Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs… 

 

Pour ce focus nous retrouvons Nos, rappeur sur la scène rennaise depuis plusieurs années. Il viens nous parler de son nouvel album intitulé Question de posture. Nous reviendrons avec lui sur son arrivée dans le milieu hip-hop ainsi que tout le parcours du combattant qu’il a mené pour arriver à l’aboutissement de ce projet.

Interview de Nos

Alter1fo: Salut Nos ! Peux-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaitraient pas ?

Nos: Salut! Nos, 28 ans. Fou de la rime, passionné de Hip Hop. Originaire de Saint Malo et rennais depuis 10 ans . Mc depuis 1999. Je fais partie du groupe La Fab’ et du collectif Apéro Smooth.

Tu viens de sortir ton album Question de posture. Peux-tu nous parler de ce projet et de ce que tu comptes faire passer comme message avec?

En 2010, avec mon crew Kon7ept (rhaps, skribe & kopt ), on a sorti un maxi. Puis l’année suivante j’ai envoyé un 7 titres également mais qui m’a déçu. Je n’étais pas satisfait du résultat. Le fait de bosser avec Alexel pour La Fab’ m’a donc reboosté. Je voulais depuis exprimer à la fois mes influences musicales, des parties méconnues de ma personnalité et des sujets importants à mes yeux. Du coup je me suis entouré de mes équipiers des Beat Traderz (Kopt & Foch) mais j’ai aussi fais appel à d’autres beatmakers comme RezO, Noxious, Ymsé et d’autres pour créer des ambiances différentes. On retrouve 11 morceaux sur Question de Posture.

J’ai choisi ce titre pour exprimer le fait que le Hip Hop est avant tout une attitude, une façon de penser. J’aime les gens qui font ce qu’ils disent et assument ce qu’ils sont. Je dirai que le message est globalement positif. Le but est d’aller toujours de l’avant malgré les erreurs et/ou les soucis. C’est un album moins politisé qu’à l’habitude, plus personnel. J’ai commencé à gratter vers le milieu de 2011 et le dernier morceau a été enregistré en septembre 2013. Entre temps j’ai dû faire une sélection assez dure dans les 20 morceaux enregistrés pour n’en garder que les meilleurs ( j’espère que je me suis pas planté ! –rires-) Le projet a été enregistré chez RezO et Foch puis mixé par Skribe à Montréal. Il est masterisé par Big Bro. C’est donc du 100 % indé. Pour conclure, il est gratuit à la fois pour des questions de moyens mais aussi parce que je considère ma musique comme un partage, pas comme une source de revenus.

Ton univers musical est très sombre et triste sur cet album, c’est un choix ou une fatalité ?

Excuse-moi, mais je ne suis pas forcément d’accord avec toi . C’est vrai que certains morceaux peuvent paraître tristes. Après perso je ne crois pas en la fatalité. Mais sur l’album il y a, à mon sens, autant de morceaux sombres que de plus « légers ». De manière générale, j’aime manier l’ironie et le cynisme dans mes textes, ça me fait marrer ! J’ai essayé de varier l’écriture et les ambiances pour donner un esprit éclectique et ouvert. Beaucoup attendent peut-être un style très dur et très revendicatif, en me connaissant. Ils vont être un peu surpris et ce n’est pas pour me déplaire. Sur loin je parle du fait de quitter ce qui nous prend la tête par tous les moyens. Toujours debout explique comment malgré les embûches, on a toujours relevé la tête pour avancer.

Cet album c’est l’aboutissement de plusieurs années de travail et d’activisme. Tu ressens quoi ? De la fierté, de la joie, un soulagement ?

Un peu des trois ! Tout d’abord de la fierté parce que c’est loin d’être facile. Monter un album demande du temps et de l’investissement, surtout quand tu es sur d’autres projets en même temps : La Fab’, les feats et les prestations , un projet avec Ymsé en parallèle, apéro smooth, etc. Le plus dur a été de se convaincre que tel ou tel morceau, telle prod ou tel texte est à garder. Quand tu bosses en groupe, tu as d’autres avis, tu avances plus vite. Le problème c’est que je suis un éternel insatisfait. Tu grattes, tu ratures, mais un moment donné faut sortir le truc sinon les morceaux vieillissent et ton projet est déséquilibré. Enfin, c’est clairement un soulagement. Même si l’album n’a pas un grand écho, je sais qu’il m’a apporté plus de motiv’ pour avancer.

Quand t’es tu intéressé au rap et comment en es-tu arrivé là ?

J’ai eu la chance de grandir dans une famille où on écoutait beaucoup de musique, de Brel à Brassens, en passant par la soul des années 60’s et 70’s, Marvin Gaye, The Jackson 5, Otis Reding et bien d’autres. Gamin, mon pote Rhaps me faisait écouter NTM, TSN, les premiers sages po’. Je devais avoir 11 ans je crois. Après l’intérêt est devenu une passion. On a monté plusieurs groupes dès l’âge de 13 ans avec deux potes, Rhaps et Beat Maker, puis ensuite est venu Skribe. On a monté le groupe KON7EPT en rencontrant Dj Kopt. C’était en 2006. On a fait pas mal de scènes jusqu’à la première partie de La Rumeur en 2009. Puis avec le temps, les potes ont bougé ailleurs et le crew s’est arrêté même si on bosse toujours ensemble quand l’occas’ se présente. Un gros big up à eux d’ailleurs. Ensuite je suis resté en solo tout en me connectant avec des potes et d’autres crews dans la ville , dans des soirées.

Peux-tu nous parler de ta rencontre avec Alexel Mc et Dj Foch (avec qui tu a monté le groupe La Fabrique)?

Alexel et Foch sont à la base des potes de Kopt que j’ai rencontrés quand on a monté Kon7ept. Foch commençait à taper des instrus et Alexel rappait déjà depuis un bon bout de temps. On passait les soirées ensemble. Tu sais ce que je sais : rhum, rap, freestyle etc. Tu squattes les open-mics et petit à petit tu crées des morceaux.

On a monté La Fabrique en 2011. On s’est vite lancé dans un projet d’album. Crash Test est sorti en février 2012 et malgré ses défauts, j’en reste fier. La Fabrique c’est avant tout des potes qui vivent ensemble la même passion du hip hop. On discute, on taffe, on s’engueule aussi parfois, bref des potes quoi ! On prépare tranquillement un nouvel opus dans un style complétement différent du premier. Restez à l’écoute. (Ps : La Fabrique est devenu La Fab’ dernièrement, changement de nom.)

Trouves-tu que le hip-hop à Rennes se démocratise, et que les institutions le supportent?

Je pense que certains activistes rennais ont permis d’exporter le nom de la ville ailleurs en France et de montrer que notre ville est bien présente et a du niveau. Même si on manque encore de visibilité , les Mc’s y sont bons et ouverts. En plus de 10 ans de rap j’ai dû faire, je ne sais pas, je dirai une quarantaine de prestations, concerts (showcases, open mics confondus) et je remarque qu’avec le temps le public est plus éclectique, plus hétérogène et ça me plait. Ceux qui pensent que le rap est une musique sectaire sont des cons absolus : c’est justement LA musique qui s’adresse à tous par excellence. Et puis les évènements Hip-Hop organisés comme Doinit remplissent les salles donc oui on peut dire que ça se démocratise. En ce qui concerne les institutions, je n’en attends rien. Quelques efforts ont été faits depuis 10 ans mais ça reste superficiel. Le Hip-Hop reste amalgamé à des clichés à la con. Pour s’en défaire c’est compliqué. On a sans doute notre part de responsabilité là-dedans mais c’est par nos démarches que ça peut changer.

3 groupes de rock, 3 groupes de hip-hop, 3 groupes d’electro ?

Rock : Pink Floyd (The Wall live– Is there anybody out there de 1981, boucherie ! ) , The Doors , Deep Purple.

En Hip Hop donner que trois noms est pire que de la torture mentale mais si je dois en choisir trois je dirai Mobb deep , Pete Rock et Apollo Brown. Après je pourrai t’en citer tellement comme le Wu-Tang, J Dilla, Primo …

En électro je m’y connais assez peu mais un petit clin d’œil à mon pote Quaterblack qui m’ as fait découvrir Baron, Pendulum et Venetian Snares.

La question que tu aimerais que l’on te pose et y répondre !?

Question : « pourquoi t’as fait 11 titres et pas 12 comme d’hab’ ? »

Réponse : « parce que je fais ce que je veux »

Le mot de la fin ?

Merci à Alter1fo pour le soutien et à tous ceux qui ont participé au projet et/ou qui le diffuseront. Mon album est disponible sur différentes plate-formes en téléchargement gratuit: www.beattraderz.bandcamp.com et www.nosnostra.bandcamp.com . En 2014 sortira Déviance(s)  de La Fab’ , et un album avec mon boog Ymsé, un beatmaker de talent : le projet se nomme « AM/PM ». Restez connectés.

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Liens

Bandcamp de Nos : Ici

Fan Page facebook de La Fab’ : Ici

Site de l’imprimerie nocturne : Ici