La neuvième édition de l’épatant Tapette Fest aura lieu les 24 et 25 juin prochain. Sur ces deux jours et pour un prix risible, vous pourrez retrouver pas moins de 24 formations formant un détonnant florilège de ce qui peut se faire de plus dingue et de plus excitant en matière de musique noise, indus, expérimentale… en France et ailleurs. Petite revue de nos coups de cœur et de ce qui pique notre curiosité pour la soirée du vendredi.
Et si le plus immanquable des festivals d’été avait lieu le week-end prochain dans le Morbihan à Campénéac ?
Quand on discute avec quelqu’un qui a été au Tapette Fest, la conversation se clôt immanquablement par « De toutes façons, c’est le meilleur des festivals d’été« . A cause de tous ces échos extrêmement positifs et aussi parce que sa programmation est tous les ans totalement dingue, nous avions envie depuis un bail de vous en causer sans y parvenir faute de temps et d’énergie. Ce coup-ci nous avons anticipé la chose et voici donc une petite présentation de ce qui vous attend à moins d’une heure de route de Rennes direction Lorient en fin de semaine.
Histoire de démarrer sur de bonnes bases, le festival s’ouvrira vendredi 23 mars vers 19h par une prestation de Les chemins de la honte. Le groupe est constitué de Liliane Chansard (basse et voix envoutantes), Stéphane Calin (guitare pas très tendre en fait), Olivier Lanthelm (seconde basse tout aussi enjôleuse) et enfin du multirécidiviste Seb Normal (batterie qui claque). Ce dernier a multiplié les collaborations dans une foule de groupes gravitant autour de la scène dite de la Triple Alliance Internationale de l’Est dont The Feeling of Love, 1400 Points de Suture ou encore les sombres et excellents Le Chômage. Les chemins de la honte a sorti en juin dernier un épatant premier album de post-punk glacial et racé, onze titres portés par une rythmique implacable, une abrasivité toute en électricité et des textes impitoyables qui claquent comme des coups de fouet. Nous avons hautement apprécié la très belle prestation de la bande en octobre 2015 à Rennes et nous sommes certains que le festival démarrera sous les meilleurs auspices.
Spectraal viendront ensuite jouer leur rock fantomatique et parsemé de brumes électriques hantées de rythmiques étourdissantes. Ils seront suivis par les percussions apocalyptiques d’Ordre Etern. Formé de Yarei Molina et Víctor Hurtado du groupe psychédélique et rituel Qa’a et de Chris Haslam de l’insaisissable collectif anglais Gnod, le trio mêle percussions métalliques, guitare bidouillée, synthétiseurs russes et voix gutturales chantant en catalan ou en espagnol pour vous convier à un voyage en terres dystopiques aussi flippant que fascinant.
Sourdure est un des multiples projets d’Ernest Bergez. Sur son premier album La Virée, sorti en 2015 chez Tanzprocesz et Astruc, le monsieur s’empare des chants traditionnels auvergnat en y insufflant décalages, dissonances et autres étrangetés psychédéliques ou noise. Le tout donne une collection assez fascinante de chansons frondeuses à la fois intemporelles et terriblement contemporaines qui devraient vous coller un délicieux vertige dans leur version live.
Grosse attente pour les Nancéens de Wheelfall dont le dernier album nous a collé une grosse claque. Existant depuis 2009, le groupe a d’abord tracé son sillon dans un style stoner/sludge teinté de doom. Ils ont partagé la scène avec de beaux monstres comme Sungrazer, Ramesses, Moonspell, Karma to Burn, Punish Yourself… Avec Glasrew Point sorti en septembre 2015 chez Sunruin Records, ils élargissent leur palette en mélangeant avec une belle ampleur, puissance brute et plages aux atmosphères oniriques et emphatiques. Un mélange qui devrait s’avérer redoutable sur scène au vue de leur impressionnante réputation scénique.
On restera ensuite dans le mélange entre ambiances lourdes et plages éthérées avec le collectif doom/drone/ambient Common Eider King Eider. La bande regroupe Rob Fisk (Badgerlore et Six Organs of Admittance), Vicky Fong, Andee Connors (A Minor Forest), Andrew Weathers and Blaine Todd. Ensemble, ils brodent de vastes compositions brassant chœurs, drone et sample de sons captés. Ils seront accompagnés du vétéran Gabriel Saloman. Basé à Vancouver, le monsieur officie depuis une quinzaine d’années dans une multitude de projets de musiques expérimentales ou improvisées. Il est notamment la moité du groupe de noise de Portland : Yellow Swans.
S’enchaineront alors Coàgul, projet de l’artiste basé à Barcelone Marc O’Callaghan qui pratique une musique industrielle et tribale qui ravira sans nul doute les amateurs de sensations fortes et les étonnants Lord Rectangle de Bordeaux. La troupe accompagnée du rappeur Charles X revisite la calypso caribéenne avec une jubilation assez communicative qui devrait nous offrir une moment de fièvre collective.
Il sera alors temps pour Rien Virgule, un de nos grands coups de cœur scénique de cette année, de se produire. Ce quatuor dordognais peut se targuer de nous avoir collé une superbe rouste avec leur album Trente Jours à grande échelle (sorti en octobre 2015 grâce aux efforts conjoints de La République Des Granges, Les Potagers Natures, Permafrost, micr0lab, Animal Biscuit, Do It Youssef !, Attila Tralala et Phase! Records) et d’avoir une composition sortant des sentiers battus. Jean-Marc Reilla et Manuel Duval (de France Sauvage, Pousse Mousse et Nouvelles Impressions d’Afrique) y taquinent sauvagement des synthés bricolés à la maison. Mathias Pontévia joue de la batterie mais en remplaçant ses baguettes par des micros, ce qui donne aux rythmiques une dimension assez vertigineuses. Ajoutez à ça le chant possédé, et dans l’italien diabolique, d’Anne Careil, et vous obtenez une musique insaisissable et tribale qui vous fera passer par tous vos états. De la grandiloquence baroque des Bandes Originales de film d’horreur italien en passant par des dingueries synthétiques ou du drone aquatique, les six titres du disque se jouent des frontières musicales avec un appétit féroce et une rage réjouissante. Une grosse claque comme on n’en avait pas pris depuis notre première écoute du Cercle des Mallissilimalistes (qui jouera d’ailleurs le lendemain). Ils partagent également avec ces derniers la palme de la plus grosse baffe scénique de l’année passée et on vous annonce donc avec certitude une énorme torgnole scénique de magnitude 10.
Enfin, ce sera le trio rennais La Honte qui bouclera la soirée avec ses chansons déviantes et irrésistiblement barrées. Un petit tour sur leur soundcloud et vous pourrez trouver une analyse assez juste de la coupe du monde 2014, une évocation des libidineuses joies du camping sauvage, des interrogations sémantiques sur le bukkake ou encore une reprise pas piquée des hannetons de Kraftwerk… le tout étant servi avec un mauvais esprit assez réjouissant. Amateurs de textes corrosifs et d’humour sombre, vous allez être servi.
L’ambiançage sera assuré sur les deux jours par DJ BOyau, DJ Pichard, DJ Pibolar et Le Secret. En plus de toutes ces splendeurs musicales vous trouverez également sur place de quoi bouffer avec Love Catering, de quoi picoler, un camping gratuit, un bibliobus pour bouquiner, de la distros, des sérigraphies d’Arrache toi un œil… et même un salon de coiffure !
Vendredi 24 juin 2016 – de 19h à 4h
Au TOP 56 chez les Noom. Les Landes de Belleville.
Direction Trehorenteuc (à coté de la caserne des pompiers) à Campénéac dans le Morbihan (56).
Vendredi : 15,49e (17euros sur place)
Pass 2 jours : 28,56e (30 euros les 2 jours) ; Tarif de soutien : 35 euros
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