Un samedi au Tapette Fest

La neuvième édition de l’épatant Tapette Fest aura lieu les 24 et 25 juin prochain. Sur ces deux jours et pour un prix risible, vous pourrez retrouver pas moins de 24 formations formant un détonnant florilège de ce qui peut se faire de plus dingue et de plus excitant en matière de musique noise, indus, expérimentale… en France et ailleurs. Petite revue de nos coups de cœur et de ce qui pique notre curiosité pour la soirée du samedi.
Et si le plus immanquable des festivals d’été avait lieu le week-end prochain dans le Morbihan à Campénéac ?

TapetteFest9 aff haut

Quand on discute avec quelqu’un qui a été au Tapette Fest, la conversation se clôt immanquablement par « De toutes façons, c’est le meilleur des festivals d’été« . A cause de tous ces échos extrêmement positifs et aussi parce que sa programmation est tous les ans totalement dingue, nous avions envie depuis un bail de vous en causer sans y parvenir faute de temps et d’énergie. Ce coup-ci nous avons anticipé la chose et voici donc une petite présentation de ce qui vous attend à moins d’une heure de route de Rennes direction Lorient en fin de semaine.
La programmation du vendredi est déjà assez dantesque mais la seconde journée est peut-être encore plus prometteuse.

Les plus lève-tôt pourront entamer les hostilités dès midi par un étonnant concert dans l’église locale de Jean-Luc Guionnet. Le saxophoniste et organiste français est un habitué des musiques improvisées et free jazz. Il a collaboré avec Eric La Casa, Eric Cordier, Edward Perraud, Dan Warburton, Pascal Battus, Thomas Tilly… Ce touche à tout devrait ouvrir le bal par un chouette moment venu d’ailleurs.

Autre lieu saint, ce sera logiquement au bar qu’il faudra se rendre ensuite. Le duo Gredin animera l’apéro de rigueur. Nous n’avons vraiment aucune idée de ce que Gregory Henrion et William Nurdin,  vont nous mijoter. Sachant que les deux gars organisent le festival Bruitisme à Nancy (Un ahurissant marathon musical où pas moins de 50 groupes de musiques les plus barrées enquillent frénétiquement les concerts en 24 heures), il faut s’attendre à ce qu’ils vivifient sévèrement votre suze.

Nous n’en serons donc encore qu’au début d’après-midi mais voilà que déboulera Guili Guili Goulag, une de nos grosses attentes de la journée. Cet improbable trio bruxellois basse / batterie / harpe amplifiée concocte un détonnant rock fiévreux et tribal qui devrait faire des étincelles. Leur tout récent album Saint-Arnoult 3018 est un électrifiant mélange de musiques africaines et de punk mâtiné de spirales krautrock et d’éruptions metal. Un joyeux et irrésistible  bordel qui n’est pas sans nous évoquer un Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp qui aurait mis les doigts dans la prise. Exactement ce qu’il faut pour nous coller une fièvre carabinée dès cette entame d’après-midi.

Derrière ça, on continuera dans la joyeuse dinguerie avec Octopoulpe. Sous ce tentaculaire patronyme (et le masque qui va avec) on retrouve un drôle de zigue expatrié en Corée du Sud officiant comme guitariste dans Escarres mais aussi comme batteur dans Tentaculos et MyManMike. En solo, le monsieur joue un mathcore tortueux et rentre-dedans réhaussé de vidéos schizophrènes assez pétillantes.

On restera en Asie avec la guitare lysergique de Suzuki Junzo. On avoue ne pas trop connaître le travail du monsieur mais ce qu’on a pu entendre du blues spatial de ce japonais nous parait d’excellent augure.

Il devrait être temps de manger quand viendra l’heure de (hum)  Vomir. Ce projet de Romain Perrot est une des références du style dénommé Harsh Noise Wall. Autant dire que vous allez en prendre plein la gueule. Sauf que passé l’impact initial de ce véritable mur sonique, il est étonnamment bon de se laisser porter par ces dissonantes déferlantes. Une tempête de larsens donc  mais dans laquelle il pourrait être conseillé de larguer les amarres pour se laisser emporter.

Ce sera alors le tour d’un de nos chouchous de la soirée. Le Cercle des Mallissimalistes a en effet sorti en mai dernier Bélibaste de Cocagne – Le Moire, un formidable second EP grâce aux efforts conjugués de trois labels épatants : Kythibong, Les Potagers Natures, Et Mon Cul C’est Du Tofu ?. En deux long morceaux, les lascars y font une impressionnante démonstration de rock frondeur et hanté. Le quatuor s’affiche malicieusement comme l’héritier d’un mouvement musical fantasmagorique : le mallissimallisme. L’art mallissimal aurait été fondé « au début des années 70 par de jeunes compositeurs européens fortement influencés par le travail de Tachesky, Hugsky et Koustov. Ces musiciens autodidactes russes se sont intéressés aux anciens rites sacrés des peuplades sibériennes et plus tard aux textures électriques brutes ». Vrai ou pas, peu importe, le principal étant la fougue et la talent avec lequel ce quatuor brode une musique tendue et envoutante qui grince là où ça fait du bien. Nous avons eu la chance de les voir sur scène au dernier Alambik et ce fut un des grands chocs scéniques de cette année. Inloupable donc.

Retour à la guitare avec Seabuckthorn. L’anglais Andy Cartwright compose avec 6 ou 12 cordes de puissants paysages sonores entre folk éthérée et ambient aux horizons larges. Son très beau cinquième album They Haunted Most Thickly sorti en juin 2015 chez Bookmaker est une merveille de délicatesse aux ambiances vastes et à la mélancolie voyageuse. Le disque est d’une richesse subtile assez remarquable et semble posséder l’épatante capacité de nous émerveiller à chaque écoute comme si c’était la première. Attendez à vous à un délicieux moment en suspension.

La soirée opérera alors un savoureux contre-braquage au frein à main avec Darfour. On n’a pas trouvé grand chose sur ce quatuor mais les vidéos de leur concert laissent augurer un superbe foutoir sonique dont le contraste avec leur prédécesseur devrait nous filer un bon coup de sang.

Il sera alors temps de retrouver un autre des groupes dont nous attendons beaucoup : Mütterlein. Ce projet initié à deux par Marion Leclercq (ex Overmars) et Christophe Chavanon est désormais rejoint en live par Marie Kernéis et de Julie Patissier. Nous avons découvert Mütterlein avec leur formidable album Orphans of the black sun sorti en avril dernier chez Sundust. Le disque regroupe six titres amples et  cinématographiques dont on sent que chaque note et son ont été minutieusement soignés. L’album possède un grain sonore assez fascinant qui participe beaucoup au plaisir de s’enfoncer dans la noirceur gothique de leur univers. Une grande réussite musicale encore rehaussée par les textes et la voix envoûtante de Marion Leclercq, toujours au bord de la déchirure. Un grand disque tout simplement que l’on a plus que hâte de découvrir en live.

Ce qui nous mènera fort logiquement vers un autre groupe très attendu du festival : Sink. Ce collectif finnois existe depuis déjà 2002. Formée à Pori, en Finlande donc, par des membres d’horizons musicaux très différents, la bande s’inspire aussi bien de groupes comme Birthday PartyCoil, Throbbing Gristle ou des compositeurs comme Steve Reich ou Ligeti mais également des univers littéraires de Ballard ou cinématographiques de Pasolini et Tsukamoto. Avec un panel aussi large, le groupe ne cesse de se réinventer et se métamorphose à chaque album. Insaisissables, ils passent sans vergogne du drone-ambient à une folk ténébreuse en passant par le black metal, le néo-classique ou l’acid house… La bande aime aussi à se jouer des attentes qu’on peut avoir d’un groupe de musique en multipliant les collaborations et projets les plus variés. Ils ont ainsi participé à la bande-son d’un jeu vidéo, à celles d’installations d’art contemporain et collaboré avec un photographe pour un projet exposé en prison. Autant leurs albums sont méticuleusement composés et enregistrés, autant leurs prestations sur scène sont réputées comme de véritables sauts dans l’inconnu à l’imprévisibilité ravageuse et où l’improvisation règne en maîtresse absolue et indomptable. Les éléments sont donc tous réunis pour que ce soit un moment plus que mémorable.

Il devrait déjà commencer à être tard quand +++ montera sur scène. En compagnie de Víctor Dvnkel, on retrouve Marc O’Callaghan (que vous aurez peut-être vu la veille avec son projet Coàgul). Le duo basé à Barcelone joue une néo-folk sombre et déglinguée qui devrait encore assombrir un peu plus la nuit entourant le chapiteau.

 

Obscurité qui devrait parfaitement seoir à Satan. Ce groupe de Grenoblois joue un punk volcanique et taillant dans le vif. Ils ont sorti en mai 2015 leur premier album L’odeur du sang produit, mixé et masterisé par Yann HA (Darvulia, Habsyll, Malhkebre…) qui contient douze redoutables tueries de moins de deux minutes. Douze bombes qui devraient avoir un effet joyeusement dévastateur jouées en live.

Pour boucler toute cette furieuse beauté, il semble idéal d’avoir programmé Cachette à Branlette. Le dénommé Unas est un gars de l’Est désormais basé en Bretagne. Il peut se targuer d’être la seconde référence de Poussière d’Epoque (label de l’indispensable disquaire rennais Blindspot). Son electro-disco tropicale et cintrée devrait conclure en beauté fiévreuse ces deux folles journées d’agapes musicales.

L’ambiançage sera assuré sur les deux jours par DJ BOyau, DJ Pichard, DJ Pibolar et Le Secret. En plus de toutes ces splendeurs musicales vous trouverez également sur place de quoi bouffer avec Love Catering, de quoi boire, un camping gratuit, un bibliobus pour bouquiner, de la distros, des sérigraphies d’Arrache toi un œil et même un salon de coiffure !

Samedi 25 juin 2016 – de 19h à 4h
Au TOP 56 chez les Noom. Les Landes de Belleville.
Direction Trehorenteuc (à coté de la caserne des pompiers) à Campénéac dans le Morbihan (56).

Samedi : 20,49e (22 euros sur place)
Pass 2 jours : 28,56e (30 euros les 2 jours) ; Tarif de soutien : 35 euros

le site du festival
la programmation du vendredi en détail
Acheter vos billets
la page de l’événement

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires