La roda de choro, qu’on pourrait traduire par « jam-session » de choro, est active depuis 2007 à Rennes. Tous les mardi soirs, à La Cave de l’Opéra, c’est le bœuf, avec une vingtaine de musiciens inspirés par cette musique née à Rio et plus que centenaire, et que l’on compare parfois au jazz. Outre cette Roda ce mercredi soir 26 à l’étage du Liberté, Karine Huet, la plus brésilienne des accordéonistes rennaises, se produira aux Champs-Libres le lendemain. Entretien.
Alter1fo : Comment à commencé cette histoire d’amour que tu vis avec la musique brésilienne?
Karine Huet : Ça a commencé avec mon instrument, l’accordéon, parce qu’on m’avait dit qu’il y avait de l’accordéon au Brésil, tout simplement. Un copain musicien m’avait ramené un cd de forro, et j’étais très loin d’imaginer que cet instrument était si important au Brésil. C’était il y a douze ans. Dès que j’ai eu ce cd, j’ai voulu monter un groupe de forro, ce qui m’a fait acheter un billet pour le Brésil tout de suite, dans les trois mois. J’ai découvert le forro en premier. Je suis partie alors avec mon accordéon sur le dos, billet aller-retour, sans connaître personne, sans parler la langue, en me disant : « je vais regarder comment ils font! » Youtube, deezer n’existaient pas, on ne trouvait rien sur le net. A cette époque, il fallait voyager pour apprendre la musique. Une recherche forro, à l’époque, c’était deux cd sur Amazon Belgique… J’ai commencé ces voyages, ça m’a passionné ces rencontres humaines. J’ai découvert plein d’autres musiques, plein de gens. Après beaucoup de voyages dans le nordeste pour jouer le forro, j’ai découvert le choro. Ça ne m’a pas plus attirée que ça au début. Je voyais ça de loin. Je voyais que c’était une musique compliquée. Je pensais que c’était toujours pareil, parce que je ne la connaissais pas. Mais, comme je n’étais pas très bonne lectrice, je me suis dit: « cette musique-là, pour apprendre à lire la musique, c’est top. » Et, en fait, le virus m’a pris, j’ai re-fait des voyages. Et que pour le choro cette fois-ci!
Et les « rodas de choro » à Rennes, ça se passe comment? Qui sont les musiciens?
La roda de choro se construit d’abord avec des gens qui sont amoureux du choro. Quelquefois, ce sont des amis qui viennent, d’autres fois ce sont des gens que l’on rencontre, qui ont entendu dire que ça existe… Ça se construit plus par l’amour de la musique que par copinage. C’est plus simple d’amener des copains au début, mais c’est variable. Il y a par exemple Alban Schafer à la guitare sept-cordes, qui a fait deux stages à Rio, qui avait découvert la roda à Rennes. Il y a Ronan Maguet au Pandeiro, qui est venu une fois avec moi au Brésil, qui travaille pas mal aussi cette musique-là. Il y a aussi Jérôme Guillouzic au rebolo… La première roda à Rennes a eu lieu le 10 avril 2007. Depuis, il y en a tous les mardi, aujourd’hui à la Cave de l’Opéra. Quelquefois, il y a des amoureux du choro qui viennent de Nantes, de Saint-Brieuc ou de Saint-Cast. Parce que quand on est amoureux très fort du choro on peut faire une centaine de bornes pour une roda!
Pour Travelling, tu interviens deux fois, peux-tu nous expliquer dans quel cadre?
Il y a cette roda qu’on va valoriser à l’Étage mercredi 26 au soir, et où l’on va tenter de transformer l’Etage en bar brésilien, comme si l’on arrivait à Rio et qu’il y avait une roda. Par contre, le midi, aux Champs-Libre, je vais plutôt montrer mon travail personnel, avec mon trio, où je mélange le choro et le forro de manière « elaborada », comme disent les Brésiliens, sur de la musique instrumentale, et là, j’ai invité deux musiciens avec moi, Ze Luis Nascimento aux percussions, et Teteo à la guitare sept-cordes. On va explorer un peu de choro, un peu de forro, tout mélangé. On ne sait plus où on est, mais c’est ça qui est bien!
Mercredi 26 février, Liberté, L’Étage, 21h, roda de choro (gratuit)