Michel Revault est le président de l’Association de défense des habitants des quartiers est et Alma. Lui-même impacté par les travaux de la ZAC de l’Alma, il tente de défendre les quelques résistants qui restent encore dans leur maisons et ceux dont les jardins vont être touchés.
Alter1fo : Vous êtes vous-même directement touché par la restructuration du quartier?
Michel Revault : J’habite rue Corentin Carré, une rue parallèle à la rue de l’Alma. Moi, je ne suis pas expulsable, je peux rester dans ma maison mais un immeuble de six étages va être construit au milieu de mon jardin. Et il y aura des fenêtres, ce ne sera pas une façade aveugle. J’ai 63 ans et je vis dans cette maison depuis toujours, ce sont mes grands-parents qui l’ont faite construire en 1935. Moi, je dit que je n’ai rien à vendre, il faudra qu’un juge me contraigne à accepter de laisser prendre la moitié de mon jardin.
Comment avez-vous appris que les travaux allaient prendre une telle ampleur ?
Depuis une vingtaine d’années, la ville a préempté les terrains à vendre, on savait que des travaux allaient avoir lieu. La première fois qu’on a vu ce qu’allait devenir la rue de l’Alma, c’est à la fin de l’année 2003. En novembre 2003, il y a eu une exposition au Centre d’Information sur l’Urbanisme, rue Le Bastard. Une exposition plutôt rassurante. Mais à peine un mois après, une réunion publique s’est tenue au Cercle Paul Bert. C’est là qu’on a découvert qu’on allait être impacté, certains que leur maison allait être détruite, d’autres comme moi que leur jardin allait disparaître. En fait, 62 parcelles sont touchées sur la rive est du boulevard de l’Alma.
Quels sont vos rapports avec les élus ? Comment se sont passés les discussions avec la municipalité et Territoires [la société d’économie mixte qui gère les travaux] ?
Nous n’avons pas manqué d’informations mais de concertation. En fait, avant qu’on nous dise qu’il fallait partir, le projet était ficelé à 98% ! On imagine que nos interlocuteurs, les élus et Territoires, sont de bonnes volontés mais pas du tout, les discussions sont de pure forme. Pour l’instant, c’est vrai, il n’y a pas eu d’expulsion, seulement des pressions. Depuis les années quatre-vingt, la mairie rachète les parcelles à vendre. Petit à petit, la population restante a vieilli et la municipalité a réussi à faire dégager 80% des résidents, nous sommes une dizaine à nous battre encore. Du temps d’Edmond Hervé, les élus, on ne les a jamais vus sur place venir voir par eux-mêmes l’étendue des dégâts. Et des mots blessants ont été prononcés : on nous a traités de nantis.
Quels sont les propositions faites par la mairie à ceux qui décident de partir ?
Nos maisons sont sous-estimées de l’ordre de 20 à 30%. Avec ça, impossible de trouver une équivalence à Rennes, il faut aller loin dans la Métropole. La nouvelle équipe municipale est venue sur place, dans mon jardin. C’étaient Lénaïc Briéro et Frédéric Bourcier, ils ne savaient pas quoi dire. Ils m’ont juste dit « si on avait dû prendre toute la parcelle, vous auriez dû être expulsés ».
Bonjour Michel,
Je découvre ton commentaire par hasard. A 63 ans, on devrait pouvoir vivre une retraite méritée sans avoir besoin de continuer à lutter. Je t’apporte mon amitié et le soutien d’un écrivain tout petit, tout petit. A bientôt. Grosses bises à tout le monde dans ta famille.
P. Monfort
Pierre