Aujourd’hui mardi 25 février s’ouvre la vingt-cinquième édition du festival Travelling, dédié à la Ville brésilienne de Rio de Janeiro. Ce sera la dernière pour Éric Gouzannet, directeur, qui quitte l’aventure à l’issue de la dizaine carioca. L’occasion de quelques questions, à quelques heures de l’ouverture.
alter1fo: Tu as précisé lors de la conférence de presse que c’était ta volonté, ce festival à Rio, cette année. Tu peux nous préciser pourquoi?
Éric Gouzannet: Pour la simple raison que c’est la 25ème édition, un quart de siècle, donc c’est important de marquer le coup. On a fait de beaux voyages depuis Londres en 1990. Après Edimbourg-Glasgow et Bruxelles, on voulait une édition plus ensoleillée, plus chaleureuse. Rio, dans l’imaginaire des gens, ça correspond à la plage, aux festivités, au carnaval, au « futebol », à la musique…Mais aussi au cinéma, parce que le premier critère de sélection pour nous, c’est le cinéma. Le cinéma brésilien est un cinéma que l’on voit un peu plus qu’avant, depuis dix ans, vingt ans. Il a eu son époque d’or après la guerre, ce que l’on a appelé le « cinema novo », revenu de ses cendres après le contexte particulier de la dictature. Voilà pourquoi j’ai choisi, bien sûr, avec la collaboration de l’équipe, la ville de Rio.
Pour préparer un tel festival, vous faîtes beaucoup d’allers et retours entre Rio et Rennes?
Ça, c’est un peu en fonction des destinations: on va pas à Rio comme on peut aller à Édimbourg ou Bruxelles! On est allés une fois, ce qui est suffisant. C’est un coût, du temps. On avait des collaborateurs, une équipe basée à Rio, qui nous a organisés différentes choses, sur le plan artistique notamment. On aurait souhaité y aller plus souvent, mais une « bonne » fois, une quinzaine de jours à Rio et Sao Paulo (au festival international du film), ça s’est avéré suffisant pour rencontrer producteurs, réalisateurs…
La Marraine du Festival Maria de Medeiros, est portugaise, a-t’elle des liens avec le Brésil?
Maria est effectivement lusophone, elle a le même langage que les brésiliens, déja. Elle va au Brésil régulièrement, elle a des attaches très fortes là-bas, elle joue au théâtre…À Sao Paulo, on a eu l’occasion de la rencontrer. Ce qui nous a amené à lui proposer ce « marrainage », c’est qu’elle a fait un film, « Les Yeux de Bacouri« , un documentaire, sur un militant, au moment de la dictature, assassiné par ses geôliers. Elle va à la recherche de son identité, à travers un portrait de sa femme de l’époque. Cette femme était enceinte, elle a donné naissance à une fille, aujourd’hui maman, qui vit aux Pays-Bas…Voilà un peu l’itinéraire de ce film. On lui a proposé, ça nous a semblé un peu plus simple que vis-à-vis des brésiliens, elle est déjà venue au festival, elle connaissait la manifestation, et elle a accepté. On est un peu entre les deux, pas au Brésil…On peut contester, mais c’est un choix qu’on assume.
Quels sont les évènements que tu attends le plus sur ce festival?
Il y a un évènement où je me suis particulièrement investi, c’est le premier dimanche aux Champs-Libres, puisque je suis allé tendre la main au directeur des Champs-Libres Rolland Thomas. J’ai vu que les dates de Travelling correspondaient au premier dimanche de mars, donc on a été invités par les Champs-Libres. Moi, ça m’a permis de construire une programmation autour de l’évènement, avec beaucoup de brésiliens qui vivent à Rennes: il y a environ deux-cent brésiliens qui vivent aujourd’hui à Rennes, avec une association féminine, un chorégraphe brésilien, Pedro Rosa, de la compagnie Ochossi, une association de capoeira…D’autre part, j’attends aussi la projection de trois films que j’ai moi-même sélectionné. Je cherchais notamment un film de qualité ayant pour sujet le football. On avait eu l’occasion de faire une soirée autour de Maradona pour Buenos Aires. Mais Pelé n’est pas Maradona…J’ai fini par découvrir un documentaire qui m’a plu, Fla-Flu, un documentaire sur le match entre les équipes de Fluminense et Flamengo au légendaire stade du Maracana. J’ai d’ailleurs pu me rendre au Maracana et suivre ce match lors de notre voyage. C’est un documentaire entre humour et émotion, à travers les deux camps. D’autre part, j’ai sélectionné Copacabana, film qui m’avait plu et que j’avais vu à sa sortie, avec Isabelle Huppert. Il y est question de Brésil, de musiques mais le film ne se passe pas au Brésil, l’ombre de Copacabana y apparaît. Enfin, j’ai aimé Entreatos (entractes), un documentaire où l’on suit les coulisses de la campagne présidentielle de Lula, qui est enfin élu, après un long combat, à la présidence, en 2003.
Plus personnellement, tu as annoncé que c’était, à priori, ta dernière édition? Sur ces vint-cinq dernières années, quelles éditions t’ont le plus marqué ?
Oui, c’est pas un à priori, c’est mon dernier festival. Le meilleur souvenir, c’est celui qui arrive, c’est ce travelling, qui j’espère sera l’un des plus beaux. Il y en a eu plein, j’ai un souvenir de chaque édition…S’il fallait faire un choix dans le passé, je dirais…Téhéran pour la cinématographie, pour les gens, là-bas et ici. C’était une édition remarquable, je trouve. Puis l’autre souvenir qui m’a touché parce que c’était la fête, ce fût le cinéma égyptien, Le Caire. Je me souviendrais toujours du « chicha », le café au TNB, particulièrement réussi: l’ambiance, les gens en parlent encore! Donc voilà les trois souvenirs: celui qui arrive, Téhéran et Le Caire…Après, on peut dire des choses sur chaque édition!
Merci Éric!