir. Belone, clairement une affaire à suivre…
Ava Luna, charivari créatif en provenance de Brooklyn
Première fois en Europe et première fois en France pour ce groupe new-yorkais qui expérimente des vocalises et des orchestrations autour de la pop. Le groupe a été fondé en 2006 par Carlos Hernandez , le chanteur, et Ethan Bassford est le bassiste qui a rejoint le groupe en 2010.
Trois jeunes femmes sur scène, trois voix absolument impressionnantes, qui font inévitablement penser aux girl group des sixties. Des vocalises soul-gospel en chœur mais résolument modernes. Chaque chanson débute par un silence et ce chœur de voix ; ce qui contraste de façon saisissante avec l’orchestration rock électro qui explose ensuite. Car Ava Luna, c’est aussi une basse, une batterie et un synthé. Quant à Carlos Hernandez, chanteur du groupe et leader de ce curieux projet, sa voix est tout simplement très chouette et s’agrémente à merveille de ce trio de voix féminines. Le public rennais est très vite conquis et à l’applaudimètre, on sent une adhésion totale à ces mélodies inventives.
La chanson Black Diamond, « oldiest song » d’après Carlos Hernandez puis la chanson « Black Diamond, Part II », résolument rock, finissent de séduire nos oreilles. Chanson très expérimentale : tout en explosion, avec des dératés du clavier, des voix calmes et des chœurs puissants. Une alternance de douceur et d’explosion tout en saccades.
Les voix ont une place vraiment étonnante : elles sont l’introduction et la conclusion des chansons ; elles sont le squelette et l’accompagnement de la mélodie. Parfois, elles sont un instrument au milieu de tous les autres et confèrent des tonalités très originales à ces constructions.
Pour la dernière chanson annoncée, Carlos Hernandez se saisit d’une guitare et se met à l’accorder. Il demande gentiment au public de patienter. Une des chanteuses prend le public en photo. Ce dernier, docile et sous le charme, patiente calmement. Carlos remercie les Trans Musicales et le public, tout timide du succès rencontré ce soir. Pour cette dernière chanson, une belle place est laissée aux voix féminines… Applaudissements nourris du public quand le groupe quitte la scène. On aperçoit Jean-Louis Brossard dans les coulisses et on se dit, « chic, il va y avoir un rappel » ! Carlos revient seul en scène. Et tout simplement annonce « We don’t know anymore songs ». Mais il nous offre une really old song, qu’il a écrite au College. Lui et sa guitare charment pour toujours le public présent à la Cité. A la sortie, je ne manque pas d’acheter leur album auto-produit et fabriqué de leurs petites mains…
A l’heure où je vous écris, voilà ce qu’on peut lire sur le Twitter d’Ava Luna : « thx 4 the support @transmusicales! we <3 france!!! ». Voilà pourquoi les Trans Musicales me plaisent. Parce qu’on découvre des groupes qui eux-mêmes découvrent un pays et un public et nous le rendent bien.
Wu Lyf ou la révélation
S’il y a bien un concert que l’on attendait, c’est celui-ci. Mon binôme Fafa surtout, très dubitatif, qui avant le début des Transmusicales avait laissé libre cours à ses interrogations sur le buzz créé par le groupe (cf article : Le mystère Lucifer passe à la Cité…).
La scène est minimaliste avant l’entrée en scène du groupe. Une guitare, une basse, un synthé qui fait face à une batterie allégée. Tout en front de scène, sur le même plan.
Wu Lyf s’avance sur scène, à découvert. Première surprise. Tête nue et simplicité vestimentaire. Pas de foulards, pas de fumigènes. Limites potaches : le chanteur porte une veste en jean déchirée sur laquelle est crayonné au marqueur rouge le nom du groupe. Le bassiste porte un tee-shirt du très bohémien Chat Noir. Ces autre garçons qui ont donc crée le buzz dans le milieu musical sont donc des garçons comme tous les autres…
Et une première chanson qui claque, qui rock. La voix du chanteur est rocailleuse et éraillée. Elle me fait vaguement penser à celle de Caleb Followill des Kings of Leon lors de leur prestation sur la pelouse poussiéreuse de St Cloud pour l’édition 2007 de Rock en Seine. Mais toute comparaison s’arrêtera là.
Les chansons s’enchaînent, explosives, bien huilées. On sent parfois malgré tout un flottement entre les quatre garçons : balbutiements techniques, discussions entre les chansons. Rattrapés toutefois par leur interventions en français (jolis efforts à souligner !) et leurs yeux d’enfants écarquillés par rapport à l’architecture étonnante de la salle de la Cité. Au final, ces garçons qui font le buzz et refusent tout contact avec la presse, semblent presque intimidés sur scène.
La prestation scénique est étonnante. Étonnamment limitée. Le chanteur, assis au synthé, tape convulsivement du pied et se donne de grandes tapes sur la cuisse ou la poitrine. Les trois autres membres du groupe jouent, point-barre. Et au final, il ne nous reste que l’essentiel : leur musique. Puissante, explosive et puis curieusement douce finalement sur certains morceaux.
Alors, arnaque pure ou génie ? Nous on penche clairement pour le génie. Ces « lucifériens » ont de l’or au creux de leurs compositions… Leur manque juste quelqu’un pour les guider et ce sera l’apothéose.
Et si maintenant, nous ne faisons plus partie du commun des mortels pour qui Wu Lyf est un mystère, nous n’avons malheureusement pas de preuves à vous apporter : la stratégie anti-marketing se poursuivant, nous n’avons pu rapporter aucun trophée à la rédac ! ni CD, ni tee-shirts… Ce soir, la Cité a pris un air de grotte de Masabielle. Wu Lyf sera la révélation musicale des Trans pour nous… Alleluja !
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Crédits photos : Fafa
Retrouver nos photos de la soirée sur Flickr : Transmusicales 2010 Samedi @Cité
Retrouvez tous nos articles sur les Rencontres Trans Musicales 2010 de Rennes
Le groupe a en fait été fondé en 2006 par Carlos Hernandez (le chanteur), et Ethan Bassford est le bassiste qui a rejoint le groupe en 2010. Merci de corriger cette erreur au plus vite.
@ K : oups ! Désolée pour cette erreur. Je viens de corriger l’article. En tout cas, c’était un très chouette concert ! On espère vous revoir très vite en France…
@Lisenn: Pas de problème!! hehe Carlos est mon petit ami… Je suis à NYC. Je vais dire vos commentaires a Carlos. Merci!
Aussi notons que WU/LYF aurait vraiment mérité son rappel…
Quel dommage ! On en redememande 🙂