Des morceaux de violon qui vous font bondir de votre chaise devant votre bureau pour danser dans la pièce, on n’en connaît pas beaucoup. Pourtant, à chaque moitié de Cavaliers, on n’y tient plus et ça finit comme ça : à danser en levant les bras au milieu de la pièce en hurlant à tue-tête : « ils se traînent dans les bois / ils meurent d’amour cent fois / je souhaite qu’il n’y arri-ive pas / de vains efforts avant le trépas » . C’est les voisins du dessous qui sont contents. Alors on a une parade : la voiture. Enfermée, au moins, on fait moins de bruit. Mais on chante pareil, à pleins poumons. On ne sait pas si les deux musiciennes avaient calculé leur coup, si elles se doutaient, en le composant, de la redoutable efficacité et de la classe bouleversante de ce nouvel album. Toujours est-il qu’il s’est très vite imposé, chez nous, comme l’un des grands disques de l’année 2011, et sûrement, de loin, celui qu’on a le plus écouté (alors qu’il n’est sorti qu’en octobre).
Oui, les deux albums précédents des Mansfield TYA (June en 2006, Seules au bout de 23 secondes en 2009) étaient déjà bons, à la fois déglingués et lyriques, mélancoliques et violents, tendres et désespérés. On y avait déjà, souvent, été remué par ces bouquets de nerfs offerts à fleurs de peau, ces fleurs du mal tout autant vénéneuses qu’apaisantes. Mais ce nouvel album a gravi les marches quatre par quatre et emmène Mansfield TYA à des hauteurs où on ne les attendait (naïvement) pas.
Intitulé Nyx, donc, du nom de la déesse de l’obscurité, l’album tourne autour du thème de la nuit. Une nuit qu’on imagine tout aussi angoissante qu’apaisante, tout autant déchirée que tendre pour le duo. Un violon obsédant, des voix doublées, triplées, quadruplées, des percussions sèches sur des boucles synthétiques, des répétitions qui hypnotisent, des mélodies totalement addictives et une réelle cohérence dans la construction font de cet album un écrin bleu obscur pour nos nuits blanches. On a ici l’impression que tous les univers de Julia Lanoé et Carla Pallone trouvent pleinement leur place, d’un réel équilibre gagné, entre légèreté et pesanteur, humour et tendresse, obscurité et clarté.
Quelques semaines après la sortie de ce nouvel album, l’Antipode les a invitées pour une carte blanche avec un principe très simple : elles devaient prendre les commandes, choisir toute la programmation de la soirée et même composer le menu pour les musiciens et l’équipe de l’Antipode le jour-même. On les rencontre ce jour-là, juste après les balances du final qui commencera le concert (ben oui, les Mansfield, elles ne font rien comme tout le monde ! Elles ont déjà commencé par transformer la carte blanche en carte noire…), encore plus adorables et drôles que ce qu’on imaginait. Pourtant, on ne leur parlera ni de notre chorégraphie-en-chambre sur Cavaliers, ni de cette écoute de Cerbère en voiture en pleine nuit, où comme par hasard, tous les plombs du quartier qu’on traversait ont sauté. On essaiera juste de ne pas trop montrer qu’on est impressionné en espérant que nos questions ne seront pas trop nazes…
Écouter l’interview :
Alter1fo : Pour ceux qui éventuellement ne vous connaîtraient pas, est-ce que vous pouvez-vous présenter en quelques mots ?
Julia Lanoé : (se tournant vers Carla) C’est moi qui commence ? C’est moi qui m’y colle… On est Mansfield TYA, un duo. On fait de la musique entre de la musique baroque et de la musique électronique.
Carla Pallone : Avec, entre autres, un violon, des claviers, une batterie, et nos voix…
Julia : Et un tigre…
Carla : Ah oui…
Julia : Sauvage, sur scène… (rires)
Vous avez enregistré Nyx au studio Sylvestre et Maucotel qui est un studio que vous avez construit toutes seules dans une maison. Comment s’est passé l’enregistrement ?
Carla : Cet enregistrement était hyper agréable, parce qu’on l’a fait nous-mêmes, celui-là. On a décidé de s’éviter les contraintes techniques. Donc on a appris. On a fait les prises nous-mêmes. Ce qui nous a vraiment permis de pouvoir cumuler les différentes étapes. On n’a pas vraiment voulu compartimenter, se dire : on compose et après on enregistre. Mais plutôt, on a vraiment fait des expérimentations, grâce à la programmation et tout ça…
Julia : Oui, on a bien aimé. Moi j’ai bien aimé apprendre à me servir du matériel d’enregistrement. Puis surtout virer un ingé-son (rires), ça fait toujours super plaisir…
Carla : En fait, ça nous donnait vraiment la possibilité d’enregistrer quand on voulait, au moment où on le voulait et vraiment de sentir les moments où c’est peut-être plus adéquat. Pour la voix, vraiment, il y a des moments où c’est plus agréable de chanter. Et du coup, de respecter ça…
Et alors justement, vous arrivez, tout est prévu, vous avez déjà vos chansons composées et puis vous enregistrez. Ou alors c’est vraiment un work in progress ?
Julia : En fait, avec un ingé-son, tu as cette contrainte d’avoir été obligé de préparer un petit peu en amont… Et là, du coup on était libre. On s’est pris quelques mois au studio et on a composé, écrit, enregistré, tout en même temps. On a tout mélangé…
Carla : En fait, on s’est donné le thème de la nuit, ce qui nous a donné une direction par rapport à ce qu’on voulait faire. Mais finalement, on s’est toujours un peu demandé… Tu vois, entre le travail de studio et la scène… Il y a ce truc sur scène hyper énergique qui nous manque parfois et là, on a vraiment pris le parti de dire que le studio, c’est carrément autre chose… Et on a aussi envie d’en profiter et de faire ce travail différent.
Vous avez beaucoup dormi pendant l’enregistrement ?
(rires) Julia : Non, je pense qu’on parle de la nuit parce qu’on est plus insomniaque qu’autre chose… Enfin, moi, je suis bien insomniaque.
Carla : Moi, je suis bien une marmotte… Mais je ne décide pas quand… (rires)
ThomR a fait un teaser, et dedans, Julia on t’entend dire ; « je n’ai pas envie d’aller en studio pour faire un truc tout propre et encore un album qui ne va pas me toucher, je ne fais pas ça pour les autres, je fais ça pour nous » C’était quoi votre envie alors avec cet album-là ?
Julia : (Rires) Ça, en fait. Ça a toujours été ça. On aime bien faire de la musique pour nous. On aime bien se faire plaisir. Après, je suis aussi dans le partage parce que j’aime bien les jouer en public, et partager les morceaux avec du monde, mais à la base, quand même les chansons, je les écris parce que j’ai des choses à dire. Pour moi.
Carla : Après ce studio, il est précieux, parce que ça nous donne la possibilité de vraiment nous isoler, de trouver un moment plus intérieur. Comme un moment de résidence où tu choisis vraiment de te concentrer là-dessus. Après, pour cet album… Enfin, je pense à chaque fois, tu te dis, il faut recommencer quelque chose. On arrive aussi à un moment, comme ça fait plus longtemps qu’on joue ensemble, c’est hyper agréable de se connaître mais il y a aussi un moment où tu te dis : « ah ben ça on l’a déjà fait » . Du coup, c’était important de chercher autre chose. D’autres méthodes, aussi, pour enregistrer, pour composer…
Pourquoi la nuit ? Tu nous disais tout à l’heure que tu étais insomniaque… Pourquoi ce thème-là ?
Julia : Je crois qu’on voulait un thème commun parce que ça nous plaisait de partir sur une base d’album où ce ne serait pas juste des petites chansons éparses qui n’auraient rien à voir les unes avec les autres. Même si dans le fond, le thème on s’en fout, ce n’est pas ça qui ressort tout le temps. C’était quand même bien de pouvoir partager un truc. Et puis on voulait parler du silence… Mais bon, ça a déjà été un peu fait, quoi… (rires)
Carla : Au départ, on était en Chine : l’environnement sonore était vraiment hyper bruyant et fatiguant et du coup, on a pensé au silence… Et puis c’était déjà un peu fait…
Julia : Et puis on partage quand même ça beaucoup, la nuit. On est plus tranquille, tout est fermé, moi j’aime bien. Je ne me sens pas obligée, c’est un peu comme le dimanche, tu vois, les assedics ce n’est pas ouvert, le magasin de photocopies non plus… Donc je n’ai rien à faire à part être là, attendre, ou m’ennuyer…
Personne ne sonne à la porte, le téléphone ne sonne pas.
Julia : Normalement non (rires), malheureusement j’ai quand même beaucoup d’amis qui vivent la nuit aussi, donc ça sonne quand même un peu…
Carla : Après, c’était hyper riche aussi, tout ce que la nuit peut évoquer. Du coup, ça nous permettait aussi de parler de cette variété… Et puis ça nous correspondait à toutes les deux…
Vous avez enregistré un album très construit, on peut écouter les chansons séparément, on peut les mettre dans le désordre, ce n’est pas un problème, bien sûr, mais par contre l’album en son ensemble, est vraiment très construit. C’était une volonté en rapport à l’époque ? Les plus vieux disent souvent les albums, c’est sacré, d’autres sont plus singles…
Carla : En fait, on l’a fait sur une période assez concentrée. Donc, du coup, c’était bien de garder cette homogénéité. J’aime bien me dire : « on a fait cet album à ce moment-là » . Après, c’est dur de t’arrêter parce que tu as envie d’aller plus loin… Et c’est possible d’aller toujours plus loin. C’est bien d’apprendre à dire : « là, on s’arrête » … Après, on avait eu envie que l’ordre chronologique dans lequel on a composé les morceaux soit l’ordre. Mais ça ne fonctionnait pas hyper bien musicalement. On a aussi écouté beaucoup de musique baroque. L’envie de l’ouverture, elle était là dès le début. Du coup, on a gardé cette idée d’une ouverture, de deux parties, d’un final, pour structurer un peu tout ça…
Justement, il y a deux parties : La chevelure de Bérénice et l’Horloger du roi. Je me suis dit Bérénice, Rome, Titus, Racine, mais alors ça ne colle plus du tout avec l’Horloger du roi… Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
Julia : (rires) L’horloger du roi, c’est une histoire de teuf (rires). C’est dans les jardins du Louvre. En fait, il y avait des teufs avec les rois, tous les perruqués étaient là-bas. Ils faisaient des grosses teufs, ils fermaient tous les rideaux pour pas être emmerdés… Et du coup, ils buvaient comme des trous, et ils ne savaient plus quelle heure il était et le roi, à un moment, a demandé à l’horloger de construire une pendule… Mais la première pendule sonore, en fait, qui indiquerait aux gens qui sont tous défoncés, que « hop, c’est le matin » ou « hop, c’est le jour », pour être au courant un petit peu de jour/nuit. Donc cette partie-là, elle fait référence à l’horloger du roi.
Carla : Et pour cet album, on avait une carte du ciel qui a été apparemment répertoriée par l’horloger du roi et « chevelure de Bérénice », c’est le nom d’une des constellations.
Je suis très contente de savoir tout ça (rires).
Carla : ça donne aussi une autre histoire, une autre lecture à l’album…
Sur le trois titres qui est sorti avant l’album, on a découvert An island. Ce morceau, pour quelqu’un qui a beaucoup écouté vos deux premiers albums pouvait éventuellement être surprenant. Quelle était votre envie avec ça ?
Julia : Moi, je me lasse vite des choses, je suis quelqu’un qui passe vite du coq à l’âne ( ?) Du coup, je me suis mise à la guitare, j’en fais… Mal. Et puis ça me saoûle, donc il faut que je passe à la batterie, et ainsi de suite. Je pense qu’au niveau de nos albums, moi, j’avais envie d’un truc hyper programmations, hyper électronique. J’écoute ça en en ce moment. J’avais envie de ça. Je n’en avais plus rien à fiche de faire de la guitare. Je n’en n’ai pas fait du tout sur l’album. J’avais envie que ce soit plein de voix, plein de cordes, que ce soit des cordes vocales, des cordes de violon… Et puis de la techno derrière. C’était ça. J’en avais marre qu’on me dise qu’on fasse de la folk parce que je n’ai jamais écouté de folk et que je n’aime pas du tout ça.
Carla : Il faut que je fasse gaffe… Quand tu en auras marre du violon en fait…
Julia : (Rires) Je te dégagerai, je ferai un groupe toute seule, qui s’appellera Mans. (rires)
Carla : Moi à l’inverse, je suis bien violoniste. Et en même temps, là c’était différent parce que Julia a autant composé des parties de violon que moi des mélodies. On a vraiment, je pense, réussi à plus mélanger tout ça et à ne pas à s’enfermer dans des rôles.
Comment vous composez justement toutes les deux?
Julia : Ben justement, comme ça. On a pris vachement de plaisir. Moi j’avais envie d’écrire des bouts de cordes, de violon, de violoncelle, etc..
Tu composes sur le violon directement ?
Julia : Non, par ordi, je dis à Carla : « tiens, fais ça… » (se tournant vers Carla) Et puis toi pareil, tu m’as vachement orientée. On a fait des voix ensemble. On a essayé de tout partager quoi…
Carla : Après, sur cet album, on s’est vachement concentré sur les voix et les cordes. Mais en fait, je pense que c’est vraiment ce qui nous caractérise depuis le début.
En interview avec Yann Tiersen [interview de Yann Tiersen] puis Shannon Wright [interview de Shannon Wright], on avait évoqué la différence entre électrique et acoustique et pour Yann, Shannon était une des personnes qui montrait qu’ acoustique et électrique (et pour vous électronique), ce n’était pas du tout antinomique. J’ai l’impression que c’est vraiment la même chose pour vous.
Julia : Oui, je suis d’accord, c’est pareil. C’est pour ça que pour moi, le passage de la guitare, ou le passage des premiers albums à celui-ci ne me paraît pas du tout incohérent. On raconte les mêmes trucs. C’est juste une suite logique.
Carla : Après sur scène, on est resté très fidèle au duo. On n’a pas eu envie d’apporter des boucles ou des choses pré-enregistrées parce qu’on aime aussi le côté vivant.
Julia : Plus de liberté, quoi.
Carla : Oui, la liberté que ça te donne de jouer toi-même. Après, il ne faut pas s’enfermer là-dedans. Après, c’est comme pour tout, c’est bien d’essayer des nouvelles choses. En fait, je n’y avais pas tellement pensé, qu’il y avait une différence… (rires)
Il y a un morceau, enfin plusieurs, mais je pense à 22h38 , qui est assez cinématographique. C’est venu avec des images, mentales ou réelles, ou alors ça n’a rien à voir ?
Carla : Je crois qu’on compose pas mal avec des images, même peut être plus avec des images. La nuit, c’était important parce que c’est des images assez universelles, assez marquées.
Julia : On a vachement regardé des films ensemble. Et puis, même avec Thomas (ThomR), il fait pas mal d’images. On a produit des images. On est toujours un peu dans ce thème-là. On s’est beaucoup aidé avec Antichrist de Lars Von Trier. Donc cet album sent un peu la brume et le drame.
Carla : C’est marrant, je me disais ça hier, que Julia, toi tu crois que tu fais de la peinture quand tu joues et que Thomas je crois qu’il croit qu’il fait de la musique quand il filme…(rires)
Julia : On est entouré de débiles…
Carla : de gens qui croient qu’ils font un autre truc (rires)
Alors sur cet album, pour rester sur les films, il y a de l’italien, après l’anglais et le français. C’était encore un choix de musicalité différente ou c’était un rapport à Antonioni ?
Carla : Non, c’est marrant, Antonioni, on l’a vu après.
Julia : Il est bien d’ailleurs…
Carla : Il est superbe… C’était aussi pour faire un jeu de mots sur la note et la nuit.
Julia : (se tournant vers Carla) Et puis toi, t’es à moitié italienne, quoi, non ? (rires)
Carla : Non, mais j’ai appris à parler italien, et je suis en train de tout oublier alors avant de tout oublier, je me suis dit, faisons une chanson en italien.
Ma possiamo farla [l’intervista] in italiano, se vuoi…
Julia : Excellent, on continue en italien.
Carla : (rires) Oh, non justement, je suis en train de dire que j’ai tout oublié. Ho dimenticato tutto…
Julia : (prend une voix rocailleuse) Domani matina, andiamo al cimetero. Va bene. (rires)
J’ai une question que j’adore mais qui n’est pas toujours facile. Trois disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Carla : Ah, j’en étais sûre, quand j’ai vu les interviews des autres, je me suis dit « oh la la » … (Rires)… euh…. Trois chacune, ou bien ?
Comme vous voulez.
Julia : (rires et soupirs puis se tourne vers Carla) T’as une idée de base, là ? (Carla fait non de la tête) Je vais dire les miens, quoi… (Rires… et re-soupirs) Je n’en sais fichtre rien. On peut répondre avec autre chose que des disques ? On a le droit de dire des livres aussi ?
Oui, si tu veux.
Carla : (réagit immédiatement en se tournant vers Julia) Oh non, tu vas dire Edouard Levé ! Oh non, prems !
Julia : Oui, c’est clair, je vais dire Autoportrait d’Edouard Levé. (Faussement conciliante, vers Carla) Tu peux dire Suicide, si tu veux…
Carla : Oh ben non, Autoportrait.
Julia : Moi aussi, je préfère Autoportrait. donc Autoportrait d’Edouard Levé, Antichrist de Lars von Trier et puis… en musique… pff, c’est vraiment dur, en musique. (Soupir, réflexion intense)… Non, je peux pas te dire.
Carla : quand même, les Sonates et partita de Bach par Schering, je pense déjà.
Julia : Du coup, ça fait trois trucs. Si on partage Levé et Antichrist…
(A Carla) Tu peux en rajouter en autre…
Carla : Non, non c’est bon.
Julia : On partage déjà les deux premiers.
Carla : Les sonates et partita de Bach, parce que c’est hyper riche et hyper varié et c’est par Schering que je préfère… Enfin, c’est ça que j’ai écouté beaucoup quand je l’ai travaillé.
Merci.
L’Antipode vous propose une carte blanche. Gaétan [Naël, programmateur de l’Antipode] nous avait dit qu’en montant le concept carte blanche, c’est d’abord aux Mansfield Tya qu’il pensait. Comment vous ont-ils présenté les choses ? Comment ça se passe ?
Carla : C’est un super cadeau déjà. On s’est dit : « il faut qu’on lui apporte des chocolats à Gaétan » ou je ne sais pas…
Julia : (la coupe) Ou déjà essayer de réussir la soirée… (rires). On connaît Gaétan depuis très longtemps en fait. Quand il nous a appelées pour nous proposer ça, je me suis dit : « oh la la ça c’est un truc d’envergure monstrueuse, on ne va encore pas avoir le temps, encore un plan qui va tomber à l’eau ». Et puis non, ça s’est fait petit à petit. Ça devenait vraiment sérieux. Il fallait inviter des gens. Du coup, on s’est creusé la tête. On voulait inviter gave de monde. On a limité à trois groupes. Et puis, on s’est permise d’inviter des gens en individuel, comme ça : Amélie de Fordamage, Christelle [Lassort] qui joue dans plein de formations différentes… Puis après, on s’est dit : « tiens, mais moi je voudrais mieux que ce soit une soirée un peu mystique… Donc ce serait une carte noire, ce serait la nuit » . On a rajouté nos petits autels vaudou, les cadres, donc tout ça prend corps et ça commence à vraiment bien me plaire…
Carla : En fait, on a toujours fait attention à l’univers visuel. Du coup, il y a ces cadres avec les posters que Studiolent a édités plus ou moins en parallèle à nos 45 tours. C’est tout une petite série. On avait envie que ce soit là aussi.
En interview on vous demande souvent si vous voulez agrandir le duo, et à chaque fois vous répondez : « non on est très bien toutes les deux ». Là, ce soir, vous n’invitez que des duos. C’est un manifeste ?
Carla : Beh non, entre temps on a découvert qu’Unison est devenu un trio.
Julia : (s’écrie en riant) Christian ce soir, il joue derrière un drap. Je ne veux pas le voir, il se planque ! (rires)
Carla : Non, là surtout, on invite des amis avec nous. C’est un peu le luxe du duo. J’aime bien respecter un certain minimalisme…
Julia : Moi je trouve ça bien de n’inviter que des duos, c’était volontaire quand même. Oui, il y a plein de duos, c’est une soirée qu’avec des gens qui font des trucs super à deux…
Pourquoi avoir choisi ces duos-là, justement. Ils nous ont dit que c’était de bons copains mais il n y a peut-être pas que ça…
Julia : (rires) Il y a des copains qui font de la musique de merde, on ne les a pas invités… (rires)
Mensch, c’est Vale, on la connaît depuis très longtemps, on suit beaucoup ce qu’elle fait. On a pensé à elle direct. Sieur et Dame…
Carla : Claire, c’est mon amie de toujours, mais pas que, en fait… J’ai été hyper touchée par ce qu’ils font, je les trouve (émue)…
Julia : (la sauve en reprenant le micro et la parole) Je trouve que Sieur et Dame, c’est vraiment le croisement entre une chanteuse lyrique et un gitan. C’est hyper atypique. Moi, ça me touche vraiment. Quand ils jouent, c’est vraiment beau. Après je sais qu’il y a plein de gens qui ne comprennent pas trop, qui trouvent ça trop perturbant… Moi, ça me plait beaucoup. Et puis Unison, on les connaît depuis moins longtemps, mais moi, il m’arrive d’écouter quand même pas mal de trucs un peu noirs, électroniques, vraiment avec des GBRRSCROOEKMMR, où tout est un peu confus… Comme Salem. Ou comme Unison, du coup. Je les ai rencontrés plus tard. On les a invités et je suis contente. Je suis très contente d’avoir un groupe un peu électro aussi.
Carla : Après, c’est vraiment chouette que l’Antipode nous ait fait confiance. On a eu vraiment la possibilité de faire comme on voulait, même si ce n’était pas que des choses évidentes.
Vous avez invité Thomas aussi… [ThomR]
Carla : Ah oui, on a invité Thomas. Il fait un petit peu partie de Mansfield maintenant, Thomas (rires). Maintenant du coup, on n’y pense même plus.
Julia : Il croit qu’il est musicien avec nous (rires). Nous, on ne sait pas trop… Il est toujours dans nos pattes. (rires) Je ne me rends même plus compte qu’il filme. Tout à l’heure il filmait, et je voyais Vale qui avait l’air un peu mal à l’aise. J’ai fait : « pourquoi elle est mal à l’aise ? » Et puis en fait, il y avait Thom dans le coin. Moi, je ne le vois plus.
Carla : Ah non, moi je suis toujours mal à l’aise quand même… (rires)
En tout cas, les petits films où on voit boire le thé et tout, c’est vraiment super.
Carla : C’est cool. Thomas sait vraiment être présent tout en restant vraiment humble et fidèle aux autres, quoi. Il reste discret et c’est hyper chouette.
On sait que c’est vous qui composiez le menu, on va vous poser la question quand même… Il y avait des sushis ?
(Rires) Julia : Non ! On a joué le jeu jusqu’au bout. On a fait un menu tout noir : caviar, œufs de lumps, truffe, pâtes à l’encre de seiche, tout est noir ! (rires) Je pense qu’on va mal manger, mais c’est assez dur, quoi (rires)… ou de la réglisse…
Carla : Pour les sushis, il y avait trop de végétariens…
Pour finir, après cette carte noire il y a d’autres concerts, quelques dates en Europe, notamment, le film avec Thomas, d’autres projets ? Vous pouvez nous en parler un petit peu ?
Carla : On aimerait bien faire des Re-Nyx (rires). Du coup, là on tourne pas mal jusqu’en décembre. On essaiera d’organiser tout ça début 2012. Des reprises ou des remixes, en fait, l’un ou l’autre, selon les propositions.
Julia : Et puis moi, je pars en Martinique, surtout ! (rires) C’est surtout ça qu’il est important de dire… (Rires)
Pour un Logic Coco…
Julia : (rires) Un vrai, cette fois.
Carla : Logic Coco, ce n’est pas nous qui avons écrit le texte. On a encore continué : c’est une amie dessinatrice qui a écrit le texte. On n’a invité que des gens à faire ce qu’ils ne savaient pas faire !
Merci beaucoup.
Merci vraiment beaucoup…
Le soir, les Mansfield TYA livreront un concert intense et bouleversant. On ressortira de l’Antipode, ému, une grosse boule au fond de l’estomac et avec plein de frissons sur la peau. Finalement, on aurait encore eu mille questions à leur poser…
Photos interview et live, prise de son, montage son : Caro
Suite au Bug/Hacking d’avant Trans (Liz, remerciements éternels), retrouvez tous les articles (avec leurs nouvelles adresses) sur cette carte noire par ici : le compte rendu de la soirée et les interviews des autres invités de la soirée : ThomR, Mensch, Sieur et Dame et Unison.
Et puis, une fois n’est pas coutume, mais cette fois-ci, on tenait à remercier tout particulièrement Amélia, Gaétan, Nicolas Humbertjean, les Vicious et tous les artistes de cette carte noire qui ont joué le jeu et ont répondu immédiatement à nos demandes. C’était vraiment chouette… Merci.
Une vidéo de la soirée de l’Antipode réalisée par Aurore Patris :
CARTE NOIRE à Mansfield TYA – Samedi 19 Novembre 2011 from Antipode Mjc Rennes on Vimeo.
oui, quelle superbe soirée !
http://www.flickr.com/photos/kphb/sets/72157628066505531/