OK, c’est la rentrée mais c’est aussi le retour des concerts de l’asso rennaise Des Pies Chicaillent. Leur seconde escale de septembre nous emmenait jeudi 12 sur la scène club de l’Antipode avec la mud-pop de Sarakiniko et l’indie rock dada des très attendus Wombo de Louisville USA. Retour rapide en mots et en images sur une bien chouette soirée de rentrée.
Nous étions tout particulièrement heureux de démarrer cette nouvelle saison de concert par cette date de l’association Des Pies Chicaillent. D’abord parce que nous avons loupé leur première soirée du 3 septembre au Bloom Pop avec Omni et Sir Eward (qui fut d’ailleurs complète) mais aussi parce qu’ils invitaient une des formations les plus excitantes pour nous de ces dernières années: Wombo.
Avant ça, la soirée démarrait par les mélopées vaporeuses et électriques de Sarakiniko. Le breton Yann Cavenet a récemment enchaîné avec une classe insolente deux excellents albums Red Forest (2022) et Dehors (2023) nourris au shoegaze et à la new wave britannique des années 1980. Cette musique, il la qualifie lui-même de « mud pop ». les deux pieds dans la terre donc mais aussi la tête dans les étoiles pour des chansons à la fois rêveuses et tendues. Hélas, malgré une belle implication et une sensibilité très touchante, le version live ne va guère nous emporter. Est-ce la faute à la déferlante de groupes shoegaze qui s’abat du côté de chez les disquaires en ce moment ? Nous restons pour nous en terrain bien trop familier pour nous laisser envoûter par les plans de guitare vaporeux et les rythmiques un peu trop prévisibles à nos oreilles. Le set passe, de façon plaisante certes, mais sans jamais nous emporter vraiment dans ses brumes électriques.
Les fans de musique mélancoliquement rageuse (comme nous) ont une place particulière pour la ville de Louisville aux USA. Cette importante agglomération du Kentucky a en effet vu fleurir au mi-temps des année 1990 une vague de groupes tout particulièrement chers à nos oreilles comme à nos cœurs : Slint, Rodan, Shipping News, The For Carnation… Nous avons donc dressé l’oreille avec attention à la première écoute de Wombo, trio issu de la susdite cité et composé de Sydney Chadwick, Cameron Lowe et Joel Taylor. Dès le premier album Staring at the tree (2017) nous sommes tombés sous le charme de cette singulière musique nous évoquant un puissant croisement entre le groove dada de Dry Cleaning, les mélodies lunaires de Cate Le Bon et l’épure déchirante de Young Marble giants. La bande a depuis sorti deux autres albums Blossomlooksdownuponus (2020) et Fairy Rust (2022) réussissant l’exploit d’être de qualité croissante, notamment en domptant (un peu) les élans sauvagement lyriques de la chanteuse. Leur dernier EP Slab, sorti en 2023, est une pure merveille d’équilibre entre expérimentations et douceur qu’on écoute en boucle depuis sa sortie. C’est donc peu dire qu’on avait très très hâte de découvrir le groupe sur scène.
Notre fébrilité est semble-t-il partagé par le trio qui démarre son concert de façon fort timide malgré la basse irrésistible et les riffs envoûtants de Snakey. S’il ne lâchera pas totalement prise durant le set, le groupe va fort heureusement complètement réussir la montée en intensité de son set.
C’est d’autant plus remarquable que la folle richesse de leur musique nous apparaît encore plus stupéfiante sur scène. Les lignes de basse onduleuses et la voix fascinante de Sydney Chadwick, les riffs de la guitare délicatement tordues et bruitistes de Cameron Lowe et le jeu de batterie somptueusement alambiqué de Joel Taylor forment un trio de personnalités musicales hautement singulières mais qui parviennent pourtant à s’assembler miraculeusement pour former un ensemble aussi déconcertant que fascinant. Ce soir là, la part belle est faite aux titres les plus sautillants de leur discographie comme Sad World, Backflip, Dreamsickle ou le merveilleux Slab de leur dernier EP. Nous auront tout de même aussi droit à de très belles versions des délicatement étranges Minor Something RVW ou Sour Sun.
Nous ressortons de là totalement ravis de les voir conforter d’aussi belle manière la place toute particulière qu’occupe le groupe parmi les formations récentes. Nous aurons juste le petit regret de trouver qu’un soupçon de timidité persistant les empêche de se livrer complètement. Ça nous donne surtout envie de les suivre d’encore plus près et de les revoir le plus vite possible pour découvrir où leur pas les mèneront par le futur.
On attendant, on remercie bien Des Pies Chicaillent et l’Antipode de nous avoir enfin permis de savourer la musique de cette formation dans d’aussi belles conditions.