A chaque nouvelle édition de La Route du Rock, un de nos petits plaisirs rituels est de dénicher dans la foisonnante programmation les formations qui, en dehors des têtes d’affiches, risquent bien de nous botter sévèrement les fesses. En bons et fiers addicts du pronostic, nous avons choisi pour chaque journée au Fort un groupe qui risque bien de nous mettre une mémorable calotte. Et, qui l’eût cru, ils sont tous anglais !
Même si certains expriment des doutes plus que sévères à ce sujet, le festivalier de la Route du Rock est bien un être humain. Il lui arrive donc fatalement au cours des trois journées de sacrifier un des moult concerts qui lui sont proposés à des besoins vitaux de base comme comater dans un endroit incongru, boire plus que de raison ou manger moins bien que de raison. En fan de musique (presque toujours) consciencieux même ivre mort, le festivalier aguerri programme souvent ces petits écarts en dehors des gros concerts les plus attendus. Sauf qu’il risque fort de se priver à l’occasion d’une de ces grosses claques imprévues qui font tout le piment de cet épatant festival. Voici donc une petite tentative de pronostic, pour chaque journée, des groupes qui pourraient bien nous coller des uppercuts sous le menton sans qu’on ne les ait vus venir de loin. Nous avons plutôt tapé dans la frange la plus vénère de la sélection. On ne se refait pas.
Les groupes anglais, on les aime bien énervés. Coincé au milieu d’une soirée à la programmation très riche et entre les sets de Car Seat Headrest et Thee Oh Sees, il est fort possible que vous ayez la flemme de tracer jusqu’à la seconde scène des remparts pour y entendre Idles. A notre humble avis, vous risquez d’avoir bien tort. Ce quintet de Bristol semble en effet réunir tous les ingrédients pour un set furibard et ravageur. Composé du frontman vénère et sarcastique Joe Talbot, des deux guitaristes : Mark Bowen et Lee Kiernan, de Adam Devonshire à la basse et de Jon Beavi à la batterie, la bande existe depuis 2012 mais n’a sorti son premier album, dans la douleur, qu’en mars dernier chez Bailey Records. Ce disque annonce clairement la couleur en s’intitulant Brutalism. Il regroupe treize redoutables boules de fureur punk nourries de galères multiples, de tensions internes et de deuil (la couverture du disque affiche la photo de la mère du chanteur décédée durant la réalisation de l’album et ils lui rendent un hommage aussi brutal que touchant dans l’ébouriffant Mother). On y retrouve le délicieux mélange de riffs dissonants et tranchants, de rythmiques insidieuses et d’un chant narquois et au bord de la rupture. Le tout est composé avec bien plus de finesse que l’on pourrait le supposer. Nous avons donc hâte au plus haut point de découvrir ce que vaut sur scène la bande. La scène des remparts devrait d’ailleurs être le réceptacle parfait pour l’explosion cathartique de leur bile noire et de leur impitoyable humour.
Idles – Vendredi 18 août août – Scène des remparts – 23h25
Les groupes anglais, on les aime bien vaporeux. Nous avons en effet effectué une petite gigue de joie à l’annonce de la venue des Cold Pumas à cette nouvelle édition du festival malouin. Leur second album, The Hanging Valley sorti en août 2016 sur l’excellent label Faux Discx (Sauna Youth, Rips, Housewives…) s’est insidieusement scotché à nos platines au fil des écoutes. Le groupe initialement composé de Daniel Reeves et des deux frangins Fisher (aussi responsables du label Faux Discx) s’est adjoint pour cette seconde galette les services de la bassiste Lindsay Alexander Corstorphine. Ils ont composé un disque qui, de prime abord, ne paye pas forcément de mine avec ses compos entre post-punk et shoegaze efficaces mais pas si évidentes que ça. Sauf que l’on a pris un plaisir grandissant à y revenir et que chaque nouvelle écoute s’est révélée plus convaincante que la précédente. Nous sommes donc désormais extrêmement impatients d’entendre ces titres joués en live et nous vous conseillons donc de ne pas être en retard pour l’ouverture de cette seconde journée.
The Cold Pumas – Samedi 19 août août – Scène des remparts – 18h30
Les groupes anglais, on les aime bien… très anglais. The Moonlandingz est au départ une blague, un groupe fictionnel inventé par les grands malades de Sheffield de The Eccentronic Research Council pour leur album de 2015 (On prend son souffle) : Johnny Rocket, Narcissist and Music Machine…I’m Your Biggest Fan. Le disque narrait les mésaventures de Johnny Rocket, chanteur de The Moonlandingz, pourchassé par une psychopathe incarnée par l’actrice Maxine Peake (Shameless…).
On part déjà sur des bases raisonnablement tarées, sauf que les zigues ont ensuite décidé de pousser le délire encore plus loin en donnant vie au groupe. Pour se faire, ils ont vu large en recrutant ces merveilleux malades de Lias Saoudi et Saul Adamczewski de Fat White Family, Rebecca Taylor du duo Slow Club mais aussi Sean Lennon ! Le plus étonnant c’est que cette alliance improbable a donné avec Interplanetary Class Classics, sorti en mars 2017 chez Transgressive, un disque aussi débile et bordélique qu’excitant. Il faut dire que l’album pousse encore le port nawak dans le rouge avec des invités comme Phillip Oakey (de The Human League), Randy Jones (le cowboy de Village People !)… et même Yoko Ono sur un épatant titre final. Entre glam crapouilleux, electro-pop psychotique, rock cradingue et synthétique, déclaration d’amour aux vignobles français (préparez-vous à hurler « Châteauneuf du Pape » dans le Fort Saint-Père) et duo sixties pervers, le disque brasse large et ne se refuse rien, le meilleur comme le pire. Il le fait de plus avec un mauvais goût redoutable et une énergie et un humour totalement irrésistibles.
Autant dire que cela nous promet un bordel sans nom sur scène et que ce fabuleux cirque Rock’n’Roll risque bien d’être une des moments les plus mémorables de cette édition.
The Moonlandingz – Dimanche 20 août – Scène des remparts – 00h05
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La Route du Rock Collection Eté 2017 aura lieu du jeudi 17 août au dimanche 20 août.
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Une vue aiguisée et générale de la programmation des 4 journées par Isa