Une plongée dans l’océan sans bouée mais dans le noir ! C’est ce que vous propose Nicolas Bazoge au Tambour les 10 et 11 octobre prochains pour le festival Maintenant avec la performance/installation Spectral _Ink. Même pas besoin de votre maillot de bain. On vous explique.
Toujours au taquet pour nous faire découvrir des projets inattendus, la joyeuse équipe de l’association Electroni[k] à l’origine du festival Maintenant mêlant arts, musiques et nouvelles technologies, soigne cette année encore notre curiosité avec cinq expériences audiovisuelles assez inouïes à découvrir pendant le festival (qui aura lieu du 8 au 13 octobre prochains).
Après Second Breath de Myra-Ida van der Veen (présentation à lire ici), puis Videochose de Jacques et Panorama par Gamut (on vous expliquait là) et Second Self par Myriam Bleau et Nien Tzu Weng (c’était par ici), on termine aujourd’hui avec Spectral_Ink de Nicolas Bazoge qui sera donc dévoilé au Tambour les 10 et 11 octobre prochains.
C’est dans le cadre du festival Maintenant et de la fête de la science que Nicolas Bazoge revient au Tambour. Il y avait déjà été en résidence pour son précédent projet, Vis Insita, performance visuelle et musicale contrôlée par motion capture optique. Partant du constat que les concerts électroniques derrière les laptops/surfaces midis n’étaient pas des plus funky pour le public (l’artiste jouant de son clavier ou de ses potentiomètres sans qu’on n’en voie grand chose), Nicolas Bazoge avait eu l’idée de proposer un « instrument » permettant une forme de performativité (comme avec un instrument plus traditionnel), mais mettant en sons et en lumières des sonorités et des visuels créés (et permis) par les technologies numériques. A l’aide d’une sphère lumineuse suspendue sur la scène dont les mouvements étaient captés par motion capture (captation et numérisation du mouvement à l’aide de caméras infrarouges synchronisées), et modifiaient les paramètres sonores et lumineux, Nicolas Bazoge proposait de mettre en scène et d’interpréter la musique électronique de manière visuelle et expressive.
Avec son nouveau projet (c’est la première présentation de la création pour Maintenant), l’artiste propose une fois encore une performance audiovisuelle immersive. A priori, si on a bien compris, 24 panneaux en plexiglass translucide d’un mètre de haut et de 30 cm de large sont alignés sur la scène pour une envergure d’environ 10 mètres. Derrière chacun d’eux, des leds émettent une lumière diffuse qui va et vient, créant des vagues lumineuses, des crépitements plus ou moins rapides. Avec ce ressac lumineux, Nicolas Bazoge souhaite évoquer les profondeurs marines, océaniques, qui l’ont fasciné depuis toujours. Qu’elles se révèlent attirantes ou inquiétantes… Ce mouvement lumineux plus ou moins répétitif apparaît également comme un écho visuel aux phares et aux balises côtières qui nous accompagnent dans la découverte des paysages océaniques nocturnes.
Chaque panneau translucide semble parfois laisser apparaître des stries noires abstraites, irrégulières et fantomatiques, rendues visibles seulement avec certaines lumières, comme des filets d’encre (de seiche, de poulpe ?) qui se dissolvent et se meuvent dans l’eau, formes spectrales changeantes qui évoquent également d’étranges axones qui relient les neurones. « J’ai retranscrit les vagues telles des ondes sonores et les courants marins comme les flux électromagnétiques se propageant à travers les neurones » explique ainsi l’artiste. Cherchant à révéler l’inconnu sous la surface, Nicolas Bazoge établit en effet un parallèle entre les profondeurs marines insondées et les méandres mystérieux des courants électriques cérébraux.
Ces mouvements visuels qui vont et viennent s’accompagnent de déferlements plus ou moins réguliers de sons. En partant de données collectées par l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), Nicolas Bazoge a créé un environnement sonore lui aussi mouvant. Il a ainsi transformé les données de l’Ifremer en sons (grâce à une application qu’il a développée avec Vivien Simon), donnant une enveloppe sonore aux formes des vagues, jouant sur la polysémie de l’onde marine devenue onde(s) sonore(s). A chacun de se laisser happer par cet envoûtant ressac lumineux et sonore.
Durant ces deux jours (les 10 et 11 octobre), Nicolas Bazoge présentera deux formes différentes de Spectral _Ink. L’une sera une version automatisée du projet (avec bien sûr quelques modifications aléatoires pour que la boucle ne soit pas toujours identique) que chacun pourra découvrir par lui-même sous la forme d’une installation. L’autre sera une version performée du projet puisque c’est Nicolas Bazoge qui contrôlera en direct les sons et les lumières avec des capteurs gestuels et un logiciel développé par l’Ircam. Ce sont ses mouvements, réalisés live devant nous, qui feront interagir lumières et sons. Un temps de performance immersif qu’on pressent d’ores et déjà hypnotique.
Retrouvez tous nos articles avant, pendant et après Maintenant ici.
Spectral _Ink de Nicolas Bazoge sera présenté Jeudi 10 octobre 2024 de 13h à 20h – performances à 13h, 18h et 20h et vendredi 11 octobre 2024 de 10h à 14h – performances à 12h et 13h au Tambour (Université Rennes 2, Place du Recteur Henri le Moal – Rennes) dans le cadre du festival Maintenant.
Expérience : gratuit, réservation conseillée / Installation : gratuit sans réservation
Maintenant aura lieu du 8 au 13 octobre 2024 à Rennes.
