Littérature de jeunesse : Le garçon qui voulait…

© Elsa Valentin / Sandrine Desmazières / L'initiale / 2014
Nous (re)voilà bien.

Carnaval approche (comment ? la vitrine n’est pas de saison ? tant pis ou plutôt tant mieux…). Nino, qui sait parfaitement mieux que son père où est rangée la recette des bugnes (mmmmh), a son idée question déguisement. Cette année, il sera en reine. Non, pas en renne. En R E I N E. Même si Pap n’en croit pas ses aïeux, même si Aby la grande soeur dit que ça ne se fait pas, ça n’existe pas, même si une tendre Maman qui rentre tard a plein d’autres idées.
Heureusement, il y a le chat, compréhensif, et la marraine (ah les marraines !) accueillante et pourvue de matériau adéquat.

Si le titre, en flagrant délit d’actualité, clair et simple, interpelle plus par curiosité que par poésie, il a le mérite de dire ce qui est et de donner envie de savoir si le vœu se réalise et comment. Mais allez-y, ouvrez, vous ne le regretterez pas.

Avouons qu’ici, l’illustration a joué, et tiens tiens… on avait déjà parlé avec délice du travail de Sandra Desmazières… Une heureuse dégringolade de couleurs associées, qui profitent du fond nocturne pour éclater comme un feu d’artifice, illumine les motifs variés et multipliés du sol aux coussins en passant par les vêtements des personnages. Bon pour les yeux et l’humeur. Promis. L’air de famille est tel que le rose aux joues se partage avec la marraine aussi. Et les costumes des dernières pages ne manqueront pas de faire sourire ou de donner des idées, pas forcément standardisées…
© Elsa Valentin / Sandrine Desmazières / L'initiale / 2014
Côté texte, Elsa Valentin propose une histoire très dialoguée. Limite théâtrale (à jouer quand on lit pour quelqu’un ?)… émaillée de petites touches humoristiques (– En cow-boy ? – No way Mum.) et jeux de mots, voire de lettres (– Ce sera EN REINE OU EN RIEN !) qui accompagnent bienveillamment ce petit cas de sexisme ordinaire. Le thème du carnaval est propice à faire fi des clichés et (s’)autoriser une liberté d’expression de soi à diffuser toute l’année : se déguiser c’est devenir un peu un autre, c’est transformer la réalité pour un temps, et c’est aussi se faire plaisir et oser tout simplement. On se régale donc, en plus de sentir du vécu ou du sacrément bien vu, avec ce petit garçon gentiment obstiné qui prévient par courrier de l’horaire de ses déclarations d’indépendance, cette grande sœur un brin rigide mais qui se laisse convaincre en soupirant trop fort pour être vraiment râleuse, ces parents décontenancés, doux et drôles, et déguisés aussi à la fin (on a même cru trouver des indices de leurs costumes dans les pages précédentes) ! Enfin, le chat qui donne son avis sans se laisser embarquer est comme le sucre sur les bugnes.

Grâce à cet album multicoloré et légèrement impertinent (point trop n’en faut), on découvre avec gourmandise les éditions L’initiale, dont le catalogue nous ravit d’avance, car ses trois collections (L’initiale, L’utile et L’agréable) lient de belles idées à un traitement semble-t-il chaque fois original. Entre parenthèses, et parce qu’on est casse-pied, on aimerait juste savoir, dans les petites notes du livre, si leur imprimeur a de vertes qualités au moins à l’horizon tel qu’on apprécierait encore plus d’en tourner les pages.

Maintenant, vous pouvez replonger le nez dans les catalogues saisonniers en comptant les pages roses, les pages bleues ou parfois les photos qui montrent tout simplement des enfants qui jouent à ce qui leur plaît quand ça leur plaît, il s’agit juste de leur permettre le choix et de les laisser s’amuser sans préjugés, et grandir plus largement.

NB : à quand Mardi Gras jour férié ?

Le garçon qui voulait se déguiser en reine, Elsa Valentin et Sandra Desmazières, éditions L’initiale, 2014, 12€.

2 commentaires sur “Littérature de jeunesse : Le garçon qui voulait…

  1. Isa

    je viens de comprendre le chapô !!!

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