Littérature jeunesse en mai

© J. Haurogné, X. Lacouture et V. Farges / les Editions des Braques 2011

 

Il y a commémoration et il y a mémoire vive, rendue vive, rendue !

 

Si c’est encore une fois le coeur qui a parlé le premier devant le bac à nouveautés de la librairie, un court moment a suffi pour se laisser prendre au jeu : d’abord les deux toutes dernières pages qui créditent, précisent et proposent d’autres liens, posent comme à la main de petites notes humoristiques qui classent immédiatement les éditeurs du côté des sympathies à suivre, et affichent le très prisé ici « Imprimé en France, Imprim’Vert » ; puis un feuilletage rapide où saute déjà aux yeux la poésie des images et des mots ; enfin, deux doubles pages documentaires prévues pour répondre à la curiosité historique des jeunes lecteurs.

 

Etre petit et plonger de force dans la grande Histoire, c’est arrivé (et arrive encore) à des enfants en vrai. Etre petit et écouter une petite histoire de la grande, en la lisant, ou pas… c’est permis et conseillé, et agréable avec ce nouvel ouvrage double, un livre et un disque des Editions des Braques.

 

Il y a sept petites années, deux chanteurs drôlement particuliers, Jacques Haurogné et Xavier Lacouture ont rendu la vie au bestiaire de leur ami et symbolique parisien Francis Lemarque en créant le spectacle L’Arbre à musique, avec le jeune et excellent pianiste Ezequiel Spucches. Et le voilà en forme de livre-disque pour en profiter par les yeux et les oreilles depuis notre canapé. Une voix élastique et souriante nous emporte, comme si c’était l’histoire du soir racontée par un parrain qui raconte si bien, non seulement en inventant les voix et les mimiques idoines, mais en plus en agrémentant le tout d’envolées vocales fabule(tt)euses.

 

Autour des chansons déjà fort joliment ourlées et désormais portées haut, l’histoire de Jacques, que ses parents en fuite confient à une maîtresse d’école au prénom fleuri et à la classe très animée, retrace la parenthèse qu’il vit, sauvé, en clandestin en attendant que la seconde guerre mondiale lui rende sa maman. Le petit garçon, plein de courage et d’imagination trouve dans les messages radio codés les graines de son arbre à musique, le refuge créatif que chacun devrait laisser pousser en lui. « L’oiseau chante son refrain, je répète, l’oiseau chante son refrain… », un refrain de peur, d’amitié, d’incompréhension, d’amour, de blessures, de solidarité, de secrets et d’espoirs…

 

Le texte et les chansons se répondant à l’écoute, le livre paraît indissociable du disque, mais la troisième dimension offerte par les illustrations douces et acides de Vincent Farges, qui semble se créer une patte différente à chaque publication, prolonge les mots et offre une vie propre à l’album de papier. Ici au milieu de pochoirs et tampons originaux, assemblés numériquement sans pour autant y perdre une once de la matière colorée qui leur donne vie, l’oeil de Jako pétille à chaque page d’une lumière si singulière qu’elle est capable de transformer l’étoile jaune en logo de secours le temps d’un rêve.

 

© Vincent Farges / les Editions des Braques 2011

 

Qu’il est bon de voir des êtres joindre leurs simples et justes forces pour résister et passer outre des monstruosités, et qu’il est heureux de profiter des merveilles que côtoient et produisent pour nous des gens qui n’ont pas peur de porter sur la tête un entonnoir… ou un entorouge ?

 

 

L’Arbre à Musique, Jacques Haurogné, Xavier Lacouture et Vincent Farges, Les Editions des Braques, 2011, 18€

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