Zones à Faibles Émissions à Rennes : la métropole dans les starting-blocks

En France, l’exposition de la population aux particules fines (PM2,5) est responsable de 40 000 décès prématurés chaque année, tandis que le dioxyde d’azote (NO2) entraîne environ 7 000 décès. À Rennes Métropole, la mise en place d’une Zone à Faibles Émissions (ZFE) est prévue pour le 1er janvier 2025, conformément à la législation en vigueur. Cette zone  la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte, voire interdite, dans le but de réduire la pollution de l’air, sera instaurée progressivement de 2025 à 2030. 

Rennes Métropole envisage de réduire progressivement le trafic dans la Zone à Faibles Émissions (ZFE), en imposant des restrictions 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ces mesures concerneront certains véhicules motorisés, en fonction de leur vignette Crit’Air, et seront appliquées de manière progressive selon le calendrier suivant :

  • 1er janvier 2025 : interdiction des véhicules non classés, soit les voitures à essence et diesel de plus de 28 ans.
  • 1er janvier 2027 : interdiction des véhicules non classés et des Crit’Air 5, correspondant aux diesels de plus de 26 ans.
  • 1er janvier 2029 : interdiction des véhicules non classés, Crit’Air 5 et Crit’Air 4, soit les diesels de plus de 23 ans.
  • 1er janvier 2030 : interdiction des véhicules non classés, Crit’Air 5, 4 et 3, incluant les diesels de plus de 19 ans et les essences de plus de 24 ans.

La consultation du public sur ce projet aura lieu du mardi 17 septembre au vendredi 11 octobre 2024 inclus. Le dossier sera consultable sur le site de la Fabrique citoyenne.

L’objectif est ambitieux, même si nécessaire. En 2018, le secteur des transports routiers, notamment les véhicules personnels et les poids lourds roulant au diesel en particulier, se révèle être le principal émetteur d’oxydes d’azote dans la région de Rennes Métropole. Ce secteur à lui seul est responsable de plus des deux tiers (67%) des émissions totales de ces polluants. Environ 147 000 personnes travaillent au sein du périmètre de la future ZFE (données Domicile– travail (INSEE 2020) de la ville de Rennes dont le périmètre est proche de la ZFE-m, NDLR). Parmi elles, près de 88000 personnes, soit 59,5 %, viennent quotidiennement de l’extérieur pour rejoindre leur lieu de travail dans la ZFE-m. À l’inverse, environ 31 000 personnes occupent un emploi à l’extérieur du périmètre. Or, près de 46% des trajets effectués par les résident·es de Rennes Métropole se font en voiture, selon les données de l’enquête mobilité 2018. La marche arrive en deuxième position avec 34% des déplacements, suivie par les transports en commun urbains (14%) et le vélo (4%). Bien que l’utilisation de l’automobile ait diminué d’environ 7 points au cours des dix dernières années, ce mode de transport reste prédominant, représentant encore près de la moitié des trajets et environ deux tiers des distances parcourues par les habitant·es de l’agglomération.

La ville de Rennes se démarque nettement du reste de l’agglomération en ce qui concerne la répartition des modes de déplacement. En effet, l’utilisation des transports en commun y est supérieure de plus de cinq points, tandis que les déplacements à pied atteignent une proportion presque dix points plus élevée.

Répartition des déplacements par mode selon le lieu de résidence
Répartition des déplacements par mode selon le lieu de résidence
Évolution des parts modales des déplacements des habitants de Rennes Métropole
Évolution des parts modales des déplacements des habitants de Rennes Métropole

Au cours des dix dernières années, les distances de déplacement ont connu une augmentation notable. Chaque jour, un·e habitant·e de la périphérie de la métropole (à l’exclusion de Rennes) parcourt en moyenne 25 kilomètres, soit presque le double de la distance effectuée par un·e résident·e rennais·e, qui est de 13 kilomètres. Plus on s’éloigne du centre de la ville, plus les distances s’allongent : 13 kilomètres pour un·e Rennais·e, 19 kilomètres pour un·e  habitant·e de Rennes Métropole, et jusqu’à 30 kilomètres pour celles et ceux de la deuxième couronne. Ce phénomène ne se limite pas aux simples trajets domicile-travail. La dispersion géographique des différents lieux d’intérêt (commerces, établissements scolaires, infrastructures sportives) entraîne une multiplication des déplacements sur de plus longues distances. Par ailleurs, l’usage de l’automobile offre une flexibilité et une liberté de déplacement qui favorisent cette tendance croissante.

Limiter la circulation des véhicules polluants en milieu urbain paraît être une mesure globalement bien accueillie. Cependant, cette approbation reste conditionnée à la mise en place d’un accompagnement adapté pour les personnes les plus précaires. L’enquête « Mobilité des personnes » menée en 2019 révèle une corrélation marquée entre le taux d’équipement en véhicules des ménages et leur niveau de revenus. Alors que seulement 46 % des 10 % des ménages les moins favorisés disposaient d’une voiture (ce taux atteint 96 % parmi les 10 % des ménages les plus riches, NDLR), les ménages à faibles revenus, lorsqu’ils possèdent un véhicule, ont généralement des automobiles plus anciennes que la moyenne. 11 % du parc de véhicules appartenant aux ménages du premier décile ne sont pas classés selon les normes environnementales, contre seulement 4 % pour ceux des ménages les plus aisés, du dixième décile.

vignette Crit’Air

 Répartition du parc de véhicules par vignettes Crit’Air suivant les déciles de revenus
Répartition du parc de véhicules par vignettes Crit’Air suivant les déciles de revenus

La question de l’équité revient fréquemment lorsqu’il est question de limiter la circulation des véhicules les plus polluants. Celles et ceux qui possèdent ces voitures sont souvent celles et ceux qui n’ont pas les moyens financiers de les remplacer. Par conséquent, les plus modestes seront les plus exposés à la mise en œuvre des ZFE. Une enquête d’Oxfam indique d’ailleurs « qu’environ 13 millions de Français.e.s sont en situation de “précarité mobilité”, totalement dépendantes de leur voiture ou ne disposant pas de moyen de transport régulier+d1fos. » Une interdiction serait acceptable uniquement si et seulement si des alternatives seront proposées. Sans un soutien logistique et financier, il y a un risque de susciter une opposition ou un ressentiment qui pourraient compromettre les efforts visant à améliorer la qualité de l’air. D’autant plus que de nombreux rapports montrent que les plus aisé·es financièrement polluent bien davantage que les personnes plus pauvres+d1fos

Pour terminer, selon l’étude mise à disposition par Rennes Métropole, la projection qui tient compte du renouvellement naturel du parc entre 2025 et 2030, indique que les restrictions ZFE-m sur les voitures particulières concerneront :

  • 2 235 voitures particulières non classées immatriculées sur Rennes Métropole en 2025 (0,9% du parc VP 2025) ;
  • 2 365 voitures particulières Crit’Air 5 immatriculées sur Rennes Métropole en 2027 (0,9% du parc VP 2027) ;
  • 3 232 voitures particulières Crit’Air 4 immatriculées sur Rennes Métropole en 2029 (1,2% du parc VP 2029) ;
  • 13 194 voitures particulières Crit’Air 3 immatriculées sur Rennes Métropole en 2030 (4,8% du parc VP 2030).

plus d’1fos ↓

[ZFE-m] : Combien de véhicules impactés par la future Zone à Faible Émission ?


Roulez jeunesse : La voiture, l’indispensable des seniors

 

3 commentaires sur “Zones à Faibles Émissions à Rennes : la métropole dans les starting-blocks

  1. Lagrée

    de combien veut-on améliorer l’air ?
    outre les moteurs il y a l’abrasion des pneus, l’usure des garnitures de freins
    il restera tous les autres véhicules.
    mais quel est l’objectif ?
    Quelle incidence espère-t-on sur la mortalité ?

    Combien de personnes de l’extérieur vont voir leur venue complexifiée ?
    De combien leur temps de trajet va-t-il être rallongé ? Et leur méconfort de vie ?
    Combien de personnes résidant en dehors n’auront plus les moyens de venir y travailler ?
    Prévoit-on des pertes d’emplois non substituables ?
    et des suicides (voir les corrélations de l’INSEE) à s’en suivre ?
    remplacer des souffrances et une mortalité par une autre ?
    Pourquoi ces chiffres ne sont-ils pas donnés ?

  2. totoph35

    Un complément d’information issu du bilan régional 2023 d’air breizh.
    Le premier émetteur de GES de la région est l’agriculture, qui représenté près de 40% des émissions.
    Concernant les PM2.5, la contribution du secteur résidentiel reste prédominante (51%), la source majoritaire étant les émissions liées au chauffage au bois (96%).
    Concernant les PM10, la contribution du secteur agricole reste prédominante en Bretagne avec 46% des émissions.
    Bref, supprimer quelques vielles voitures n’aura quasiment pas d’impact sur la qualité de l’air, c’est surement pour cela que le calendrier est aussi laxiste. Pendant que l’on parle des ZFE on ne s’attaque pas aux grosses pollutions (lisier, algues vertes…).

  3. totoph35

    Je rajoute aussi que l’instauration de zone de stationnement payantes avec stationnement résidentiel (payant) pour UN SEUL véhicule PAR FOYER est beaucoup plus pénalisant au quotidien que cette futur ZFE.
    Habitant en zone verte, je ne peux plus recevoir mes amis et ma famille chez moi durant le week end ou les vacances car la durée maximale de stationnement y est de 6 heures 15 pour un montant de 24,70€.
    Je précise aussi que le stationnement en parking relais est interdit la nuit. Voila, fini noel en famille chez nous !

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