Mansfield.Tya @ l’Antipode MJC le 6 novembre – cette obscure clarté qui tombe des étoiles

(Non, le titre n’est évidemment pas de nous) [et en plus de l’Antipode vous pourrez également retrouver les Mansfield.TYA le samedi 7 novembre au 6par 4 à Laval à partir de 20h30]
Mansfield.TYA 2 ┬® Erwan Fichou & The╠üo Mercier - 72DPI

On le sait, à chaque fois en concert ou sur disque, c’est au tapis que les Mansfield.TYA nous collent. Vendredi 6 novembre, les deux jeunes femmes seront à l’Antipode. On risque encore de finir à genoux.

La faute à des disques à la beauté baroque et à la personnalité assumée. June en 2006, puis Seules au bout de 23 secondes en 2009, à la fois déglingués et lyriques, mélancoliques et violents, tendres et désespérés, nous avaient déjà bien entamés. On y avait souvent été remué par ces bouquets de nerfs offerts à fleur de peau, ces fleurs du mal tout autant vénéneuses qu’apaisantes. Nyx, du nom de la déesse de l’obscurité, leur troisième album (Vicious Circle, 2011) autour du thème de la nuit, angoissante et apaisante, déchirée et tendre, avait fini de saper totalement nos bases, fondant les univers de Julia Lanoë et Carla Pallone dans un équilibre magistral entre légèreté et pesanteur, humour et tendresse, obscurité et clarté.

Autant l’avouer, les disques de Mansfield.Tya, c’est peu dire qu’on les attend. Heureusement, après les Re-Nyx et suivant la sortie en vinyle de leur premier album June sur le label Kshantu, une sublime tournée acoustique  (le sold out tour !) revisitant leurs premiers opus (June donc, mais également l’ep Fuck) est passée par Rennes au printemps durant les Embellies, trompant (un peu) notre impatience. Il faut dire que tous ceux qui y ont assisté en sont sortis bien souvent éperdus d’amour pour la musique des deux jeunes femmes, tant leur concert, tout en même temps bouleversant et drôle, a illuminé la Cité (pourtant seulement éclairée par des cierges).

Mansfield.TYA ┬® Erwan Fichou & The╠üo Mercier - 72DPI

C’est cela dit une habitude de finir un concert de Mansfield.Tya sur les genoux,  l’âme et le cœur ayant rapidement rendu les armes. La faute, encore à des prestations intenses et belles, toujours justes, entre moments qui serrent la gorge et rires irrésistibles. On est souvent resté happé, le regard tendu sur le fil de la complicité des deux jeunes femmes, ce lien à l’intimité et à la confiance inébranlables, à l’intensité à la fois troublante et rassurante, à la fois personnelle et partagée, que chacun dans la salle aspire à protéger. Heureusement après ce coup à l’âme et au cœur (des coups des cœurs) à la Cité, Corpo Inferno est arrivé en septembre, sur le (toujours plus) indispensable Vicious Circle.

Toujours construit autour du violon et des voix, ce nouvel album fait la part belle à la production dans la continuité de Nyx (à l’inverse des deux premiers albums davantage composés à la guitare et au piano –mais déjà autour des éléments centraux voix/violon), mais au contraire de Nyx, ne repose pas sur un thème concept, et cela sans perdre en cohérence pour autant. « Pour Nyx, ce fil conducteur et ce discours nous ont vraiment aidées à nous rassembler et à construire l’album. Là, j’ai l’impression que c’est vraiment homogène au niveau musical. Par conséquent, il n’y avait pas besoin de plaquer un thème, de faire correspondre une idée au niveau du propos » nous expliquait Carla Pallone en mars dernier.

On serait tenter d’affirmer que de toute façon, les Mansfield s’appliquent surtout, disque après disque, concert après concert, à tracer, découvrir, voire creuser et affirmer un propos, une recherche et une cohérence éminemment personnels. Qui d’autre passerait en effet d’un titre (faussement) guilleret sur la tristesse des lendemains de fête (l’addictif et obsédant Bleu Lagon), à une complainte acoustique pour un transporteur belge (Gilbert de Clerc) ? Qui oserait faire coexister les foudres bibliques de Sodome & Gomorrhe et un Palais Noir limite gabber, inviter les amateurs de Larousse à « passer une vie entre amour et zoophilie » et évoquer une Niobé moderne fuyant en Allemagne (Jamais Jamais) ?

Mais surtout : qui affirmerait que le corps c’est l’enfer, tout en composant une musique immensément charnelle ?

Les Mansfield.Tya ne se contentent pas de juxtaposer les contraires, non. Elles les frottent, les habitent, se jouent du noir (Nyx), du blanc (Corpo Inferno), changent constamment de registre, des rires à l’angoisse, de la mélancolie au désespoir, de la violence à la douceur, telles leurs mains – l’une crispée et l’autre tendre (voir le sublime artwork réalisé par Théo Mercier et Erwan Fichou qui parvient tant à dire des Mansfield en une seule image). Julia et Carla sont les deux bourriques qui nous ont fait racheter les Contemplations qu’on avait viré bas de nos étagères, en en retirant l’émotion intemporelle qu’on ne voulait pas y voir. Que veux-tu que je devienne si je n’entends plus ton pas ? répètent leurs deux voix tandis qu’on vacille de l’intérieur.

Et puis il y a le morceau avec Shannon Wright, que les Mansfield.TYA, comme nous, aiment d’amour depuis très longtemps. Le seul titre en anglais, sur ce disque qu’elles ont pour la première fois complètement écrit dans la langue dans laquelle on rêve. Loup Noir. Sur lequel, on entend, bouleversé, les voix de Shannon et Julia se mêler pour la première fois dans l’écrin de cordes sensibles de Carla. On en frissonne d’abord longuement. Puis on sombre, profond, dans les méandres de ce morceau beau à se pendre. Alors on sera vendredi à l’Antipode. Et on espère que vous aussi.

 

L’artwork de l’album choisi comme visuel de la programmation de l’Antipode MJC

Antipode visuel mansfieldOn apprécie la cohérence, le soin et l’ouverture dont fait preuve l’Antipode MJC dans ses choix graphiques, en confiant par exemple la réalisation d’affiches à des jeunes graphistes pour la plupart des événements portés par l’Antipode (Delphine Vaute, Blaz, Wood Campers, Quentin Chambry, Power Biscuit, Marie Theurier, Appelle moi papa et on en passe des dizaines), en offrant également régulièrement ses murs pour des fresques à de jeunes artistes ou collectifs (War, Mioshe, The Feebles, Žilda …) mais aussi en mettant en avant  l’un des artistes qui viendra à l’Antipode pour chacun de ses programmes (et cela complètement indépendamment, semble-t-il, de sa notoriété supposée).  Cette fois-ci, c’est l’artwork du nouvel album des Mansfield.Tya qu’a choisi l’Antipode MJC comme étendard de sa nouvelle programmation. On est allé leur demander pourquoi.

Alter1fo : Vous avez choisi d’utiliser le travail de Théo Mercier et d’Erwan Fichou comme visuel de ce début de saison (associé à l’artwork de Wunderbar). Pourquoi ce choix – qu’on imagine tout autant esthétique que musical ?

L’Antipode MJC : Le choix est dicté par deux facteurs : l’esthétique​ et l’univers​ de la photographie, l’envie de défendre un groupe proposé.

Évidemment, une fois notre choix posé, il nous faut l’accord de toutes les parties !

Le côté lacté et décalé du visuel de Théo Mercier et Erwan Fichou était une évidence et permettait de nombreuses déclinaisons.

À cela, il nous faut ajouter l’attention particulière que nous portons à l’univers du duo Nantais que nous suivons depuis plusieurs années. Nous les avons reçues plusieurs fois dans notre salle jusqu’à leur confier les clés, en 2011, pour une carte blanche (qu’elles se sont empressées de transformer en Carte Noire !!).

Tout se conjuguait donc pour que le visuel de Mansfield.TYA s’impose à nous et que vous puissiez le retrouver partout !

 

Crédits photos : Théo Mercier / Erwan Fichou – Artwork Antipode MJC : Théo Mercier / Erwan Fichou / Wunderbar – Clip : Irwin Barbé


 

Mansfield.TYA sera en concert vendredi 6 novembre à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot – Rennes) avec Benjamin Jarry/Double Bind à partir de 20h.

Tarifs : Sortir ! : 5 € / Membres ADMIT : 14 € / Prévente : 16 € / Sur Place : 18 €

Plus d’1fos sur Mansfield.Tya et le concert à l’Antipode.

[Vous pourrez également retrouver les Mansfield.TYA en concert le lendemain, le samedi 7 novembre à Laval au 6 par 4]


 

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