Piano Chat n’est pas un inconnu du public rennais puisqu’on a pu le rencontrer aux Bars en Trans en 2011 (interview ici) et aux Tombées de la Nuit l’an dernier où le jeune Tourangeau avait littéralement assis tout le monde. Pour son dernier concert à Rennes aux Embellies, tout seul sur scène armé d’une guitare électrique, d’une caisse claire, d’un tom basse et d’une cymbale (pour l’essentiel), et puis aussi, surtout d’une pédale de boucles, Piano Chat a une nouvelle fois réussi à emporter le public rennais.
Le musicien aime en effet les allers-retours de la scène à la salle, le contact, la proximité, le lien créé avec les spectateurs. Pour preuve ce final, entre sourires, frissons et rires partagés, particulièrement magique où le musicien est descendu au milieu de la salle pour jouer avec tout le public de l’Antipode, assis autour de lui. Muni d’un drôle d’instrument à soufflet, à genoux devant les spectateurs Piano Chat livrera une version dépouillée et bigrement émouvante de Nous irons nous promener, progressivement rejoint par les chœurs du public. [vous pouvez voir un extrait vidéo de ce final chez nos copains de Pop is on Fire là]
Pour notre part, on aime ces titres qui jonglent avec les structures et qui, bien que joués par un seul homme, n’en deviennent pas pour autant simplistes et prennent au contraire mille directions bien souvent passionnantes. On pourrait dire homme-orchestre, mais la formule éculée et son corollaire (trop) hâtif (de l’énergie mais des morceaux foutoirs, performance live époustouflante / inécoutable sur disque) ne nous semble pas vraiment correspondre au bonhomme. Car sous ses airs brouillons et ses sonorités brouillées, Piano Chat livre des morceaux au lyrisme parfois fragile, parfois abrasif, mais bien souvent envoûtants. Et surtout fait preuve d’un véritable talent de mélodiste. Le morceau Nous y perdrons un peu issu de son dernier ep, sorti sur le Thoré Single Club en novembre dernier, est à ce titre une véritable perle.
Après des riffs à la guitare qui s’entremêlent progressivement et deviennent rapidement addictifs, un premier chœur à plusieurs voix à la Animal Collective ouvre le titre sur une piste à suivre la main sur la bouche comme des Indiens, pour bifurquer sur un couplet particulièrement émouvant, martelé sur un tom de batterie « nous essaierons de rendre nos vies utiles / Nous essaierons de faire au mieux » jusqu’à un emballement total de cris, cymbales, percussions et guitares entremêlées. Car le garçon donne sans compter et promet la bamboule ( « cette fête qui vient de Tours » ) quitte, au passage, à faire tomber son pied de micro de scène ou à débrancher involontairement sa guitare en bondissant de scène pour plonger au milieu du public.
Juste avant son concert aux Embellies, nous avons interviewé le jeune homme. Et on est désolé de vous le dire, le garçon est aussi adorable et charmant en entretien qu’il peut l’être sur scène / par terre. Les balances de tous les groupes sont terminées. La salle de l’Antipode est encore vide de spectateurs. On s’assoit au calme, par terre dans un coin de la salle. Rencontre.
Ecouter l’interview :
Alter1fo : Pour commencer, peux-tu juste présenter Piano Chat en quelques mots ?
Piano Chat : Marceau, je joue dans Piano Chat. Piano Chat, c’est moi tout seul. Je viens de Tours. Tours c’est bien (sourires). Et je suis très content de jouer au festival les Embellies, vraiment. J’aime beaucoup jouer à Rennes et notamment à l’Antipode.
Est-ce que tu peux nous raconter la genèse de Piano Chat ? Tu as joué dans d’autres groupes avant et puis tu es venu à ce projet solo…
Oui. En fait, à chaque fois je parle de ça. Maintenant, je me mets à réaliser : en fait, c’était mon groupe de lycée, avec lequel on a juste fait des concerts de «lycéens » (on était juste un peu plus vieux).
On a enregistré un disque mais ça n’a jamais tourné. Avant je n’avais pas réalisé ce que ça pouvait être d’être musicien. Et puis, comme tous les groupes de lycée on a arrêté, normal. On a fait d’autres choses.
J’ai continué tout seul. J’avais un petit jouet qui s’appelle une pédale de boucles chez moi. Je me suis mis à faire mes chansons. J’enregistrais ma guitare, puis ma basse, ma voix. Après j’entendais de la percu, donc je jouais ça. Sans aucune idée de faire ce projet-là tout seul, vraiment pas… C’était il y a trois-quatre ans.
Puis un jour on m’a invité à faire un concert. Je me suis ramené avec ce que j’avais. Et au fur et à mesure, j’ai commencé à vraiment construire mon projet à partir de ça. C’est devenu Piano Chat. Et plus précisément depuis deux ans et demi (ou peut-être un peu plus, je ne sais plus), j’ai beaucoup beaucoup joué.
Maintenant c’est mon métier. Je suis plutôt content. J’ai fait plein de voyages, plein de concerts. C’est vraiment arrivé presque par accident. C’est juste parce que je m’amusais tout seul dans ma chambre et je me suis retrouvé là… Un jour, il y a des gens qui m’ont demandé de jouer et voilà. Ça a pris le pas sur mon métier. J’ai fini par faire ça.
C’est classe !
J’ai plein de chance.
Tu avais dit que tu pensais travailler cet été sur ton nouvel album. C’est ce qui s’est fait ? Tu en es où ? C’est enregistré, c’est composé ?
(Il grimace en souriant) Oh la vache ! Oh non pas du tout ! En fait, en août-septembre, je suis rentré de deux ans de tournée folle. Je n’aurais jamais espéré ça dans ma vie. Faire autant de concerts, prendre l’avion…
Dans des endroits incroyables en plus !
Oui, oui. Aller aux États-Unis, en Inde, en Europe, au Canada, c’était fou. Et jouer plein de fois en France, dans toute la France. Je me suis un peu posé en réalisant qu’il fallait que je fasse un album.
J’avais envie de faire un album. J’avais un peu l’impression d’être arrivé à épuisement de ce qu’était Piano Chat sur scène. C’est-à-dire, loop station, la batterie. C’est toujours ça. C’est ce que je vais faire ce soir. Mais du coup, ça m’a pris un peu de temps de me dire : « qu’est-ce que je vais faire de nouveau ? Où est-ce que je vais pouvoir trouver ça excitant ? » Parce qu’à partir du moment où je ne m’amuserai plus sur scène, je pense que je m’arrêterai complètement. Bon, je suis encore jeune…
Mais vraiment je me suis posé cette question-là. En me disant : « il faut que je trouve quelque chose de nouveau pour moi, vraiment pour moi. » Ça a pris du temps, trois-quatre mois pendant lesquels j’ai fait de petits voyages. Maintenant je suis en plein milieu de la composition, et le mois prochain, c’est l’enregistrement d’un album. Je suis ravi parce que j’ai enfin trouvé dans quelle direction j’avais envie d’aller. En septembre, le disque sera fini. Et puis ça va aussi changer sur scène. J’ai envie de changer un peu cette façon de faire. Donc là, j’essaie. Ce soir je vais encore essayer de nouveaux morceaux…
Comment tu composes alors ? Tu as l’impression d’avoir changé ta façon de composer ?
Oui, je crois. Il y a eu plusieurs choses. En fait avant, au tout début de Piano Chat, c’était vraiment cette machine-là [la loopstation] qui me permettait de composer. Parce qu’on est quand même très contraint avec cette machine : il faut enregistrer la guitare, la basse, et… Ensuite on fait un break… C’est toujours un peu la même chose.
J’ai sorti un ep…
Super bien !
Merci ! (rires) Il est passé un peu inaperçu parce que je n’ai pas fait… Enfin bref. Du coup j’étais très content de sortir mon premier 45 tours. Je me suis mis à chanter en français.
Pour le coup, ça a été complètement différent puisque pour ces quatre titres-là, j’ai pris une guitare et je me suis mis à faire un morceau. J’ai demandé au batteur de Pneu de venir faire la batterie, à quelques amis de faire le groupe. Et par conséquent, j’ai essayé de trouver une nouvelle méthode pour travailler.
Et là, le seul truc que j’ai trouvé, c’est de me mettre dans ma chambre avec un tout petit synthé qui est un super jouet. C’est un jouet américain des années 90 qui s’appelle un Casio SK-1 (c’était mon anniversaire et on vient de m’en offrir un ! C’est très difficile à trouver.) Je me suis mis avec ce petit objet-là (on m’en avait prêté un), ma guitare qui était cassée et je suis resté dans ma chambre avec un micro et j’ai tout composé comme ça. Avec pour la première fois, la phase du logiciel. Je n’avais pas de pédales de boucles alors je m’en servais un petit peu. Ça me permet de faire des chansons entières sans être contraint par cette pédale de boucles. Ou de faire des collages, des montages. Ça a été ma nouvelle façon de travailler.
J’ai essayé dans plein d’endroits. Je suis même allé dans une cave en campagne où j’avais juste de l’électricité pendant une semaine. J’ai fait plein de choses… Et le meilleur endroit que j’ai trouvé, c’est ma chambre, la nuit. Ça a changé pas mal de trucs.
Ce sera vraiment différent, je pense. Par rapport au ep, il y a toujours cette histoire du chant en français qui revient de temps en temps. Mais je me suis mis à beaucoup plus parler en anglais dans ma vie durant ces deux dernières années, donc…
Je suis en train de travailler sur les textes en ce moment-même.
Personnellement, j’ai adoré les textes du ep.
Merci, ça me touche beaucoup.
Tu as donc sorti cet ep en novembre. Tu peux nous expliquer comment c’est venu. Tu étais dans l’idée de faire un album et puis finalement tu as fait un ep?
Non. C’est un peu différent. C’est une partie des gens qui ont ce festival, les Rockomotives, à Vendôme, qui ont voulu sortir un petit label. Et en fait, plutôt que de faire un label, ils ont décidé de faire une collection de disques. Ce n’est pas vraiment un label. C’est une collection de disques. Ils ont demandé à dix artistes…
C’est le Thoré Single Club.
C’est ça ! Exactement. Thoré Single Club parce qu’ils habitent à Thoré-la-Rochette qui est un tout petit village. Que j’aime beaucoup. Qui n’est pas très loin de chez moi et dans lequel je vais souvent parce qu’il y a plein de copains musiciens… Et du bon vin.
Du coup, ils ont demandé à dix artistes de faire des 45 tours inédits. Il y a Gablé, Fordamage, Lætitia Sheriff…
Montgomery…
Oui, Montgomery aussi. Il y a plein plein de groupes qui ont enregistré spécifiquement pour ces 45 tours-là. Et pour moi, c’était l’occasion aussi. J’avais dit oui à fond ! C’était la première fois que j’avais un objet. Je me suis dit : « ok, je vais mettre à fond de chansons sur la galette. » J’ai fait quatre chansons. Ça correspondait à un moment où j’avais envie de faire autre chose, d’essayer autre chose.
C’est quasiment tout en français pour le coup. C’était un choix ?
Oui, ce n’est quasiment qu’en français, même. A ce moment-là, j’écoutais pas mal de choses en français. J’avais envie de faire ça. J’ai fait des rencontres de gens qui chantent en français et ils le font super bien. A chaque fois, je cite cette référence-là (mais qui est ultime pour moi), c’est Petit Fantôme. Il fait partie du collectif Iceberg de Bordeaux et il chante avec Frànçois (de The Atlas Mountain). Ce sont des gens (pour moi, parce qu’on est bons copains depuis… avant que ça se passe comme ça pour eux. Et c’est super bien. Je suis ravi pour eux. Vraiment. ) qui m’ont un peu montré qu’on pouvait le faire. J’avais envie de faire ça. C’est venu naturellement sur le disque et je me suis mis à écrire. La question du chant était plus difficile parce que je ne l’avais jamais abordée. Mais j’avais envie d’écrire en français. Même maintenant, j’ai tout le temps des carnets sur moi (comme un peu tout le monde, je pense) pour écrire, écrire tous les jours. Et ce qui ressort est à 90% en français. Donc peut-être que le prochain disque aura une grosse partie en français. Pour le moment, c’est moitié-moitié…
On a hâte d’entendre en tout cas.
Moi aussi (rires).
Comment s’articule le passage entre le live et l’enregistrement et vice-versa, pour toi ? Il y en a un qui vient avant, tu penses à l’autre ?
Ça dépend en fait. Au tout début de Piano Chat, l’idée c’était de ne faire que de la scène et pas du tout d’enregistrer. Mon premier ep, c’était vraiment pour pouvoir démarcher, pour trouver des dates. Et puis j’ai enregistré une démo et on s’est retrouvé à faire un disque.
Et là, c’était vraiment la scène d’abord. C’est-à-dire que je me mettais en studio de répète et il fallait que je fasse la scène. Il fallait essayer de retranscrire ça sur disque, ce qui était super, super difficile. Donc on a essayé d’aller vers d’autres chemins. Et puis c’était un premier disque, c’est-à-dire que c’était plus léger. On a enregistré en disant : « bon on va faire plein d’essais… »
Pour le 45 tours, pour le coup, quand je me suis mis à vraiment composer les chansons, ça a été une très grosse difficulté de les jouer sur scène. Parce qu’il y avait une question d’assumer le français qui était pour moi un petit peu particulière. Et puis surtout techniquement. Parce que je n’ai pas un batteur, un bassiste, un guitariste avec moi. Je suis tout seul. Par conséquent, il a fallu que je refasse tout. Même maintenant, quand je joue ces morceaux, il faut que j’aille encore chercher d’autres choses. Parce que je ne peux pas les faire tels qu’ils sont sur le disque, c’est impossible.
Donc j’en joue trois du disque. Il y en a un que je ne peux absolument pas jouer. Je n’ai pas trouvé. Il faut que moi, ça me parle… Je m’en fous, après, je peux changer la forme des morceaux… Il a fallu que je trouve autre chose vraiment. Que les morceaux soient carrément changés, reconstruits.
Là, pour le nouveau, je suis en train d’essayer un peu de faire les deux. C’est-à-dire que j’ai mes chansons et au fur et à mesure, je commence à les intégrer [en concert] tout doucement, parce que j’ai très peu de dates en ce moment (ce qui est très bien, ça me laisse beaucoup de temps pour d’autres projets et pour penser à ça). Ça me permet d’essayer de voir… Par conséquent, ça change : d’abord j’ai mes chansons dans ma chambre, puis je commence à les jouer sur scène… Et ça change ce qui va être sur le disque. Là, c’est vraiment le travail des deux.
J’ai vraiment fait le grand écart entre tout ça. Et puis pour le prochain disque, s’il y en a un prochain, je trouverai autre chose.
Tu fais aussi plein d’autres choses, donc. On te retrouve dans un projet qui s’appelle la Yes Family. Tu peux nous en parler ?
Yes ! (rires) Ce n’était pas volontaire le yes, mais j’ai chopé ce tic. Demain je pars à Colmar. Je fais 900-1000 bornes, ça va être chouette dans la voiture.
Tu as le permis maintenant ?
Moi, non. Il y a mon conducteur derrière [on est assis par terre dans la salle de concerts de l’Antipode, derrière nous la régie son et lumière] qui fait aussi les lumières, qui fait le son, il fait plein de trucs. C’est un super boulot, il peut faire plein de trucs (rires). J’essaie qu’il m’entende mais il ne m’entend pas.
Oui, la Yes Family c’était chouette. C’est Hiero Colmar, une association d’Alsace, qui fait plein de concerts depuis longtemps. Je crois bien que c’était leurs 20 ans il n’y a pas longtemps. Ils m’ont proposé ce projet-là : d’enregistrer avec une chorale. J’ai sauté sur l’occasion en me disant : « ok, ça peut être super » . Normalement Funken, qui est un ami à moi (il a fait un disque qui s’appelle The Fox Heads avec Ira Lee, un rappeur canadien, qui va sortir son disque et il faut absolument rester attentif sur Funken parce que ça va être incroyable !), c’est lui qui m’enregistre. Je lui ai dit : « viens, je dois faire un projet. Je ne suis pas très fort sur l’enregistrement » (je m’y mets).
Ensuite, je lui ai dit « non, en fait, ne viens pas. On va faire des morceaux ensemble. » On s’est enfermé en studio. On a fait deux maquettes ensemble. On est allé à Colmar pendant une semaine bosser ça, enregistrer avec cette chorale. On leur a donné les morceaux. Au début, ils nous ont regardé un petit peu étrangement. Et au bout d’une semaine, c’était juste super.
J’ai vraiment vraiment hâte de les retrouver dimanche parce qu’on va faire le concert sur scène, avec eux. Demain soir, il ne faut pas qu’on arrive trop tard pour répéter avec eux. Et puis dimanche on joue ensemble : il y aura un peu de Funken, un peu de Piano Chat. On voulait faire carrément un groupe. On ne voulait pas que ce soit Piano Chat + Funken +… Donc on a dit : « faisons la Yes Family avec une vingtaine de personnes ! »
Les deux morceaux de la Yes Family seront sur un 45 tours orange. Je suis très content. J’ai bien hâte d’aller jouer ça sur scène. Je leur ai dit : « à chaque erreur, vous faites péter un canon à confettis ». Je pense que ça va être la fête dimanche. Ils sont 25 avec des canons à confettis et ils sont tous chauds pour faire le concert ! C’est leur premier concert sur scène avec des guitares, des batteries… On a bien hâte de faire ça. On a répété avec Funken cette semaine et on le récupère demain sur la route…
En parlant de scène… On a parlé de l’articulation entre le studio et le concert tout à l’heure. Je ne t’ai pas posé la question. Tu as l’air d’avoir un rapport particulier avec la scène. Tu sembles aimer entretenir un rapport étroit avec le public. Il y a un moment, tu avais dit en interview que tu étais angoissé par le fait de jouer sur des plus grosses scènes. J’ai l’impression que ça a un peut-être un peu changé…
Ça a beaucoup changé. Je viens de cette scène-là : jouer par terre, on branche une prise électrique et puis on fait du bruit, plein de bruit !
Oui, voilà par exemple. Mais vraiment, parce que dans mon premier groupe, il y avait le batteur de Pneu. Ce sont vraiment des gens qui m’ont appris ce truc là… Et plein d’autres trucs dans la musique. Des gens chouettes, et humbles, et incroyablement forts sur scène. Enfin par terre, pour le coup !
Avec le projet Piano Chat, qui était fait pour jouer dans des bars, ou pas du tout, ou dans des squats, je me suis retrouvé au fur et à mesure à jouer sur des grosses scènes. Truc auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai continué de bosser avec ce set-up (c’est-à-dire avec ma batterie et ma pédale de loops) de la même façon quand je suis par terre ou quand je suis sur scène.
Dans des salles, plein de fois, j’ai demandé à jouer par terre et je me suis retrouvé (parce que j’ai fait des premières parties comme Yann Tiersen) dans des salles complètement incroyables aux États-Unis où il fallait que je joue sur une scène. La première fois que j’ai joué avec Yann, ça devait être mon deuxième concert sur une scène. Il m’avait vu sur internet, il avait checké une vidéo et il avait dit : « eh, c’est cool ». On s’est d’ailleurs rencontré sur un concert de Pneu, ce qui est quand même assez incroyable… Le type à côté de moi qui me poussait c’était lui ! Il est super fan de Pneu aussi.
Je lui ai dit, juste avant de monter sur scène (c’était en Autriche, je crois) : « j’ai joué une seule fois sur scène et c’était une catastrophe » et il m’a répondu : « va-s-y ! » Par conséquent, j’ai abordé la scène exactement de la même façon que quand je suis dans le public. Ça ne marche pas toujours. Ça marche. Des fois, ça ne marche pas. Mais de la même façon, la première chose que j’ai dite quand je me suis ramené sur la scène, c’est : « Hello ! Nice to meet you. I’m Piano Chat » Je n’ai pas fait d’intro. Je ne suis pas arrivé en volant sur la scène. Je n’ai pas demandé de lumières particulières. Et je le fais de la même façon pour le moment.
Ça changera en septembre, de par ce que j’aurai sur scène.
En ce qui concerne mon rapport au public : j’ai besoin des gens, vraiment de les sentir très fort. Ce qui n’est pas toujours évident quand on est sur une scène. Il y a une barrière qui se crée. Mais le but du jeu, c’est de casser ce truc-là.
Avec cette formule-là, ça me permet de jouer dans des endroits complètement différents. C’est le grand écart : des festivals avec énormément de personnes, des squats, en prison, en école, où il y a dix personnes. Ou dans la rue tout à l’heure. J’ai joué dans la rue pour une vidéo pour le festival. J’adore ça, en fait.
Avec les nouveaux morceaux, j’aurai moins envie de faire ça. Jusque là, les morceaux s’y prêtaient aussi beaucoup. Avec les nouveaux, peut-être que ce sera différent. Mais je ne sais pas encore. Je vais bosser spécifiquement la scène, c’est sûr.
En tout cas, je m’amuse beaucoup sur scène. Et quand je ne m’amuse pas, c’est un concert raté. J’espère me marrer ce soir !
Nous aussi ! (rires) Tu vas également travailler avec Groupenfonction en mai prochain. Tu peux nous parler de ce projet ?
Ça fait longtemps qu’on bosse ensemble. C’est une compagnie de Tours au départ, mais qui est à Bruxelles maintenant, au Théâtre des Tanneurs. C’est une super belle compagnie avec qui j’ai fait un peu de théâtre. Je ne fais pas du tout de théâtre. Mais ils font des performances. Ils ont joué à Rennes. D’ailleurs, j’avais joué aux Tombées de la Nuit il y a deux ou trois ans en tant que « héros ». Il y a une performance qui s’appelait We can be heroes [sur la place Hoche, pour les Tombées de la Nuit 2009] Je participais à ce truc-là.
Ils ont plein de projets incroyables. Arnaud Pirault, le metteur en scène, est en train de travailler en ce moment sur un spectacle fleuve, une espèce de très gros truc, depuis longtemps. Ça fait depuis le jour où j’ai décidé que je ne ferai que Piano Chat, qu’Arnaud, qui est un ami, est venu me voir en me disant : « ok, maintenant, viens avec nous et si tu as envie, participe. » Au départ c’était peut-être pour faire de la musique. Puis on a commencé à bosser un peu et je me suis retrouvé sur le plateau, truc auquel je ne m’attendais pas du tout.
Tout est en train d’évoluer. Il est en pleine écriture. Donc je suis assez curieux, je ne sais pas du tout ce qui va se passer. Mais j’ai très envie de ça. J’ai besoin d’autre chose que de Piano Chat. J’ai vraiment besoin d’aller voir d’autres choses. Car sinon, si je ne faisais que Piano Chat, je m’enfermerais dans un truc pas chouette : je suis toujours tout seul sur la route (même si j’ai tout le temps un gars avec moi).
Je ne peux pas trop en dire plus parce que je n’en sais pas plus. Mais guettez ce qu’ils ont fait là dernièrement. Ils ont fait un spectacle qui s’appelle Playground ou Let’s dance parce que ça a changé. Ils l’ont joué à Rennes, d’ailleurs. [aux Tombées de la Nuit en 2012 – report et photos ici]
Dans une cage grillagée.
Que je n’ai pas vu parce que je jouais au même moment à Rennes, dans un autre endroit. En tout cas, Arnaud Pirault, c’est un metteur en scène que j’aime vraiment beaucoup. Il m’a fait découvrir plein de trucs à titre personnel, des lectures, des choses comme ça. Et j’ai envie de bosser avec lui !
On a parlé avec Marion (Mesparrow) de la super reprise de Mansfield Tya que vous avez faite pour leur album de Re-Nyx.
Super ! Avec Funken justement.
Elle nous a expliqué comment ça c’était passé, que vous répétiez au même endroit [lire l’interview de Mesparrow là]. Pourquoi vous avez choisi ce morceau ? Parce qu’on était étonné, avec les filles des Mansfield.TYA [lire l’interview de Mansfield.TYA à propos de Re-Nyx là] que tout le monde ait choisi les mêmes morceaux !
Oui, alors, je ne l’ai pas choisi ! C’est Marion qui l’a choisi. Donc je ne sais pas pourquoi elle a choisi ce morceau.
Je devais faire ça. On était dans le studio, on partait en Inde avec Marion en tournée et on avait deux jours devant nous. Funken était là. Marion a dit : « moi j’ai pensé à ce morceau-là ». Je l’ai écouté et j’ai répondu : « il faut qu’on y aille, il faut qu’on le fasse maintenant !» Donc je n’ai pas d’explication. Je l’aime beaucoup ce morceau, en plus… Mais je n’avais pas trop réfléchi à quel morceau choisir.
Tu as repris aussi les Mansfield sur une compil’ Kythibong !
Ça c’était avant ! Après j’en ai eu marre des Mansfield. En plus, j’ai joué avec elles, j’ai joué avec elles sur scène. Et un moment, je connaissais cinq de leurs chansons. J’ai fait un concert où j’ai tout joué. Après j’ai dit aux filles : « maintenant, c’est fini » (rires). Non, c’est cool.
On était sur le même label parce qu’avant, elles étaient sur Kythibong, un label de Nantes. Il y avait cette compil’ anniversaire. C’est vraiment une super compil’ où tous les groupes du label reprennent d’autres groupes du label. Moi j’avais choisi Mansfield.TYA parce que j’avais envie.
Juste après, genre 15 jours après, j’ai reçu un mail qui m’invitait à faire une autre compilation, où il fallait que je fasse une reprise d’elles ! Mais en fait, elles ne savaient pas que je les avais choisies pour l’autre compilation. On s’était envoyé des mails avec le label.
Très rapidement, pour finir [Marceau doit nous laisser pour le catering, l’heure du concert approchant], on a déjà bien évoqué tes projets. Y a-t-il des choses que tu voudrais souligner particulièrement ?
Un disque. Il faut que je le finisse. J’’ai très hâte de le finir et de bosser à fond là-dessus. Je ne vais faire que ça au mois d’avril.
Un spectacle jeune public en 2014 à Rennes, pas mal à l’Antipode. J’avais même une réunion tout à l’heure parce qu’on est en train de bosser là-dessus. Je vais commencer l’écriture vraiment en avril aussi, en même temps que le disque. J’ai bien hâte !
Et sinon, on verra. Tant que je peux faire de la musique, je serai content. Voilà.
Je l’ai dit tout à l’heure mais c’est vrai.
Merci beaucoup !!
Merci beaucoup.
Prise de son interview, montage son, photos live et interview : Caro
Photo Groupenfonction : Yvo
Retrouvez tous nos articles sur les Embellies ici.
____________________________
Plus d’1fos :
Le site de Piano Chat : http://www.pianochat.fr/
Le bandcamp de Piano Chat : http://pianochat.bandcamp.com/