Dessiner sur sa peau de toutes les couleurs, tricoter pour des bancs et autres piliers, écouter Christophe Brault en conférence sur l’histoire des Musiques Actuelles, découvrir une lecture-concert autour d’Aimé Césaire menée par Olivier Mellano et Arm, suivre un trio masqué au rock détonnant dans les couloirs des Champs Libres, faire du graffiti numérique ou danser la Zumba : voici quelques unes des activités que l’Antipode MJC vous proposera ce dimanche 6 janvier aux Champs Libres.
Testée et approuvée, la formule des Premiers Dimanches aux Champs Libres est reconduite en 2012-2013. Non seulement l’équipement culturel rennais vous ouvre ses portes le dimanche, mais non content de vous accueillir pour le planétarium, la bibliothèque ou les expos, il laisse ses clés à une association ou une structure du paysage culturel rennais pour animer les lieux le premier dimanche de chaque mois. Ce dimanche 6 janvier, après les deux Premiers Dimanches concoctés par l’Opéra de Rennes et le Musée de la Danse en décembre et novembre, c’est l’Antipode MJC qui s’y colle. Petit coup d’œil sur ce qui vous attend.
L’Antipode MJC aux Champs Libres : dans la continuité d’un projet
Pour tout dire, on n’est pas étonné de voir l’Antipode MJC prendre à son tour la clef des Champs. La structure rennaise articule en effet depuis plusieurs années son projet autour de deux axes forts : d’un côté, le développement de l’animation de proximité en faveur des populations du quartier où elle est implantée (actuellement Cleunay, plus tard La Courrouze) ; de l’autre, l’accès aux musiques actuelles pour tous ainsi que la rencontre avec les artistes. Et cela quitte à mettre en place des actions culturelles et artistiques dans et hors les murs, pour vraiment permettre de nouvelles rencontres entre les publics et les artistes. On a d’ailleurs déjà fréquemment salué dans ces pages les propositions de l’équipe de l’Antipode MJC.
Pour exemple, la salle est ainsi à l’origine de temps forts qui bougent les lignes de ce qu’on attend généralement d’une salle de concert. En plus de mettre en avant la scène locale sur une semaine avec les Start’in Block qui ouvrent la scène dans des conditions professionnelles à la scène musicale locale depuis déjà 17 éditions (la 18ème aura lieu le 1er février), elle propose un espace de rencontres des nouvelles pratiques urbaines (avec Urbaines ; la quatrième édition se tiendra du 4 au 17 mars). Elle ouvre également des espaces neufs à des spectacles inclassables dans des configurations changeantes avec Les curiosités du Docteur Fullmoon… ou donne Carte Blanche (ou noire…) aux artistes (Gablé, Mansfield.Tya, Frustration…) pour monter leur soirée de A à Z (des groupes qui joueront jusqu’au menu servi à l’équipe technique…).
Une ligne directrice semble sous-tendre toutes ces propositions de l’Antipode MJC : il s’agit à chaque fois d’expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public. Dans le même mouvement, la salle propose des rendez-vous familiaux autour de thés, de gâteaux et de concerts, L’instant Thé afin d’aller à la rencontre de tous les publics et de permettre aux familles de sortir ensemble le dimanche après-midi. Mais également un Court Circuit : ce parcours musical dans Cleunay sur trois jours permet à un artiste de partir à la rencontre des habitants du quartier dans leurs maisons, leurs lieux de vie, l’équipe de l’Antipode MJC ayant transformé les domiciles des particuliers, les structures de vies (crèche, maison de retraite), et des lieux de passage (la place à côté de la clinique de la Sagesse , le restaurant social le Fourneau, le restaurant Biocoop…) en espace de diffusion artistique… L’idée étant de partir à la rencontre des publics vivant à l’intérieur même du quartier… Et dans un double mouvement, d’amener les publics « extérieurs » à venir découvrir le quartier et ses habitants en venant assister à un concert.
Bref, si vous ajoutez à cela la dimension d’animation de proximité défendue par la structure (avec des ateliers, notamment pour les jeunes, des conférences, des cafés-citoyens, etc…), on ne s’étonne plus de voir l’Antipode MJC prendre les commandes des Champs Libres pour un après-midi. Malgré la défection de la Cie des Femmes à Barbes (bien connue des amateurs des Curiosités du Docteur Fullmoon) depuis l’impression, le programme mélangera d’ailleurs avec bonheur plusieurs ateliers, animations, artistes ou actions culturelles déjà testés (et approuvés) à l’Antipode MJC, que ce soit du côté MJC ou du côté Antipode-SMAC- (mais les deux pôles ne sont-ils pas finalement très imbriqués ?).
Le programme
On commence par l’exposition aux Champs Libres des Mécaniques Poétiques de Yann N’Guema, musicien du groupe Ez3kiel (qu’on ne présente plus) également graphiste (c’est à lui qu’on doit notamment les affiches des TransMusicales entre 2007 et 2011), hautement onirique et tout bonnement fantastique. L’artiste a en effet détourné une douzaine d’objets anciens (machine à coudre, instruments scientifiques du XIXe siècle, vieille bicyclette, statue sculptée… ) pour les transformer en instruments sonores et visuels interactifs : orgues à flacons, cage à oiseaux chantantes ou autre polyphon dont chaque spectateur est invité à jouer, plongé dans un décor qui joue sur l’alliance entre modernité et un certain désuet. Magique.
Habituellement, des médiateurs des Champs Libres vous aident à appréhender les œuvres de Yann Nguema. Ce dimanche, l’Antipode MJC les a remplacés par de nouveaux médiateurs : des enfants (de 6 à 15 ans) de l’accueil de loisirs de l’Antipode MJC, qui de novembre à janvier, ont travaillé autour des Mécaniques Poétiques et sont dans les starting block pour nous présenter le fruit de leur travail. On a hâte de le découvrir !
On attend également beaucoup de la relecture d’Aimé Césaire par le guitariste à la jazzmaster le plus connu de l’ouest Olivier Mellano (et dont le dernier projet How we tried… nous a bien vrillé la tête !) et son comparse rappeur Arm qu’on ne présente plus non plus par ici (interview là). Vu l’étendue du talent des deux artistes, il y a de grandes chances pour que cette lecture-concert au pôle Musiques de la Bibliothèque soit un temps fort de l’après-midi.
On est aussi impatient de retrouver notre animateur-conférencier préféré, le bondissant Christophe Brault qui devra en 69 minutes pile poil nous retracer l’, ou plutôt une histoire, soyons modestes, des musiques amplifiées (après avoir récemment tenu plusieurs conférences sur les Musiques Noires à l’Antipode). Lors du dernier enregistrement de Music Machine (émission mensuelle produite par Alter1fo et diffusée sur RCR), Christophe nous avouait s’arracher les cheveux (c’est une expression) pour arriver à tout caser en 69 minutes (tiens, et pourquoi pas 67 d’ailleurs…). Bref, si vous voulez apprendre des choses tout en écoutant le meilleur des musiques amplifiées, certes sur un rythme effréné mais dans un esprit bon enfant, n’hésitez pas à rejoindre Christophe Brault dans la salle de conférences Hubert Curien.
Pour les amateurs d’accordéon diatonique (ils sont nombreux en ces terres de Grand Soufflet), Meriadec Gouriou et sa boîte du diable donneront également plusieurs concerts à l’intérieur du Musée de Bretagne. On imagine que le cadre du Musée sera un écrin parfait pour les mélodies aussi habitées que virtuoses du musicien. Fort à parier que les prestations du bonhomme devraient tout bonnement vous filer des frissons.
Puisqu’il s’agit d’amener ses propositions à l’intérieur des Champs Libres, cette fois-ci, l’Antipode MJC ne propose pas un Court-Circuit avec une balade musicale dans le quartier de Cleunay mais un parcours musical à l’intérieur même de l’équipement des Champs Libres avec des musiciens qui aiment autant investir les scènes « classiques » que la rue avec leur rock orchestral en trio : Güz II. Après avoir travaillé en résidence à l’Antipode (en 2010), avoir remporté le tremplin des Jeunes Charrues du Pays de Rennes en 2011 ou avoir proposé un ciné-concert (La guerre du Feu) en ouverture de la saison de l’Antipode, les Güz II (interview ici) devraient sans peine transposer leur rock de rue en rock de Champs… Libres, toujours.
Mioshe (interview à lire ici), street-artiste-mais-pas-que, est également connu du public de l’Antipode puisque le jeune artiste a, entre autre, réalisé une gigantesque fresque éphémère pour relooker l’Antipode MJC lors de l’édition 2011 d’Urbaines. Son collage n’est resté que 3 semaines mais a fortement marqué nos esprits avec ses personnages surréalistes et sa composition un brin déjantée. Pour ce Premier Dimanche aux Champs Libres, Mioshe se propose de transformer l’espace, de lui donner une nouvelle dimension : de « créer sur et avec des éléments pré-existants » . Dans le détail, Mioshe explique : » le dôme de l’Espace des sciences est recouvert d’ardoises formant un réseau de losanges semblables à des écailles anthracite. J’ai sélectionné une dizaine de ces losanges entre l’espace intérieur et extérieur, et par un effet de trompe l’oeil, je les ai transformés en pyramides. Quand on s’approche, on se rend compte que cette pyramide n’est qu’un morceau de carton, avec des facettes colorées regorgeant de petits dessins » .
Charlotte Iung, qui propose régulièrement des ateliers tricots à l’Antipode MJC, se propose également de vous inviter à relooker les Champs Libres… Par la seule grâce d’aiguilles à tricoter ! Adepte éclairée du yarn bombing ou autre guerilla knitting (cela consiste à recouvrir l’espace public, par exemple, le mobilier urbain, de laine tricotée) la tricoteuse hors-pair pourrait bien vous convertir aux joies du tricot. On est par ici très fan de ces créations éphémères, colorées et poilues qui s’invitent de plus en plus dans les rues de Rennes, non sans un certain humour parfois.
On retrouvera avec grand plaisir les « assassins de la peau lisse » de l’équipe des Skin Jackin’ (littéralement kidnapping de la peau) qu’on avait découvert, déjà à l’Antipode MJC, pour l’édition d’Urbaines 2011. Oui, d’habitude, les fans de Hip hop graffent sur les murs de la ville. Pour les Skin Jackin’ en revanche, ce sont plutôt les épidermes de chacun qui se parent de lettrages et de plages colorées.
Lorsqu’on se fait kidnapper par un membre du collectif, on ressort de là avec une sorte de tatouage cartoon éphémère coloré sur un bras, le cou ou une partie du dos. Si ça ne plait pas, pas d’inquiétude, un coup d’eau et de savon efface l’œuvre éphémère. Mais on parie plutôt sur un franc succès des Skin Jackers ce dimanche aux Champs Libres qui adorent dessiner « pour de vrai, en direct, en improvisant ».
Vous pourrez de même tester l’installation de graffiti numérique Picturae 2.0 mise au point par Taprik, très intuitive et aux résultats impressionnants. Pour s’en servir : une bombe aérosol fictive pour garder le geste du graffeur, mais en lieu et place de mur, c’est l’écran que vous graffez. Les enfants adorent ! On est également impatients de découvrir les projections argentiques (ils partent de la pellicule, de diapos ou de films 16mm) que les diapo-jockeys de Vitrine en Cours vont proposer pour ce Premier Dimanche aux Champs Libres et on a hâte d’être totalement immergé dans leur univers.
Autres ambiances avec le Collectif Volkanik accompagné par Bjala Roza. On nous promet un show qui fera monter la température de plusieurs degrés à mi-chemin, tenez vous bien, entre le folklore tzigane de Macédoine, de Roumanie et de Serbie et l’inspecteur Derrick ! Bigre.
Et puis si avec tout ça vous trouvez encore le moyen de vous ennuyer, il vous restera la possibilité de vous faire une toile avec la diffusion du documentaire de Marc-Antoine Roudil donnant à voir le processus de création au plus près en suivant la jeune musicienne Le Prince Miiaou de la page blanche jusqu’au concert. Maud-Elisa Mandeau écrit et compose seule la quasi totalité de ses albums et pousse aussi le vice à créer elle même ses pochettes et ses clips dans un pur esprit DIY. La voir au travail, entre doutes, efforts et petits réconforts, ne devrait pas manquer d’être intéressant.
Et si vous n’en avez pas encore assez, l’équipe de l’Antipode MJC vous propose également de participer à des ateliers de fabrication d’instruments de musique à partir d’objets de récupération. Pour qui les kazoos ou autres flûtes traversières ? Et bien pour ceux qui ce seront inscrits (dans le hall) à l’un des trois ateliers (tous âges à 14h15, de 6 à 8 ans à 16h, de 9 à 12 ans à 17h – attention nombre de places limité !)…
Une petite idée désormais de l’endroit où vous viendrez digérer votre galette des rois ? Et puis, qui sait l’équipe de l’Antipode MJC aura peut-être amené avec elle ses babys-foots…
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Premier Dimanche avec l’Antipode MJC : Dimanche 6 janvier aux Champs Libres, entrée libre de 14h à 19h.
Lors de ce Premier Dimanche, l’entrée pour les collections permanentes est gratuite, tout comme pour l’exposition temporaire du musée de Bretagne, Reflets de Bretagne, 160 ans de photographies inédites (attention, c’est le dernier jour pour visiter cette exposition ; à noter : visites commentées à 15h et 17h). L’entrée est également libre en salle Anita Conti pour l’exposition Les mécaniques poétiques.
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Zut j’peux pas j’ai la galette chez mémé, on peut pas décaler à dimanche prochain ? :-/
moi aussi c’est ballot 1:-)
Cette journée était vraiment sympa et le public au rendez-vous super initiative . Mention spéciale pour les mécaniques poétiques d’Ezekiel Juste magique et envoutant .