Lundi 02 mai, 5h45, un nombre impressionnant de représentants de l’ordre, casques sur la tête et matraques à la main, ont délogé les quelques 140 personnes, demandeurs d’asile, qui occupaient depuis plusieurs mois le 280, rue de Fougères. Sur ordre de la Préfecture, certes. Mais le DAL (Droit au Logement) dénonce également l’inaction de la ville de Rennes.
Pourquoi la Préfecture a-t-elle attendu si longtemps pour déloger les sans-papiers du squat de la rue de Fougères ? Laissant ainsi de plus en plus de demandeurs d’asile s’installer. La question reste sans véritable réponse. Quelques hypothèses cependant : « Ce week-end, les gens de la préfecture savaient pertinemment que notre avocate était en vacances », explique déjà Yannick Cotin, le président du DAL 35. Mais il faut aussi chercher une piste dans le jeu étrange que se sont livrés depuis le début de l’occupation du site, la Préfecture et la mairie de Rennes, « un genre d’amour vache », précise Yannick Cotin. Et en effet, selon celui-ci, il semblait que dans la semaine à venir, la mairie allait proposer une solution de logement à plus de cinquante squatteurs, la Préfecture en faisant évacuer les lieux ce matin coupait donc l’herbe sous le pied à la majorité socialiste et la mettait face à ses contradictions. Et contradictions il y avait effectivement : « Il y a eu un silence monstrueux de la part de la mairie de Rennes, continue Yannick Cotin. Je n’ai pas vu un seul élu venir visiter les bâtiments. »
140 demandeurs d’asile à la rue
Quant aux associations qui se battent contre le mal-logement, comme Emmaüs, elles n’ont pas été plus présentes au côté du DAL : « Elles sont sans doute persuadées d’être plus dans la réalité que nous et puis, elles, elles dépendent de subventions de l’Etat », déplore le président du DAL en Ille-et-Vilaine. L’évacuation du 280, rue de Fougères s’est faite au petit matin après le dépôt d’une requête auprès du Procureur de la République vendredi soir. Autant dire, qu’il était impossible pour le DAL d’engager un recours avant l’arrivée des CRS. Et après, une fois les lieux vides, il était trop tard. Désormais, 140 demandeurs d’asile se retrouvent à la rue alors que selon la loi, l’Etat est censé leur trouver un toit.