Coup de bol pour les oreilles rennaises, le festival Treize est de retour du 12 au 15 avril 2018. Pour la seconde édition de son festival fétiche, la belle bande des Disques Anonymes nous a concocté une programmation de pure folie rassemblant ce qui se fait de plus déviant ou chelou en matières de musiques électroniques ou extrêmes. Premier exemple avec l’impressionnante soirée d’ouverture jeudi 12 à l’Antipode pour laquelle ils invitent un des plus beaux monstres du metal industriel : Godflesh, mais aussi leurs tout aussi intenses camarades de Birmingham : Khost ainsi que l’electro pop sombre et fantomatique de Bière noirE. L’enfer aura rarement aussi bien sonné.
La chic bande des Disques Anonymes est non seulement la vaillante organisatrice de l’excellent festival estival Visions mais elle a de plus de plus des fins de soirées particulièrement inspirantes. c’est au cours de l’une d’elle, sans doute particulièrement bien arrosée, qu’ils ont l’idée aussi géniale que casse-gueule d’organiser un festival sur Rennes ayant lieu un vendredi 13. Entre chat noir, trèfle à quatre feuilles et caprices calendaires, ils ont déjà réussi une première édition particulièrement généreuse qui mobilisait pas moins de six lieux différents. L’édition 2018 se recentre sur seulement deux endroits : l’Antipode en ouverture et un chapiteau installé au Parc des Gayeulles pour le gros de la fête. Elle a par contre mis mis les bouchées triples sur la programmation avec un mélange assez somptueux de découvertes excitantes et de formations mythiques pour lesquelles nous nous sommes pincés à treize reprises pour vérifier que nous ne rêvions pas leur venue sur Rennes.
La fête démarrera donc dès le jeudi 12 avril à l’Antipode par une soirée délicieusement brutale.
On peut dire qu’ils démarrent très fort puisque nous aurons droit à la toute première date sur Rennes des hautement influents Godflesh. Né à la fin des années 80 sur les ruines d’un Birmingham ravagé par la politique de Margaret Thatcher, le duo formé par deux potes : Justin Broadrick et Ben « GC » Green va en marquer plus d’un par sa radicalité et ses sonorités novatrices. Après avoir joué de la guitare dans Napalm Death et tapé (trop fort apparemment) sur la batterie de Head Of David, Broadrick rejoint Green sur son projet Fall of Because (nommé d’après une chanson de Killing Joke) qui devient finalement Godflesh. Accompagné d’une diabolique boîte à rythme, ils produisent une musique hybride et puissante. Leurs compostions lardées de rythmique industrielles sauvages et froides, sont bâties sur une basse volcanique qui frappe au plexus, des riffs distordus et un chant tour à tour growlé ou douloureusement mélodieux. Au fil d’une demi-douzaine d’albums dont le séminal et monstrueux Streetcleaner (en 1989), le duo ne va avoir de cesse de peaufiner ce son si caractéristique ayant influencé un nombre incalculable de groupes. Le duo explose dans la douleur en 2002 après le départ de Green mais se reforme contre toute attente en 2010 pour un concert au Hellfest. De ce retour va aussi naitre deux très bons disques : A World Lit Only By Fire (en 2014) et Post Self (en 2017) qui prouvent que le duo n’a rien perdu de son tranchant. La réputation hautement incendiaire de leurs concerts n’est plus à faire et on remercie bien bas le festival Treize d’avoir l’occasion dans le coin d’enfin pouvoir se prendre direct en pleine face la puissance live des deux lascars.
L’autre duo à haute intensité sonique et scénique de la soirée nous vient aussi de la pas très riante cité de Birmingham. Khost est un groupe de métal expérimental industriel qui vient donc également du cœur noir de l’Angleterre mais qui s’est formé au début des années 2010. L’abondante discographie du groupe s’avère aussi envoutante que punitive. La demi douzaine de maxis ou albums écoutables sur leur bandcamp (dont un très bon split EP avec Godflesh), montre un bel éventail d’ambiances cataclysmiques et d’agressions sonores pures. Leur volonté farouche de vous en mettre plein la tronche s’émousse (très) légèrement sur leur dernière sortie Governance pour une noirceur légèrement plus insidieuse mais pas moins intense. Préparez-vous donc à vous en prendre jouissivement plein la gueule en live.
Enfin, la soirée sera aussi l’occasion pour Bière noirE de s’offrir une somptueuse release party pour la sortie en vinyle de son EP Abracadavérique. Ce projet solo du chanteur du furieux groupe de grind metal Satan, s’offre une échappée vers une pop sombre et synthétique faisant la part belle aux qualités d’écritures que nous avions déjà repérées dans son autre formation malgré la fureur et le chaos. Également responsable du très beau visuel du festival sous son alter ego Riton La Mort, le monsieur devrait nous offrir une chouette moment de chanson décalée, abrasive et obsédante.
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Jeudi 12 avril 2018 – Antipode, 2 rue André Trasbot, Rennes – 20h
Tarifs : Membres ADMIT : 18 € – Prévente : 20 € – Sur plac e : 23 €
Plus d’1fos sur :
la page du festival Treize
la chouette émission radio des gars du Secret consacrée au festival