Quoi de mieux pour fêter un anniversaire qu’un carnaval d’images? pour ses vint-cinq ans, le festival globetrotter rennais pose valises, caméras et bobines dans la cité carioca, la ville aux cartes postales éternelles de samba, de favelas au dessus des quartiers sur la plage, de foot au maracana, du christ rédempteur dominant les morros…Mais aussi celle, à l’intense vie culturelle, du cinema novo, du tropicalisme et d’Oscar Niemeyer. Normal, donc, que l’équipe de festival nous ait encore concocté un programme fourmillant de propositions, où l’on s’habituera, le long de la dizaine à voir se côtoyer images de cartes postales et trésors cachés dans l’écrin d’un documentaire ou d’une fiction.
Petit rappel aux néophytes: le festival Travelling propose pendant une dizaine de jours, une véritable plongée cinématographique dans l’univers d’une ville (et plus largement, d’un pays -ici, immense-), à travers une rétrospective, et un panorama du cinéma brésilien au présent. Autour de ces programmations, le festival s’est structuré au fil des ans d’une cohorte d’évènements qui alimentent les cinéphiles rennais de l’accueil de nombreux invités, d’un festival junior, d’évènements musicaux (nous y reviendrons), d’actions d’éducation à l’image ou encore de projections à l’hôpital.
Pour la rétrospective, beaucoup de plaisir en vue: l’occasion vous est offerte de dévorer en introduction colorée et musicale le fameux Orfeu Negro, palme d’or et étape musicale importante vers la genèse de la bossa-nova, Belmondo à l’œuvre dans l’homme de Rio, l’ambitieux cinema novo de Terre en transe par Glauber Rocha, ou encore les plus récents succès de Central do Brasil ou La Cité de Dieu. La filmographie est évidemment pléthorique, tant la baie de Guanabara a inspiré les cinéastes!
La baie a inspiré les cinéastes, mais pas seulement: les dramaturges ne sont pas en reste, et beaucoup d’adaptations des livres de Nelson Rodrigues ou Jorge Amado (plus porté sur l’autre baie, celle de Salvador) ont nourri le cinéma brésilien. Et puisque l’inspiration ne semble pas manquer au pays auriverde, la sélection Brésil au présent vient le confirmer: à noter, par exemple, les projections exclusives du succès récent Les Bruits de Recife ou le documentaire au sujet du mythique mouvement Tropicalia, où une poignée d’activistes aujourd’hui célèbres souhaitaient dévorer pop et psychédélisme étrangers pour les intégrer à des ingrédients locaux et moderniser l’art brésilien, pendant la dictature.
La marraine de la présente édition n’est autre que l’hyper-créatrice Maria de Medeiros, déjà croisée lors de l’édition portugaise du festival, et Travelling s’enrichit cette année de la rubrique Urba-Ciné, qui interroge les rapports entre la ville et le cinéma. Dans ce cadre, une version restaurée de Playtime de Tati sera restaurée, où l’architecture utopique et moderniste de Brasilia apparaît en filigrane.
Travelling Rio & Junior
du 25 février au 4 mars
programmation: http://www.clairobscur.info/