Focus sur la scène rennaise – Astrodynamics en interview

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

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Il y a pile un an, pour la précédente édition de Bars’n Rennes, Gautier Basyn aka Astrodynamics était en concert au Sambre. Jean-Louis Brossard s’y trouvait alors, et séduit par le live du jeune homme, programma l’électro coldwave d’Astrodynamics aux TransMusicales 2012. Depuis, le jeune homme s’est attelé à la réalisation d’un premier ep (Come to the USA) dont la sortie est prévue pour l’automne. Il a également été invité sur la première sortie du projet Viel SpaB (explications ci-dessous) et se trouve, ce jeudi 30 mai, de nouveau programmé à Bars’n Rennes, mais cette fois-ci pour un live à l’Ubu. Une façon de boucler la boucle en quelque sorte. Rencontre.

Astrodynamics copyright Deadly Sexy CarlAlter1fo : Si tu devais te présenter en quelques mots ou quelques lignes, que dirais-tu ?

Astrodynamics :  Il n’est jamais très facile de décrire son projet ; surtout en quelques lignes. Mais je pense que les mots Electro et Coldwave sont assez représentatifs. Le premier définit avant tout le côté dansant du projet avec des batteries assez percutantes et des basses rondes voire parfois noisy. La voix penche elle, plus du côté Coldwave / Newwave avec ce côté froid et ténébreux. C’est aussi vers ce style que tendent les claviers et les synthés.

Au tout départ, Astrodynamics était seulement instrumental. Puis tu as ajouté la voix. Comment en es-tu arrivé à ce projet ? Quelle est la genèse d’Astrodynamics ?

Ce projet est très récent mais il a mis très longtemps à mûrir. Pour trouver les prémices, il faut chercher bien avant le nom Astrodynamics : j’ai commencé la musique au collège en tant que chanteur dans un groupe de rock. A l’époque, j’écrivais des textes français engagés. Le groupe avait bien débuté mais notre batteur est parti et j’ai décidé d’acheter une boîte à rythmes. On a continué la musique, mais notre univers a dérivé vers le rock/trip-hop. Quand on s’est séparé en 2007, j’avais déjà acquis pas mal d’instruments électroniques. C’est donc naturellement que je me suis tourné vers les musiques électroniques.

J’ai débuté dans univers minimal house avant d’être influencé par la french touch 2.0. Je suis donc parti sur un son plus agressif, plus crado mais bien plus efficace. J’ai alors fait quelques petites dates sur Rennes et Caen. Mais, lassé par la turbine et la disto, j’ai mis la scène de côté pour travailler mon univers musical. Je suis resté dans mon petit studio pendant deux ans jusqu’à ce que je décide d’inclure ma voix. J’ai travaillé à fond jusqu’à ce que ce nouveau projet aboutisse. Et, en décembre 2011, je faisais ma première date à Rennes.

Forcément on pense à Interpol à cause de ta voix très grave, mais aussi beaucoup, et c’est lié, à la cold wave eighties. Comment qualifierais-tu ta musique de ton côté ? Quelles sont les influences que tu revendiquerais ?

J’ai déjà pas mal défini la question du style dès la première question. Je pense que c’est devenu un réflexe. En France, c’est vrai que l’on cherche souvent à inclure les groupes dans des cases. Aux débuts d’Astrodynamics, lorsque je me cherchais, les morceaux étaient très différents, très éclectiques et j’étais toujours perdu lorsque l’on me demandait de définir ma musique. Aujourd’hui, je pense que ces deux mots (Electro et Coldwave) définissent assez bien la musique que je produis. Pour retrouver mes influences, je pense clairement lorgner de ces deux côtés mais aussi y ajouter le rock qui a une grande influence chez moi. Pour ne citer que quelques groupes (dans le désordre), je dirais : The Cure, Minimal Compact, The Strokes, Suicide, Dead Can Dance, Daho et les Chemical Brothers.

CaptureTrois disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?

From Here To There de Girls In Hawaii

Suicide (second album) de Suicide

Surrender de The Chemical Brothers

Comment est venue l’idée de rajouter la voix, alors qu’au début tu étais plutôt sur un projet instrumental ?

J’étais dans mon petit studio à la maison en train de travailler sur un remix des Clash lorsque je me suis dit: “Mais oui, c’est évident, je suis chanteur avant tout, pourquoi ne pas mélanger la voix à l’électronique”. J’avais été chanteur et la voix me manquait, j’en avais besoin et c’était devenu une évidence ; il fallait que je reprenne le chant. J’ai testé le mélange et j’ai posé ma voix sur certains morceaux. Par chance, le lien c’est rapidement fait car je pense que mes compositions étaient déjà bien influencées par la coldwave. Par la suite, la voix s’est rapidement imposée : j’ai commencé avec un ¼ de chant dans mes premiers lives. Aujourd’hui, je suis passé à ¾.

Comment est-ce que tu composes ?

Il n’y a malheureusement pas de recette miracle et c’est très aléatoire. Parfois je commence un morceau par une basse ou un synthé, mais il arrive que je débute par une batterie et parfois un petit air chanté. De plus, je n’ai pas de lieu de prédilection pour la composition : c’est souvent chez moi mais je compose aussi dans le train ou dans la voiture.

Il semblerait que tu travailles tes morceaux d’abord par le live avant de les enregistrer. Peux-tu nous expliquer ce processus ?

Complétement. J’adore le côté authentique de la composition et je passe peu de temps sur mes morceaux (un ou deux jours maximum). Je suis très friand du premier jet et j’aime avoir une certaine liberté en live. En électro, il est très facile de rentrer dans une certaine routine et de proposer des morceaux bien trop calibrés. Je viens du rock avant tout et j’ai besoin de liberté. J’aime proposer des morceaux inédits qui ne sont pas trop travaillés et qui peuvent me laisser une importante marge de manœuvre. Je n’ai encore jamais proposé deux fois le même live, car il évolue au fur et à mesure de mes humeurs et de mes nouveaux morceaux.

Astrodynamics - Come to The USA epTu viens de réaliser ton  premier ep Come to the U.S.A.. Quelles sont tes envies avec ce disque ? Et quand va-t-il sortir en définitive ?

Concernant mes envies, c’est une question complexe. Il est difficile de prévoir les retombées (surtout sur un EP) ; mais l’objectif est avant tout de faire connaître le projet Astrodynamics. Il permettra aux personnes qui ne connaissent pas le projet de découvrir le live et permettra aux connaisseurs de le re-découvrir. Comme beaucoup de musiciens, je préfère la scène au studio. Mais je pense que cet EP a su allier les deux, car le disque est très représentatif du live, il est perché sur un fil tendu entre noirceur et dancefloor. Concernant sa sortie, je peux enfin annoncer le samedi 5 Octobre.

Parfait ! Tu as participé au projet Viel SpaB (événement alliant une exposition, une soirée et la production d’un objet musical en édition limitée, initié par la collaboration entre la DMA Galerie et de Luke VW de Crab Cake). On te retrouvera donc sur le premier ep VielSpaB 01, qui va sortir en édition limitée, aux côtés de Scratch Massive et de LG Rivales. Peux-tu nous parler de ta participation au projet ?

Nico de la DMA et Luke de Crab Cake m’ont proposé de participer à l’événement car ils ont « tilté » sur l’instrumental de mon EP (Acela). J’ai toujours aimé la notion de local pour un groupe et c’est donc naturellement que j’ai accepté la proposition d’un label rennais. L’idée de Viel SpaB est de proposer des évènements inédits qui allient musique et plastique et je me devais de proposer quelque chose de différent pour ce premier ep VielSpaB 01. Je suis donc retourné en studio pour retravailler sur Acela et ce sera donc une version inédite du morceau qui sera présente sur le vinyle. Vraiment inédite car je ne l’ai jamais jouée en live ni diffusée à la radio.

Tu étais programmé aux dernières TransMusicales. La légende raconte que c’est suite à ta prestation à Bars’n Rennes que Jean-Louis Brossard a eu l’idée de te programmer pendant le festival. La légende dit-elle vrai ? Comment as-tu vécu ce moment dans le hall 4 ?

La légende dit vrai. C’était il y a un an pile. A l’époque, je jouais au Sambre dans ce sous-sol mythique des nuits rennaises. Je pense que c’était mon quatrième concert avec ce projet. Au départ, j’avais un gros trac car il y avait dix personnes mais la salle s’est remplie et j’ai tout donné. A la sortie, Jean-Louis venait me voir en disant : « tu fais les trans » ; la grosse claque…

2012-06-02_BARS_N_RENNES-alter1fo-016Héhé, je le savais… Je faisais partie des 10 personnes ! Et les Trans, alors ?

Jouer aux TransMusicales est un événement exceptionnel pour un groupe rennais. C’est terriblement jouissif mais aussi très flippant. Le trac arrive deux mois avant et retombe directement après le concert. Je pense que je suis passé par tous les états possibles pour ce concert : juste avant, j’étais tellement stressé que j’ai du faire 30 fois le tour du parc expo. Mais une fois sur scène, tout a disparu et j’ai pris un pied monstrueux; quoi de plus enivrant que de jouer devant 2000 personnes ?

Tu joues dans le cadre de Bars’n Rennes ce jeudi à l’Ubu. Tu étais donc déjà programmé l’an dernier au Sambre. Comment vis-tu le passage d’un bar à l’Ubu ? Qu’est-ce que ça change dans ton live ?

J’attends avec un impatience ce live à l’Ubu mais je ne renierais jamais les lives dans les bars ; c’est là où j’ai forgé mon live et où je me suis fortement amusé. Une chose est sûre, je ne suis pas prêt d’arrêter les cafés-concerts. Par contre, la salle apporte une sécurité supplémentaire et permet d’avoir une réelle qualité sonore. Tu t’occupes moins du son de la salle et tu peux te donner à fond sur le live. Pour finir, j’ai toujours rêvé de jouer à l’Ubu et j’ai donc préparé un live inédit avec énormément de nouveaux morceaux. Attendez-vous à avoir des surprises…

Sur la scène rennaise, comment te situes-tu? Es-tu en contact avec d’autres groupes ou artistes rennais ? Desquels te sens-tu proche ?

La scène rennaise a une qualité indéniable et beaucoup de groupes se côtoient. Il y a une sorte d’entraide et de soutien entre les différents groupes. Le plus drôle, c’est qu’il y a certaine adulation commune pour les groupes mythiques rennais comme Daho. Je m’entends avec pas mal de groupes et j’aime aller voir leurs concerts. Que cela soit du côté rock ou de l’électro, ces groupes forgent mon inspiration. Pour n’en citer que quelque uns : les Juveniles, Piranha, Alphabet, Superets, Coldgeist, Ludwig et les Doist !.

Pour finir, après ce concert pour Bars’n Rennes, quels sont tes projets à venir ? Rappelle nous la date de sortie du ep. Un album en préparation également ? Des dates de concerts ? Y a-t-il des choses que tu voudrais souligner particulièrement ?

Je vais tenter de procéder par ordre. Concernant les prochaines dates, je peux déjà en annoncer certaines : je jouerais dans le cadre de Chausse Tes Tongs (16 et 17 août à Trévou-Tréguignec) avec Rover et Hyphen Hyphen et dans le cadre du festival Visions qui se déroulera les 9, 10 et 11 aout à Plouezoc’h (près de Morlaix). L’EP, de son côté, sortira le samedi 5 Octobre sous le nom de Come To The USA et pour finir, un album est en préparation et devrait sortir dans un an environ. On peut aussi parler du site qui recense musique, dates, photos et vidéos, rendez-vous sur www.astrodynamicsmusic.com.

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Vortex, Users, Nola#, Mermonte, Mekah, Superets, We are Van Peebles, Korkoj, Twinztrack, You’ll Brynner, Drix MC, 6AM on the Moon, Coksinelle, Budju, Doist!, My Sleeping Doll, O Safari, Keevrat, Belone, Kino Eyes, Tiny Feet, The Way of Life, Piranha, Fat Supper, Pop is Dead, The Wâll Factory, Trunks, Slim Wild Boar, Palm, Dead, Dragster, Kids of Math…)

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Astrodynamics sera en concert à l’Ubu dans le cadre de Bars’n Rennes avec Coldgeist (live), Douchka & Dehousy et Julien de Castilho jeudi 30 mai à partir de minuit (0h00/6h00).

Tarifs : 8€/10€/12€

Plus d’1fos :

Souncloud d’Astrodynamics : https://soundcloud.com/astrodynamics

Site web d’Astrodynamics : www.astrodynamicsmusic.com

Le site de Bars’n Rennes : http://www.barsinbreizh.com/barsn-rennes-2013/

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