Le festival Maintenant vous propose de découvrir une étrange chorale inspirée par les grenouilles les 12 et 13 octobre prochains. On vous explique.
Toujours au taquet pour nous faire découvrir des projets inattendus, la joyeuse équipe de l’association Electroni[k] à l’origine du festival Maintenant mêlant arts, musiques et nouvelles technologies, soigne cette année encore notre curiosité avec quatre expériences audiovisuelles assez inouies à découvrir pendant le festival (qui aura lieu du 8 au 13 octobre prochains). On commence aujourd’hui avec Second Breath de Myra-Ida van der Veen.
Plongé.es dans le noir complet, simplement éclairé.es par quatre sources lumineuses pour faire ressortir leurs atours translucides, quatre artistes (dont Myra-Ida van der Veen) se sont chacun.e équipé.e d’un instrument créé pour la performance. Le travail de Myra-Ida van der Veen, venue des Pays Bas, s’attache en effet entre autres à la création d’instruments électro-acoustiques.
Imaginez donc une sorte d’instrument hybride qui s’entoure autour de la poitrine du performer, surmonté d’un ballon de baudruche translucide et éclairé, sorte de troisième poumon que l’artiste peut gonfler, dégonfler, à l’aide d’un long tuyau et dans lequel il.elle peut également chanter, marmonner, crier, murmurer.
Chanteuse et férue d’exploration vocale (entre autres), Myra-Ida van der Veen s’intéresse à la dimension physique du son tel qu’il émerge des corps par la respiration. Quand on chante, on emplit nos poumons. Puis l’air qui en sort fait vibrer nos cordes vocales et nos résonnateurs (notamment le pharynx, les cavités bucale ou nasales sur lesquels les musicien.nes peuvent d’ailleurs physiquement jouer pour modifier le son). Partant de là, Myra-Ida van der Veen a imaginé un instrument comme une extension du corps humain, qui l’entoure, sorte de troisième poumon, qui vient temporairement capturer l’air qui sort des corps, pour en faire un nouvel espace de résonnance pour le son. Un peu comme les grenouilles, explique-t-elle, qui peuvent gonfler leurs gorges à l’envi pour vocaliser.
Comme les batraciens, les chanteur.ses sont ainsi ici muni.es d’un troisième « poumon » qui prolonge le son physiquement et électroniquement (il nous semble qu’une sorte de micro contact -qui capte les vibrations des matériaux- est placé sous le doigt des performers sur le ballon -?-) en lui servant de nouvelle chambre de résonnance. Les quatre artistes inventent ainsi en direct de nouvelles façons d’interagir avec leur souffle -en essayant de ne pas le perdre-, et sans s’interdire parfois de le retenir. Pour mieux entendre. Et se faire entendre. Risquant d’ailleurs parfois l’état de transe flottante qu’on éprouve quand on a respiré trop fort. En naît une étrange performance, sorte de chorale surréelle, toute en souffles et vibrations émergeant de bulles de lumière se balançant doucement dans l’obscurité, dans une chorégraphie sensible et délicate.
En donnant à voir et entendre la vulnérabilité, la fragilité de la voix, tout comme celle du souffle, par essence éphémères, dans une expérience collective et partagée, Myra-Ida van der Veen en souligne la fugacité, et expose délicatement la beauté fertile de la vulnérabilité partagée.
Second Breath de Myra-Ida van der Veen sera présenté
samedi 12 et dimanche 13 octobre 2024 au CCNRB (Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne, 38 Rue St Melaine – Rennes) dans le cadre du festival Maintenant .
Maintenant aura lieu du 8 au 13 octobre 2024 à Rennes. Plus d’1fos ici