Histoire d’enfin vérifier de visu l’excellente réputation du Binic Folk Blues Festival, nous sommes allés y faire un tour le vendredi 31 juillet. Nos attentes ont été plus que comblées avec une ambiance ultra chaleureuse et une totale générosité artistique au rendez-vous.
Septième édition déjà pour le Binic Folk Blues Festival. Depuis déjà plusieurs années, de nombreuses personnes nous en avaient chanté les louanges avec une conviction qui ne laissait que peu de place au doute. Trois jours de concert totalement gratuits, avec une programmation assez épatante, l’événement de la petite station balnéaire située à deux pas de Saint-Brieuc ne manquait pas d’atouts mais le calendrier s’ingéniait à contrarier notre venue sur les lieux. Fatalité enfin conjurée pour cette édition 2015 où nous avons enfin pu nous rendre à la soirée inaugurale.
Nous déboulons donc sous un soleil radieux en fin d’après-midi de ce dernier vendredi de juillet. Nous y découvrons un site particulièrement généreusement agencé. Trois scènes sont disposées à cinq minutes de marche les unes des autres. Une première (scène Pomellec) un peu excentrée est placée proche des parking. Une plus petite (scène Cloche) est située sur le port près du petit centre ville. Enfin, la dernière (scène Banche) trône royalement sur l’esplanade longeant la plage. Comble du bonheur, de cette dernière, il n’y a donc qu’à enjamber un petit muret pour se retrouver sur le sable face à la mer. Le tout est largement agrémenté de stands divers et variés (bars, merchandising, stand de label…) qui en complément des restos et bars locaux offrent un espace aux possibilités riches et au temps d’attente inexistant. Bref un vrai bonheur de festivalier.
Ce n’est pas tout ça mais nous sommes aussi venus pour écouter de la musique. Direction la petite scène Cloche où Shake It Like A Caveman a commencé son œuvre diabolique. Seul sur scène, le gars du Tennessee délivre un blues old school habité et groovy. Il a senti que c’est ce que le public attend et il va lui en donner tout son saoul. La proximité de la scène est très agréable et l’on sent également au grand sourire du bonhomme qu’il profite pleinement des réactions très chaleureuses des spectateurs.
On enchaîne avec le duo guitare/batterie bordelais Hot Flowers sur la scène Pomellec. La guitare se fait plus incisive et dissonante et le chant lorgne davantage vers Thurston Moore (Sonic youth) que par chez Robert Johnson. Ce n’est pas vraiment pour nous déplaire. Un set très énergique malgré le grand soleil pas vraiment adapté à ce genre d’ambiance et même si les compos sont un peu inégales, on passe un excellent moment en leur compagnie.
Retour vers la petite scène avec les Toulousains de Dividers. Les protégés de l’excellent label rennais Beast Records nous avaient fait bonne impression à l’écoute. Ils vont plus que brillamment passer l’épreuve du live. Leur folk psyché inspirée n’a pas oublié son essence rock. Ils livrent avec une fougue remarquable un set dense, hyper énergique et délicieusement dénué de temps mort. Assurément notre coup de cœur/découverte de cette soirée.
Après une brève mais copieuse pause repas, nous sommes de retour au bord de la plage pour ne rien louper de la prestation de Forever Pavot. Alors que Rhapsode, leur disque hante régulièrement nos platines depuis sa sortie en novembre 2014 chez Born Bad, nous les avions honteusement loupés lors de leur passage à la dernière édition du festival Roulements de Tambour (concert heureusement brillamment immortalisé par le camarade Apollosmouse). Nous étions donc ravis de pouvoir enfin rattraper le coup. La bande menée par le pétillant maître d’œuvre Emile Sorin va livrer ultra généreux et joyeusement débridée. La transposition du réjouissant foisonnement de l’album sur scène est très réussie. On se délecte ainsi d’une version épique de l’excellent Miguel & Salam ou encore d’une reprise éthérée et onirique de l’entêtant générique du dessin animé des aventures de Tintin. Entrainée par les réactions très enthousiastes du public, la bande lâche sans retenue les chevaux vapeurs et le concert continue de monter en puissance jusqu’à un final qui laisse délicieusement étourdi. On aurait adoré remettre le couvert à la Route du Rock mais les Forever Pavot y resteront hélas cantonnés à la plage. Dommage.
Nous jouons ensuite la carte du contraste en restant sur place pour se prendre en plein tronche le set des furieux de Frustration. Leur post-punk racé et grandiloquent fait mouche instantanément et enflamme à grand renfort de riffs acérés et de refrains scandés, un public qui ne demande que ça. Grosse ambiance donc, mais hélas pour nous, nous avons le sentiment que la formule tourne rapidement en rond et nous décrochons petit à petit au milieu d’une foule qui, elle, semble bien décider à entrer en ébullition.
Cela nous permettra au moins d’assister au final enlevé du concert de Ron S Peno and The Superstitions. Comme ses prédécesseurs, l’Australien lâche la bride sans retenue aucune pour le plus grand plaisir des festivaliers.
Nous concluons enfin cette superbe journée par le grand port’ nawak furieusement rock des bordelais de JC Satan. Un grand foutoir fun et décomplexé, un peu approximatif certes, mais follement réjouissant. Ceci termine en apothéose notre première expérience du Binic Folk Blues Festival.
Nous partons donc en nous mordant les doigts de ne pouvoir assister à la suite des débats des deux jours suivants. D’autant plus que les prestations des canadiens furieux de Ought ou des mythiques et séminaux Sonics promettaient des vertes et des biens mûres. On aurait aussi aimé prendre le temps de revoir les groupes qui rejoueront à différents heures et lieux du festival au cours des trois jours. Bravo en tout cas à l’association La Nef des Fous et à ses joyeuses cohortes d’inflexibles bénévoles pour l’impeccable organisation de cet incroyable événement, totalement gratuit rappelons le. Longue vie à eux et à ce festival qui en sept petites années est déjà devenu un des rendez-vous incontournable de l’été.
Bon ben l’année prochaine on ira ensemble.
Covoiturage alors, go pour moi aussi !
ça marche