[2024] Des bouqu’1 sous le sap1 #07 : Dîner à Douarnenez de Claude McKay

Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 7ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Ouvrez donc les pages jour après jour… Septième étape avec la nouvelle bretonne de l’écrivain culte afro-américain Claude McKay

Depuis la réédition en français en 1999 du foisonnant Banjo, narrant les péripéties pleines de jazz et de tripots interlopes d’un groupe d’amis marins et vagabonds sur le Vieux Port de Marseille, Claude McKay est devenu au moins aussi mythique dans la cité phocéenne que la trilogie Fabio Montale d’Izzo. A l’heure de la célébration des 100 ans du premier voyage en France de l’auteur, il convient de préciser l’importance de cet écrivain dans la « Harlem Renaissance » des années 20, et, plus généralement, dans l’histoire de la littérature américaine, aux côtés d’autres auteurs afro-américains comme W.E.B. Dubois ou Langston Hugues: avec ses puissants poèmes ou des romans comme « Home to Harlem » (1928), le natif de la Jamaïque puisait dans ses voyages ou son engagement politique les mots pour écrire la vie des noirs aux Etats-Unis et en Europe dans les années de l’entre-deux-guerres. Depuis une poignée d’années, les éditions Héliotropismes rééditent (dans des objets joliment soignés) des nouveaux jalons de son œuvre passionnante, qui incluait jusqu’à cette année son autobiographie (« Un sacré bout de chemin », 2022) ou un autre roman marseillais (« Romance in Marseille », 2021). Le hasard (?) a fait que ce soit l’année même où l’on célèbre à Douarnenez le centenaire de la grève des sardinières qu’est rééditée une nouvelle inédite basée dans le port finistérien, et qui débute par ces mots: Lorsque j’ai vu Douarnenez, je suis retombé amoureux. La baie était envahie de petits bateaux de pêche et de gros chalutiers peints de couleurs voyantes ; les filets bleus suspendus aux mâts ressemblaient à des voilages tombés du ciel ; et, comme des mots jaillis de la bouche d’un agitateur pendant un meeting politique, les noms de beaucoup de ces embarcations vous interpelaient violemment : « Lénine », « Jean Jaurès », « Prolétaire », « Drapeau rouge », « L’Internationale », « Révolution », « Moscou ». On avait surnommé la ville « Douarnenez la rouge ».

La suite du récit ne comporte pas de références au contexte politique de l’époque, que connaît bien McKay. Il aborde plutôt, et frontalement, comme l’autre nouvelle qui lui est associée dans ce petit livre (« Nigger Lover », basée à Marseille), la question des rapports et des préjugés des blancs sur les noirs au début de ce siècle. Autant émouvant que puissant, il décrit avec acuité des rapports complexes, où l’hospitalité d’un marin breton ne fait pas oublier la pesanteur d’un racisme très généralisé.

Le dîner à Douarnenez de Claude McKay
traduit de l’anglais par Jean-Max Guieu
Éditions Héliotropismes – 2024 ISBN : 979-10-97210-13-7
96 pages – 12 € – Sur le site de l’éditeur
 

Retrouvez ici tous nos articles : Des bouq’1 sous le sap1 2024

Et nos archives :
la sélection 2023
la sélection 2022
la sélection 2021
la sélection 2020
la sélection 2019
la sélection 2018

 

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires