Rennes en grands travaux… et en petits dommages collatéraux

Texte courant 5okUne ville, comme tout corps vivant, est sans cesse en évolution : on détruit pour restaurer ou reconstruire. Rennes n’est pas exempte de ce genre de processus. Loin s’en faut d’ailleurs : l’impression que la ville est toujours sens dessus dessous, en travaux gigantesques taraude beaucoup d’habitants. Sans succomber à l’angélisme le plus facile, on s’apercevra que certains habitants sont plus taraudés que d’autres, ce sont ceux dont les maisons laisseront bientôt place aux constructions modernes destinées à loger les nouveaux Rennais.

Ça n’aura échappé à personne, l’un des principaux axes de circulation de Rennes, la rue de l’Alma, aura bientôt changé de visage. D’ici 2015, un projet global de requalification va en modifier complètement l’apparence. Les travaux ont commencé depuis deux ans, de l’esplanade Charles de Gaulle à la nouvelle Porte de Nantes, sur la rocade sud, ce sont plus de 700 logements, des commerces, des bureaux, ainsi que divers équipements publics (dont l’hôtel de Rennes-Métropole qui s’élève désormais au bord du boulevard Clémenceau) qui sont ou qui vont sortir de terre. Selon Territoires et Développements, la Société Anonyme d’Economie Mixte qui gère les travaux, « pour requalifier cet axe et lui donner une meilleure cohérence, l’ensemble sera réorganisé autour d’un aménagement paysager du terre-plein de l’avenue Henri Fréville et de la rue de l’Alma élargie. » On parle également de « véritable axe vert jusqu’au cœur de la ville.» A proprement parler, la ZAC de la rue de l’Alma qui couvre 3,8 hectares permettra la construction de 380 logements neufs environ, de 4 500 m² de locaux professionnels, d’une crèche de 60 places et d’un jardin public. Une nécessité au vu de l’augmentation de la population rennaise, mais à quel prix ?

Texte courant 1okPas encore d’expulsion

Car sur la ZAC Alma, pour construire, il a fallu « déconstruire » et nombreux sont les habitants qui se sont vus dans l’obligation d’aller voir ailleurs s’ils y étaient. Les départs (plus ou moins obligés) se sont multipliés. Et les habitant qui restent s’étonnent du manque de concertation lors de leurs rapports avec la mairie de Rennes : « Nous n’avons pas manqué d’informations mais de concertation, confirme Michel Revault, président de l’association de défense des habitants des quartiers est Alma. En fait, avant qu’on nous dise qu’il fallait partir, le projet était ficelé à 98% ! » Du côté de la mairie, les choses ne sont pas présentées de la même façon : « Nous savons qu’il y a des gens impactés et que c’est souvent très douloureux mais à un moment, lorsque sur l’espace occupé par deux familles, on pourrait en loger soixante, il faut se placer du côté de l’intérêt public », explique Frédéric Bourcier, adjoint au maire chargé de l’urbanisme. « Il n’y a pas eu pour l’instant d’expulsion ».

Aucune expropriation n’a en effet été prononcée. Il s’agit plutôt de « pressions » aux dires des quelques habitants qui résistent : « La municipalité a réussi à faire dégager 80% des résidents, nous sommes une dizaine à nous battre encore », précise Michel Revault.

Les situations des « expulsables » varient : Michel Revault, lui, peut rester chez lui, rue Corentin Carré, mais un immeuble de plus de 20 mètres de haut va être construit au milieu de son jardin à 15 mètres de sa maison. Un pare-soleil en béton qui rendra inutilisable la petite parcelle qui lui restera. Sur la rue de l’Alma, les habitants qui restent devront, eux, partir bientôt : là, les maisons sont destinées à être rasées. Louis et Marie Massot, respectivement 82 et 80 ans, devront quitter les lieux avant la fin de l’été. Un peu plus loin, toujours rue de l’Alma, Louis Bruneau qui vit depuis 40 ans au 107 sort à peine la tête de sa porte : « L’affaire est close, c’est l’évolution de la vie, c’est comme ça, on n’y peut plus rien », dit-il seulement. Tous leurs voisins, ou presque, ont déjà plié bagages. Les habitants qui quittent leur maison sont indemnisés et une proposition de relogement leur est faite : « Je ne dis pas que les gens sont contents de partir mais on essaie toujours de trouver les meilleures solutions », indique Frédéric Bourcier. « Nos maisons sont sous-estimées de l’ordre de 20 à 30%, considère quant à lui Michel Revault. Avec ça, impossible de trouver une équivalence à Rennes, il faut aller loin dans la Métropole. » On atteint effectivement un prix quelque peu prohibitif dans l’accession à la propriété sur la ZAC Alma : 3300 euros au mètre carré.

Mutation de la villeTexte courant 4ok

L’association de défense des habitants de la rue de l’Alma affirme que Rennes veut atteindre une taille qui ferait de la capitale bretonne une ville à dimension européenne. Pour ce faire, des nouveaux logements et des infrastructures à la hauteur de ses ambitions devront donc voir le jour. Frédéric Bourcier réfute cette volonté : « Devenir une ville à dimension européenne ne peut être une ambition pour Rennes, la seule ambition c’est d’être une ville attractive où tout le monde peut vivre. »

La ZAC Alma n’est pas le seul exemple de cette mutation urbaine. Dans le canton nord, les prairies Saint-Martin doivent également faire place à un projet d’aménagement alliant logements et espaces verts. Là aussi des habitants sont impactés : ils devront bientôt laisser place. « On est des anciens, pour la mairie, on est juste bon à aller en maison de retraite », s’emporte Amélie Roussel qui vit au 74, canal Saint-Martin depuis 55 ans.

Texte courant 2okA l’est de Rennes, la ZAC Villebois-Mareuil modifie également tout le quartier Alphonse Guérin. Bernard Loret reste seul au milieu des nouveaux immeubles, sa petite maison et son petit jardin appartenaient déjà à ses parents, il y vit depuis 1960. « Tous les commerces ont fermé ici, c’est pour obliger les vieux habitants comme moi à partir », croit-il savoir.

Et puis toujours ce manque de concertation relevé par les habitants. Pourtant la volonté de la mairie de faire des grands travaux ne date pas d’hier. Ainsi, sur la ZAC Alma, la ville préempte les habitations mises en vente depuis 1983 et des réunions ont eu lieu entre habitants, responsables de Territoires et Développements et élus. Les rachats ont été réalisés dans le cadre d’une enquête d’utilité publique, en toute légalité.

Texte courant 3okCependant les habitants et Michel Revault en tête, reprochent aux élus leur attitude : « Du temps d’Edmond Hervé, les élus, on ne les a jamais vus sur place venir voir par eux-mêmes l’étendue des dégâts, note-t-il. Et des mots blessants on été prononcés : on nous a traités de nantis. » Ceux qui restent encore dans leur maison ne savent pas vraiment à quelle sauce ils vont être mangés. « On ne nous dit rien, on est dans le néant, on doit nous proposer quelque chose depuis deux ans déjà », confirme Louis Massot au 85 de la rue de l’Alma.

Quoiqu’il en soit le départ des derniers habitants ne fait plus vraiment de doute. Au niveau du n°130, rue de l’Alma, derrière une épaisse haie se trouve encore une minuscule maison au fond d’un jardin. Au milieu des herbes folles, une table et quelques chaises indiquent que des gens viennent encore profiter de cet étonnant coin de nature en pleine ville. « L’ancien propriétaire disait qu’il ne partirait jamais, qu’il les attendrait avec son fusil, se souvient Michel Revault. Et pourtant, il y a quelques mois, il est parti sans faire d’histoires. »

Partir sans faire d’histoires et laisser place au Rennes de demain, voilà l’avenir de ces habitants. C’est l’évolution de la vie, on n’y peut rien, disait Louis Bruneau au 107, rue de l’Alma.

2 commentaires sur “Rennes en grands travaux… et en petits dommages collatéraux

  1. delaveau

    le pot de fer contre le pot de terre
    comment expliquer que rennes achete les maisons de la zac alma 30 %MOINS que le prix de marché alors qu elle a acheté le 40 bd voltaire 980000€ pour une maison ancienne avec terrain. MAISON 6 PIECES AVEC PISCINE SUR TERRAIN DE 700M2

    ETONNANT NON QUI EST CE PROPRIETAIRE?

  2. Julien

    J’habite rue Rabelais du coter gendarmerie depuis 2004 et tout ce que j’ais voit en me levant depuis 10 ans maintenant, c’est des immeubles des immeubles et encore des immeubles !!! La rue de l’Alma n’est plus comme hier, tranquille et sans bouchon entre 7h00 du matin jusqu’à 22h00 !!! Maintenant, la rue de l’Alma, c’est quoi ? Que des immeubles que sa des bouchons, toutes les personnes que je connaissait lors que j’avais encore 6 ans, bah maintenant il sont ou ?? Ou ?? ils étaient obligé de partir laissant derrière eu leur maison 🙁 Mes ancien voisin ont même acheter dans la rue ou maintenant les nouveaux immeubles ce construire en gros juste dans l’axe du métro ( en face ) Ou maintenant comment dire,, les immeubles sont juste coller au jardin en gros même dé fois vous vus réveillez le matin vous allez dans votre jardin et vous voyer une voiture qui se gare juste au dessus de votre mur de jardin 🙁

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