Après l’apéritif à la Nouvelle Vague, la Route du Rock commence véritablement ce vendredi 14 août, avec au programme, une déferlante garage de la puissance d’un tsunami, du punk qui refoule du goulot, de la soul hantée, de la folk déviante, du psyché à hauteur de stratosphère, et de l’électro aussi subtile qu’efficace. Revue en détails de la programmation de la journée, des plages malouines l’après-midi au Fort St Père jusqu’au (quasi) bout de la nuit.
Un meilleur accueil des festivaliers
L’an dernier, on avait longuement redit notre amour pour ce festival un poil atypique, à la programmation à défendre, tout en maugréant gentiment sur certains manquements en terme d’accueil (on vous renvoie à nos articles de l’an dernier sur le sujet : là et aussi ici), décriés plus ou moins violemment par pas mal de festivaliers.
Les demandes ont réellement été entendues par l’organisation du festival. Sur certains points, d’ailleurs, comme l’arlésienne des travaux prévus pour rendre le Fort St Père praticable en cas de fortes (ou longues) pluies (ça peut arriver dans notre riante région), l’équipe de Rock Tympans n’avait pas grande marge de manœuvre entre élus qui se renvoyaient la balle depuis des lustres et retards dans les travaux.
Mais voilà, alors qu’on n’avait quasi arrêté d’espérer, les tracto-pelles et autres engins de chantier ont commencé à drainer le site cet hiver, décapant les 40 cm de profondeur d’argile qui empêchaient les écoulements, empierrant ensuite le site pour favoriser le drainage des eaux de pluie. Avec l’ambition, également, de capter les eaux fluviales et de mettre en place un bassin tampon, ainsi que de collecter les eaux usées dans des fosses de 60m2 (plus d’1fos sur le Télégramme). En résumé, si on a tout compris : bottes is definitly dead. Et c’est tant mieux.
Découlant nous semble-t-il de ces aménagements, l’épineux problème des toilettes risque bien de ne plus en être un : l’équipe de la Route du Rock promettant cette année de « maximiser les sanitaires » . Autrement dit, pour certains membres de la gent masculine, cette année, plus d’excuses pour arroser les barrières.
En outre, le festival a choisi un nouvel aménagement pour cette vingt-cinquième édition, permettant à chacun, en théorie, d’assister à tous les concerts du Fort dans de bonnes conditions : la scène des Remparts repasse à l’intérieur du Fort, tout au fond, face à la grande scène (scène du Fort), ce qui devrait éviter le goulot d’étranglement de la foule des années passées. Autre nouveauté : tous les stands restauration se retrouveront en dehors des remparts et bénéficieront d’une structure couverte avec assises permettant aux festivaliers (notamment les plus fragiles) de pouvoir se poser si nécessaire (éventuellement au sec).
Le festival promet également de faire son maximum pour améliorer les services du camping (qui devient payant) et propose pour la première année un système cashless pour les paiements (acceptée dans tous les bars et les restaurants du festival ainsi qu’au stand merchandising, cette carte cashless fonctionne comme un porte-monnaie électronique : vous la créditez d’une certaine somme et vous la rechargez si nécessaire tout au long du festival. Plus d’1fos là. A noter : pour ceux qui créeront leur compte en ligne avant le festival, le remboursement de tous les crédits restant sur votre carte à l’issue du festival sera possible).
Seuls sur le sable, (ou presque) …
Si vous êtes plutôt lève-tôt (et oui, 15h, c’est plutôt tôt en langage festivalier), vous pourrez commencer la journée par une petite découverte musicale sur la plage Bon-Secours avec des dj sets mettant en avant trois labels français indépendants dès 15h00, puis dès 16h, poursuivre avec le live d’un artiste issu de leur catalogue. Le vendredi, c’est Born Bad Records qui ouvrira le festival.
Bon pour tout vous dire, le dj set Born Bad Records sera assuré par Forever Pavot lui-même, ce qui est déjà en soi sacrément chouette. Le garçon quittera ensuite les platines pour un live qui devrait se révéler aussi parfait que son premier effort discographique -entre autres- (le premier album du groupe, Rhapsode – 2014- est irrésistible de classe) et ses prestations habituelles.
Un an après ses copains pataphysiques d’Aquaserge (avec lesquels il a notamment récemment présenté un ciné-concert autour de courts métrages de Louis Feuillade sous le nom de Serge Forever), Emile Sornin déroulera donc les vagues morriconiennes de sa pop psychée pour les surfers du festival amateurs de déferlantes ouatées (parfois plus remuantes en live). Pour ceux qui ont manqué le groupe aux Transmusicales, à l’Antipode pour Roulements de Tambour ou à Binic plus récemment, l’occasion est trop belle de vous couler sur la plage et de vous laisser happer par les délires hallucinés, toute basse en avant, du prodige aux cheveux longs.
« Il y a une dizaine d’années je faisais du punk hardcore, ensuite j’ai fait de la chiptune, de la pop, des compos garage / folk enregistrées sur K7, et maintenant des choses inspirées des musiques de films 60’s…la seule ligne directrice ce sont mes envies » précisait sainement Emile Sornin à la sortie du désormais essentiel Rhapsode. Inspiré tout autant par le prog, que les musiques de film (De Roubaix, Morricone, Jean-Claude Vannier en tête), Broadcast, Stereolab ou le psyché turc pour la composition de ce premier long format, Emile Sornin a, depuis, eu le temps de frotter les compos studio au live et à la sueur avec ses valeureux complices qui forment Forever Pavot sur scène. Remodelés pour le live, les morceaux gagnent en énergie débridée, et sont déroulés avec brio par une bande aussi haletante que subtile. Les zigues parvenant même à en conserver la richesse harmonique (même si certains instruments sont remplacés par d’autres). Bref, les Forever Pavot sont immanquables. Et si en plus c’est sur la plage…
Forever Pavot – 15h00 dj set / 16h live – Vendredi 14 août – La plage Bon Secours
Attention : pour cause de conditions météos défavorables le concert et le DJ Set de Forever Pavot sont déplacés de la Plage Bon-Secours à La Nouvelle Vague. Les horaires restent inchangés.
(pour info, les navettes prévues d’intra-murros au Fort de Saint-Père feront toutes un arrêt à la Nouvelle Vague de 14h à 19h)
Dans le bastion Rock du Fort St Père
Pour ceux qui feraient leur baptême du feu à la Route du Rock cette année, commençons par cette petite précision nécessaire pour s’y retrouver : à la Route du Rock, il y a deux scènes : une scène principale, dite scène du Fort, et une plus petite où sont bien loin de ne jouer que les outsiders : la scène des Remparts (autrefois scène de la Tour). Petit tour d’horizon de ce qu’on pourra y découvrir le vendredi.
Cette année, les organisateurs l’ont promis : les embouteillages autour de la scène des Remparts et cette impression de s’y retrouver comme en plein milieu de La Guerre des Mondes seront résolus (si on pouvait aussi faire quelque chose pour le son, cette année, ce serait parfait). Si on restait en effet un peu circonspect sur le manque d’anticipation des difficultés de circulation et d’accès à la scène les années passées -même s’il y avait du mieux- la nouvelle disposition à l’autre extrémité du Fort, face à la grande scène, nous semble sur le papier bien plus à même de permettre au plus grand nombre de profiter des concerts qui s’y déroulent de la meilleure des manières. Et c’est tant mieux puisque cette année encore, pour rythmer non seulement l’arrivée des festivaliers mais aussi les petits coups de mous de la soirée, ce sont 9 groupes qui se donneront le tour sur les trois jours.
Le vendredi, c’est Wand, protégés et potes du prince du garage Ty Segall, (venus également de Californie, mais de Los Angeles pour leur part) qui auront le redoutable honneur d’ouvrir le festival. Après un premier album plutôt réussi, Ganglion Reef -2014, Drag City/God ? autrement dit le label de Ty Segall- un poil plus psyché, les quatre garçons ont remis le couvert cette année avec la sortie d’un 9 titres plutôt bien ficelé, qui racle bien plus profond. L’esprit garage psyché est toujours là, avec une touche de glam dissimulée ici et là par des couches de fuzz bien crades, mais l’ensemble sonne plus heavy que leur précédent effort. Pourtant, les Américains n’ont rien perdu de leur sens mélodique et ponctuent leurs riffs sauvages par des passages plus calmes, avec un bel équilibre trouvé sur la longueur entre déluge sonique et fulgurance mélodique. Les amateurs du blondinet Segall (nous en sommes) devraient apprécier, d’autant que le groupe enchaînant les dates à un rythme stakhanoviste, la bande à Cory Hanson est plutôt sacrément rodée pour la scène.
Wand – 18h50 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène des Remparts
Le vendredi, on aura aussi le bonheur ineffable de retrouver The Thurston Moore Band, c’est à dire Thurston Moore sans Kim Gordon, sans Lee Ranaldo (arrivera-t-on à s’en remettre) mais avec quand même Steve Shelley (batteur de la jeunesse sonique) plus Debbie Googe à la basse (My Bloody Valentine) et James Sedwards à la seconde guitare (musicien anglais talentueux, qui à 16 ans avait réussi à passer backstage pour tailler la bavette avec Sonic Youth à Reading en 1991, sans se douter qu’il jouerait un jour avec Thurston Moore). Or Sonic Youth a toujours été la somme d’individualités fortes : chacun des projets de ses membres (pré-ou post-séparation, musical ou extra-musical, collaboration ou solo ) recelant toujours un réel intérêt.
The Best Day (2014, Matador) sous le nom de The Thurston Moore Band, arrive donc après l’album de Chelsea Light Moving (2013) enregistré par Thurston Moore avec un backing band tournant dans les sous-sols new yorkais et l’exercice solo Demolished Thoughts (2011), marqué par une instrumentation acoustique (harpe, violon, guitare sèche) et la production de Beck. Commençant par des harmoniques à la guitare tout en résonances aériennes, Speak to the wild, qui ouvre The Best Day, rebranche à nouveau l’électricité, progressant d’entrelacs de guitares en profondes et sourdes détonations noise durant huit minutes, sans jamais oublier d’être mélodique. The Best Day sera à son image : mélodies vrillées, duels/dialogues de guitares entre hypnose et intensité sonique, jolies trouvailles planquées de ci, de là (12 cordes ? pour Tape, contrepoint de guitare country sur The Best Day) et surtout tripotée de bonnes chansons à passer en boucle sur la platine. Celles-ci risquant d’autant plus d’être magnifiées en live par la bande de l’éternel magicien Moore. On a hâte.
Thurston Moore – 19h45 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène du Fort
On poursuit par les guitares crasses qui crachent avec un groupe qui joue rêche, droit dans ses bottes, le pied ou non bloqué sur la pédale fuzz. Le bien nommé Fuzz, donc, compte dans ses rangs trois gaillards aussi essentiels au garage actuel que l’est l’application météo au festivalier malouin. Autrement dit le blondinet aux mèches rebelles Ty Segall, jeunot prolifique dont la liste d’albums (en solo ou au sein d’une bonne demi-douzaine de formations annexes) eps, splits (et on en passe) est longue comme la faille de San Andreas et qui sait vous dégommer les esgourdes à coups de brûlots noisy et de chansons barrées avec une classe insolente, mais également ses grands potes Charlie Moothart à la guitare et Chad Ubovich à la basse (pour ce projet Segall est derrière les fûts).
Heavy, dense et saturé, le trio headbanguant crânement au-dessus de ses guitares et fûts, mélange brûlots noisy, fougue punk, garage qui tache, influences métal, saturations grunge et riffs psyché avec la classe à Dallas ! Leur premier album (Fuzz, 2013), bien sûr sorti chez In the Red Records, convoque le Black Sabbath et le rock le plus heavy, à un rythme effréné et sauvage, le tout sans oublier de ne jamais complètement dissimuler ses belles aptitudes mélodiques sous l’épaisseur de murs bâtis à coups de riffs et de larsens fiévreux voire tendus. En résumé, Fuzz hurle, décape et tranche dans le vif et devrait mettre le Fort sens dessus dessous le vendredi. D’autant que les trois bourricots annoncent une nouvelle livraison de 14 morceaux pour octobre prochain et devraient défendre bec et ongles ce futur Lp sur la scène de la Route du Rock
Fuzz – 21h10 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène du Fort
Plus tard dans la soirée c’est le trio américain (peut être avec un batteur en plus pour le live ?) Algiers qui prendra place sous les Remparts. Venus d’Atlanta, les membres d’Algiers vivent désormais entre Londres et New York et ont signé la sortie d’un premier album (Algiers, juin 2015) sur Matador. On y découvre 11 titres qui mêlent ensemble la lourdeur glacée d’un post punk nihiliste et la fièvre viscérale du gospel, pour un album éminemment référencé et engagé (des droits civiques aux dérives politico-sociales actuelles). Le groupe n’hésitant pas à citer dans un pêle-mêle désordonné Susan Sonntag, Lydia Lunch, les Black Panthers, Minor Threat, Nina Simone, Paris Texas, Einstürzende Neubauten, Pharoah Sanders ou Alejandro Jodorowsky côte à côte.
Aux côtés du bassiste Ryan Mahan et du guitariste Lee Tesche, le chanteur et guitariste Franklin James Ficher rappelle bien sûr l’engagement vocal et les chœurs habités de Tv on the Radio, le groupe semblant partager la même ferveur que la bande de Tunde Adebimpe, Kyp Malone et Dave Sitek. Mais évoque aussi (et c’est plus étonnant) les fulgurances habitées des premiers Nick Cave (dans une moindre mesure bien sûr). On est un peu moins fan du pas de côté plus EBM que Bambaata-esque d’Irony. Utility. Pretext (le titre préféré de beaucoup pourtant), mais on se montre plutôt convaincu par le premier album du trio. Untilted clôturant l’album nous filant même des frissons et les yeux humides à chaque écoute. On attend donc avec impatience de voir ces garçons en live, les fulgurances incantatoires et habitées du trio risquant encore de gagner de l’ampleur face au public.
Algiers – 22h05 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène des Remparts
Timber Timbre est allé faire un tour du côté du mythique Laurel Canyon pour trouver l’inspiration de son nouvel album, le troisième depuis qu’on connaît les Canadiens (mais le cinquième en réalité, Timber Timbre ayant sorti deux albums autoproduits en 2005 et 2007). Hot Dreams (2014) voit revenir Taylor Kirk, non plus seul, mais partageant la composition avec Simon Trottier (et aussi Colin Stetson l’immense, au saxophone) pour un album tout aussi tendu, mais gagnant en densité et en lumière. Un peu comme si la musique cinématographique de Timber Timbre, jusque là film de rockabilly décharné fantomatique en noir et blanc échappé des 50’s, avait découvert les couleurs, non pas chatoyantes de la pop, mais profondes et mordorées des seventies (basses kraut à la Beak/Portishead, développements de bo à la John Barry, soul lente et sensuelle…).
Avant cela, c’est un peu contre toute attente que critique et public se sont entichés de Timbre Timbre, attendant le troisième disque du groupe, Timber Timbre (2009) -et même quasi un an et demi après sa sortie- pour l’adouber comme la nouvelle révélation. Mieux vaut tard que jamais. D’autant que ces huit titres méritent bien toutes les attentions. Folk songs dépouillées marquées par la voix de velours de Taylor Kirk, et par des arrangements particulièrement subtils (quelques cordes, cuivres et chœurs), ces chansons sonnent finalement comme du folk déviant. Parce qu’en dépit d’une instrumentation essentiellement acoustique, les morceaux de Timber Timbre sentent la poudre et le soufre. Aussi Creep On, Creepin’ On (2011) continuera dans cette veine, conviant cette fois la violoniste Mika Posen et Simon Trottier donc (pedal-steel entre autre), sur des titres peut-être un poil plus enlevés rythmiquement, mais qui sonnent plutôt comme du doo-wop tordu et souffreteux. Avant donc, ce dernier album particulièrement dense et abouti que Timber Timbre défendra sur la scène de la Route du Rock le vendredi. Vivement.
Timber Timbre – 22h55 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène du Fort
Le même soir, pour donner un coup de fouet au Fort après Timber Timbre en attendant Rone et Ratatat, c’est le quatuor irlandais Girl Band qui essorera le public du festival en 1000 tours/minute : des guitares carrées des mâchoires, des machines monstrueuses, des voix scandées avec une morgue toute britannique, des dissonances qui débouchent la tuyauterie auditive et un chanteur qui hurle comme si le rouleau compresseur musical de ses comparses s’était arrêté sur ses orteils. Bref, le quatuor masculin (ne vous laissez pas abuser par son patronyme) risque bien de puncher fort direct dans nos gencives et qui sait, dévoiler quelques titres de son premier album Holding Hands with Jamie prévu pour septembre chez Rough Trade Records. Néanmoins si on en croit leur récent 5 titres The Early Years (2015, sur Rough Trade), les bougres ont déjà de quoi nous remuer les sangs. Entre punk, rave et noise, ces iconoclastes britanniques pourraient bien mettre le Fort à feu et à sang.
Girl Band – 00h10 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène des Remparts
La nuit sur le Dance-Fort
Si certains s’étonnent encore (!) qu’un festival indie-rock propose une programmation électro (notamment pour réchauffer les festivaliers lorsque la fraîcheur nocturne tombe sur le Fort), la majorité du public en redemande. En plus des groupes dont nous avons déjà parlé, on retrouvera ainsi deux groupes ou artistes destinés à propulser tout le monde sur le Dance-Fort en fin de soirée.
Le duo New Yorkais Ratatat est attendu par beaucoup. Il faut dire que Mike Stroud et Evan Mast ont mis cinq ans pour donner naissance au successeur de leur quatrième album LP4. Or depuis Ratatat en 2004 mais surtout Classics en 2006, la fan base du duo de Brooklyn n’a cessé d’épaissir. La sortie de Magnifique (2015, Because) était donc guettée par une tripotée d’aficionados du duo mêlant riffs de guitares tantôt funky, groovy ou seventies (entre prog et classic rock… on a failli écrire pénibles) et machines un poil boostées. On reste pour notre part totalement hermétique au génie et à l’inventivité partout mentionnées du duo, trouvant même le paquet bien plus rétro que futuriste, si ce n’est un tantinet boursoufflé. Bref, Ratatat ne fera pas notre bonheur, mais devrait (et on est ravi pour eux) sans peine faire lever les bras de l’immense majorité du Fort vendredi soir et c’est tant mieux.
Ratatat – 01h00 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène du Fort
On attend bien davantage du formidable Rone, qui album après album, confirme que le futur de la musique électronique passe par ce bonhomme-là. On se souvient d’ailleurs d’un superbe live juste avant la sortie de Tohu Bohu à l’Antipode pour Cultures Electroni[k] en 2012, mené par le garçon avec un doigté de velours. Des montées sans déballer l’artillerie lourde, des vrais basses techno qui tabassent alliées à une electronica soyeuse en arrière plan, légère et aérienne pour un résultat aussi efficace que subtil.
Le producteur repéré par Agoria sur la compilation At the Controls (2007) avait logiquement signé sur Infiné pour un premier maxi, Bora (2008), mélange de techno minimale et d’electronica soyeuse (un peu de Border Community, un peu de Dial… et surtout beaucoup de Rone). Ce premier essai réussi avait débouché sur la sortie d’un premier album, Spanish Breakfast (avril 2009) résolument contrasté, tour à tour lunaire, jovial, mélancolique, calme ou dancefloor (« A l’image de la vie » , selon son auteur) qui a rencontré un vrai succès critique et public.
Un maxi plus tard, So So So, belle tuerie dancefloor précède Tohu Bohu qui s’attire à son tour les éloges d’un public de plus en plus nombreux et qui place le producteur comme l’une des têtes chercheuses les plus intéressantes de l’électro. Là encore la fluidité de Rone dans les enchaînements ainsi que sa faculté à toujours jouer sur les reliefs avec nuances font mouche. La sortie de Créatures en 2015 ne fera qu’enfoncer le clou. Le disque est une réussite de bout en bout. A la fois encore plus intime et personnel, tout en étant ouvert à de nombreuses collaborations (Bryce Dessner des National, Bachar Mar-Khalifé, Etienne Daho, François Marry sans ses Atlas Mountains ou l’essentiel violoncelliste Gaspar Claus pour un sublime Freaks), Creatures fait montre d’une maîtrise des reliefs, des climats et des climax tout bonnement impressionnant. Bref après l’avoir raté aux dernières Transmusicales, on se réjouit de la session de rattrapage que nous offre la Route du Rock.
Rone – 02h40 – Vendredi 14 août – Le Fort St Père – Scène du Fort
Eux aussi au Fort, les djs des Magnetic Friends auront également une nouvelle fois en charge de réchauffer l’ambiance avant et entre les concerts. Et comme à leur habitude, ils devraient sortir de leurs besaces une tripotée de titres pour danser dans la boue, faire des blindtests avec les copains, voire chanter à tue-tête bras dessus-dessous avec son voisin (parfois inconnu quelques minutes auparavant). Entre madeleines indie-hip-pop-electro-rock et bombinettes-turbines à danser, les facétieux djs pourraient d’ailleurs glisser quelques surprenantes pépites. Oui, ça s’est déjà vu. Comment ? Vous avez dit « chenille » ?
Pour finir, une expo (rien à voir avec Björk cette fois-ci, ouf) du photographe Richard Bellia sera visible sur le chemin menant de l’accueil du festival jusqu’à l’entrée du Fort. D’Henri Rollins (avec des cheveux !) à Patti Smith en passant par Blur, Shellac, The Clash, My Bloody Valentine, Nirvana, Sexy Sushi, James Brown, Bashung, Nick Cave, X, Bowie, Nirvana, Christophe Brault (avec des cheveux aussi), Ride, Fela, Laetitia Shériff, Ty Segall (et on en passe des centaines) : Richard Bellia les a tous photographiés. Et pour cause, ce gentilhomme de l’argentique est l’un des grands du métier et arpente, depuis les années 80, les salles de concert, les festivals ou autres pubs londoniens pour prendre ses clichés, le plus souvent en noir et blanc. Grand habitué du plus malouin des festivals, Richard Bellia proposera donc une vingtaine d’images prises à la Route du Rock pour une expo qui devrait nous rappeler pas mal de chouettes souvenirs. A voir absolument.
Retrouvez tous nos articles sur La Route du Rock, avant, pendant et après le festival ici.
La Route du Rock Collection Eté 2015 du jeudi 13 août au dimanche 16 août.
Plus d’1fos : http://www.laroutedurock.com/