Lundi de Pâques pluvieux à Rennes, et pourtant une longue file d’attente s’étire devant le Magic Mirror à l’entrée du Thabor. Le public s’est déplacé en masse pour un concert à 18h. Il faut dire que dans le chapiteau du festival Mythos, avec un grand M comme Mansfield TYA, c’est le duo nantais qui revient jouer à Rennes après une Carte Noire à l’Antipode en novembre dernier. Elles y avaient livré un set intense et bouleversant en clôture d’une soirée où elles avaient pu tout choisir, de la programmation musicale, à la décoration de la salle, jusqu’au menu servi avant le concert. Mais si on se doute qu’une partie du public s’est déplacée à cause de cette prestation renversante, fort à parier qu’une autre partie est venue sur la foi d’un troisième album à la redoutable efficacité et à la classe bouleversante. Oui, les deux albums précédents des Mansfield TYA (June en 2006, Seules au bout de 23 secondes en 2009) étaient déjà bons, à la fois déglingués et lyriques, mélancoliques et violents, tendres et désespérés. On y avait déjà, souvent, été remué par ces bouquets de nerfs offerts à fleurs de peau, ces fleurs du mal tout autant vénéneuses qu’apaisantes. Mais ce nouvel album a gravi les marches quatre par quatre et emmène Mansfield TYA à des hauteurs où on ne les attendait (naïvement) pas.

Intitulé Nyx, donc, du nom de la déesse de l’obscurité, l’album tourne autour du thème de la nuit. Une nuit qu’on imagine tout aussi angoissante qu’apaisante, tout autant déchirée que tendre pour le duo. Un violon obsédant, des voix doublées, triplées, quadruplées, des percussions sèches sur des boucles synthétiques, des répétitions qui hypnotisent, des mélodies totalement addictives et une réelle cohérence dans la construction font de cet album un écrin bleu obscur pour nos nuits blanches. On a ici l’impression que tous les univers de Julia Lanoé et Carla Pallone trouvent pleinement leur place, d’un réel équilibre gagné, entre légèreté et pesanteur, humour et tendresse, obscurité et clarté. L’album a rencontré un succès mérité et c’est désormais la sortie d’un disque de remixes et de reprises, le fort bien nommé ReNyx que prépare le duo.

Sous le Magic Mirror, les Mansfield TYA se révèlent une nouvelle fois aussi drôles qu’émouvantes, entre moments qui serrent la gorge et reprise hantée de l’Exorciste avec Louis de Funès ou chorégraphie de guitariste punk. Julia Lanoé (voix, batterie, guitare, claviers…) et Carla Pallone (violon -et quel violon !-, claviers, guitare, batterie, voix) passent d’un instrument à l’autre et restent scotchantes de bout en bout de leur prestation. Cerbère clôturera le concert en nous laissant des boules dans l’estomac, avant un rappel sur Logic Coco entre émotions (ah ! Leurs deux voix en écho !) et rires (avec en point d’orgue, l’œillade lancée par Julia à Carla !). Quelques minutes après ce premier concert de la tournée, on rejoint Julia et Carla dans leur caravane. Et c’est peu dire qu’on est contentes de les retrouver !

Écouter l’interview (19 minutes) :

Alter1fo : La dernière fois qu’on s’est vues en interview, c’était juste avant votre concert à l’Antipode pour votre Carte Noire. Est-ce qu’on peut revenir très vite sur la soirée. On s’est vu avant, mais après coup, comment est-ce que vous avez vécu ça ?

Carla : Ben on s’est croisé après aussi…

… Oui, mais les gens, ils ne savent pas ! (rires)

Carla : J’espère que tout le monde était content. Nous, on l’était en tout cas. Moi j’ai réussi à être contente d’être sur scène, malgré toute l’organisation que ça demandait, que ça exigeait avant. C’était vraiment un vrai plaisir de partager ça avec tout le monde.

Julia : Oui, c’était classe parce qu’on a beaucoup dépensé d’énergie pour réunir des gens qu’on aimait bien, pour essayer de faire un morceau avec tous ceux qui avaient participé à la Carte Noire. Et du coup, tout ça, c’était quand même vachement de tension avant de monter sur scène. Tu te dis : « ouh la la , est-ce que les choses vont fonctionner ? » . Et puis, pareil, on avait voulu montrer les affiches de Julie Redon de Studiolent.

Carla : Une session déco, quoi…

Julia : On avait voulu faire des petits autels… Tout ça, c’était pas mal de boulot quand même.

Carla : Montrer le film de Thomas [ThomR] …

Julia : Après coup, quand tout s’est bien déroulé tu te dis : « ouais, chouette ! » Et puis, j’étais super surprise, encore, de Sieur et Dame qui à chaque fois me ravissent sur scène.

Les retours étaient super positifs. Du coup, beaucoup de monde est encore venu ce soir… Et d’autres sont venus parce qu’ils se sont dits : « mince, on les a loupées à la Carte Noire » …

Carla : Non mais même c’était hyper touchant, même ce soir… Les gens sont hyper attentifs. Du coup, à l’Antipode, c’était vraiment une belle occasion, d’avoir ce temps-là, cet espace-là… Du coup, ça fait plaisir de revenir.

Julia : Tu te dis que c’est quand même intéressant de faire de la musique (elle hésite puis reprend)… On ne fait pas de la musique populaire… Et c’est bien de se rendre compte qu’en France, il y a un public pour de la musique qui n’est pas tout public. Qui est un peu, des fois, difficile d’accès, ou un peu sombre. C’est pareil, c’est ce que je me disais l’autre fois avec Connan Mockasin qui a fait un truc à la Cigale. C’était blindé. C’est rock psyché. Des fois, ça dure dix minutes… Mais il y a quand même des gens.

Carla : Oui, il y a ce truc hyper précieux où tu sens qu’il a une identité. Et que ça plait parce qu’il a vraiment une personnalité et que ce n’est pas fait pour plaire. Il y a cette grosse différence. Des fois tu sens qu’il y a des chansons qui sont faites dans cet état d’esprit. Et je trouve ça hyper rassurant de te dire que les identités, elles peuvent aussi être précieuses.

Julia : Cela dit, moi je n’aime pas du tout Connan Mockasin (rires).

En tout cas, il avait fait un super concert aux Trans Musicales et ça a super bien marché aussi.

Julia : Oui, mais je reconnais son originalité, ce truc qu’il a. Mais j’aime pas. (rires)

Carla : Moi j’aime bien.

Et le repas tout en noir, ça l’a fait finalement ? C’était mangeable ? (rires)

Julia : Euh, ils ont un peu triché. Je pense que ça coûtait une blinde parce qu’évidemment… C’était caviar et seiche, que des trucs hyper raffinés et chers. Et donc, ils ont un peu triché.

Carla : Depuis, on m’a parlé d’un bouquin avec seulement des recettes noires. Il va falloir que je me le procure.

Vous aviez évoqué l’envie de faire un album de ReNyx la dernière fois. Il sort donc le 14 mai. On est impatiente, surtout que Thomas [ThomR] nous a dit l’avoir écouté en entier avec le tracklisting final et nous en a dit beaucoup de bien. Mais au départ, pourquoi avez-vous eu envie faire un disque de ReNYX ?

Julia : C’est parti d’un tout petit truc. On s’est dit que ce serait chouette que tel pote ou que telle personne dont on adore la musique fasse un petit remix. Puis de fil en aiguille, on a demandé à un, deux, trois, puis… Ça s’est finit par plus de vingt personnes. Ils ont tous dit oui (rires). Tu sais, nous on pensait : « on demande à vingt comme ça on en aura deux » . Puis les gens se sont prêtés au jeu, ça a été hyper cool. On a la moitié de remixes, donc plutôt électro, et l’autre moitié de reprises. Alors ça fait un ensemble qui est équilibré… J’étais contente de réunir tous ces gens qu’on aime bien.

Carla : Et puis Thomas n’est pas innocent non plus dans l’histoire parce qu’il y a son film qui va sortir là, en juin… Je trouve vraiment que c’est lui qui a commencé à faire des ReNyx. Dans le film, il a vraiment récupéré certaines pistes, les a bidouillées. Et il y avait vraiment ce plaisir de reconnaître le squelette de certaines chansons qu’il avait complètement modifiées. Moi, ça m’est aussi beaucoup venu de là… L’idée que c’est agréable de confier ça à d’autres gens et que c’est hyper surprenant d’entendre ce que ça peut donner. Après, on aime ou on n’aime pas. Mais c’est génial quand il y a vraiment une autre lecture, une autre interprétation des choses.

Julia : Du coup, ça va être un peu le bordel ! Parce qu’il a filmé Nyx. Il nous a ensuite refilé les trucs que lui avait remixés pour qu’on écoute. Et moi je recommence à faire des trucs par dessus !

C’est ce qu’il nous a dit, oui… (rires)

Julia : Carla aussi. Du coup, c’est sans fin ! (rires)

On espère le voir un jour, le film, quand même ! (rires)

Carla : Je le soupçonne de ne pas avoir vraiment envie de finir le truc…

Julia : Que lui… Ou peut-être nous tous. On s’amuse bien, quoi ! (rires)

Carla : Les ReNyx, en tout cas, c’est fait. C’était quand même un gros boulot. Il y en a beaucoup. Et puis, on tenait vraiment à donner le choix aux gens, à ne pas imposer un morceau. Au final, ils ont tous fait les mêmes (rires). Je ne sais pas pourquoi…

C’est étonnant, ce sont les quatre-cinq mêmes morceaux…

Julia : Il y a cinq morceaux et il y en six autres qui n’ont pas été repris, pas touchés du tout. Des Coups Des Coeurs, pas touché du tout. Cerbère : sept personnes.

Carla : Alors que vraiment, on a donné le choix. Je trouve ça hyper étrange. Ç’aurait été malvenu d’imposer des morceaux, je trouve, moi je n’aimerais pas… Déjà, je serais hyper emmerdée qu’on me demande un remix (rires).

Et comment avez-vous choisi les artistes : des gens que vous aimez bien, des copains… ?

Julia : C’était essentiellement des gens dont on aimait la musique, déjà premièrement. Du coup, des fois on ne les connaissait pas directement comme Planning To Rock. On les a contactés parce qu’on aimait leur musique. Et puis, l’autre partie ce sont des gens dont on aimait la musique et qui sont des copains aussi. C’était histoire de se rassembler en famille.

Carla : Après, moi je tenais beaucoup à cet équilibre reprise/remix. Je crois que finalement je préfère les reprises.

Julia : Ça tombe bien parce que moi… (rires)

Carla : Oui, voilà, il fallait se mettre d’accord. Mais je trouvais que c’était important de respecter une variété dans les styles. On avait demandé à Fordamage aussi, d’en faire une et puis ils n’ont pas eu le temps. C’est un regret parce que ç’aurait été un beau panel…

Peut-être que vous pourrez le mettre sur les bonus après, puisqu’il y en a déjà deux…

Julia : Oui.

Carla : Fordamage ! Bon, allez les gars, faut bosser maintenant. (rires)

Il y a deux extraits qui sont déjà sortis et qu’on a pu entendre, dont le Scratch Massive qui est vraiment impressionnant.

Julia : Oui, il est énorme. Il me plaît tellement. Il est sombre.

Carla : Et puis tu ne reconnais pas le morceau au début, je trouve. Au début, je me suis dit : « merde, c’est lequel ? » (rires)

Julia : J’aime beaucoup l’univers des Scratch Massive, ce qu’ils ont fait sur leur dernier album [Nuit de rêve, 2011], ce qu’ils ont fait avec Jimmy Sommerville, avec des invités. C’est super sombre. Ce n’est pas du tout dans l’air du temps. Enfin, je ne trouvais pas. Et puis du coup, c’était sympa aussi de rencontrer Maud, parce qu’on vient du même bled. On s’en est rendu compte après, donc c’était chouette !

Ce qui est rigolo, c’est que vous nous aviez dit que vous vouliez faire un album avec des voix, des cordes, de l’électro, mais là finalement avec Scratch Massive, il ne manque que les cordes…

Julia : Oui, c’est vrai. Et puis il est assez surprenant, le morceau, quand il part…pfffou, c’est vraiment bon.

Il y a aussi Tender Forever avec qui vous aviez déjà partagé un 45 tours qui a fait une reprise. Le début est très drôle !

Julai : (rires) C’est Jeanne d’Arc (avec la voix de Jeanne D’Arc), « Follow me… » (rires)

Pourquoi est-ce que vous avez demandé à Tender Forever ? Je crois que vous êtes aussi un peu copines…

Julia : Oui, on est copines et puis on adore sa musique. On lui a demandé et je trouve ça génial qu’elle ait repris Cavaliers en anglais… C’était une très très bonne idée !

Carla : Oui ! Du coup, elle se l’est vraiment approprié aussi.

Julia : Du coup, c’est devenu Knights…

Carla : C’est pas loin d’être ma préf’ , je pense, celle-là.

Julia : C’est vrai qu’elle est mortelle. Elle est un peu trop courte à mon goût. J’ai envie qu’elle continue. Au début, oui, c’est un extrait de Jeanne d’Arc.

Comme on est à Rennes, on va aussi vous demander pourquoi Lætitia Sheriff ?

Julia acquiesce.

Carla : Ben c’est pareil. (Impressionnée) Là, putain, elle est au bar, là !

Oui, oui, elle est au bar, on l’a vue… (rires)

Carla : Lætitia, si tu m’entends…

Julia : Lætitia, viens dans la caravane ! (rires)

Carla : J’aime beaucoup ce qu’elle fait. Je ne sais pas, j’aimerais bien faire des trucs avec elle un jour. Enfin, après, il faut des vraies occasions. A la Carte Noire, on s’était déjà demandé… Mais je trouve que c’est important d’avoir le temps de faire des choses ensemble. Je suis allée l’écouter avec Trunks il n’y a pas longtemps [on acquiesce avec fougue !].

Julia : En fait, c’est rigolo, Lætitia je l’ai découverte, elle jouait juste avec sa basse, elle reprenait les poèmes de Yeats et (se tourne vers Carla) on ne faisait pas de musique encore… Donc, c’est il y a fort longtemps ! J’aime bien, oui.

Là, elle a fait un super ciné-concert il n’y a pas longtemps.

Carla : Je ne l’ai pas vu. C’était Sa Majesté des Mouches ?

Oui, c’est ça, si vous avez l’occasion d’aller le voir, allez-y… Revenons à ReNyx. Il y a Étienne Bonhomme aussi ! Vous pouvez nous en parler ?

 

 

(rires)

Julia : Justement, Étienne Bonhomme, tu vois, j’en parlais justement avec Guillaume de Vicious Circle… Il me disait: « bon… ben oui, je n’ai pas mis le nom d’Etienne Bonhomme en gros sur le sticker pour vendre l’album » (rires). Et du coup,voilà ! Étienne, si tu m’entends, je suis désolée, tu ne seras pas sur le sticker ! (rires) Tu ne fais pas vendre d’albums.

Carla : Oui, et puis Etienne, c’était hyper drôle, il nous a filé le morceau la veille du master ! On était là : « bon… ben d’accord ! »

Julia : Je ne sais même pas si on lui avait demandé, c’est plus ça qui est grave ! (rires)

Carla : Si, si ! On lui avait demandé, mais c’était sûr qu’il ne pourrait pas… Et puis voilà, il a trouvé deux heures.

Julia : On le connaît depuis longtemps. On s’entend fort bien. Il vient souvent jouer de la batterie avec nous. Il fait un peu partie du groupe occasionnellement.

Carla : Il est sur Seules [au bout de 23 secondes], plus… C’est avec lui qu’on a joué Dé-programmé, et du coup il est venu aussi sur quelques dates.

Julia : Il est venu sur Nyx aussi, enregistrer le lavabo, je ne sais pas si tu te souviens… (rires)

Je vais ré-écouter, je n’ai pas entendu de lavabo…

Julia : Oui, ben on ne l’a pas mis… (rires)

Et est-ce qu’il y a des relectures qui vous ont complètement surprises, auxquelles vous ne vous attendiez pas du tout ?

Julia : Oui, moi celle d’Elysian Fields (rires)

Carla : Ah oui (rires), c’est juste improbable !

Julia : C’est vraiment une chanson hyper piano cocktail – Brooklyn, c’est à dix mille kilomètres de ce qu’on fait comme musique, c’est très jazzy…

Carla : Ce n’est pas du tout notre genre de musique.

Julia : Pas du tout, du tout…

Ça peut être intéressant…

 

 

Carla : Oui ! Moi j’ai adoré celle de Shannon Wright !

(Enthousiastes) Là tu prêches des converties, donc vas-y…

Carla : Au début, tu vois, je me suis dit : « oh, mais ils ont juste enlevé une piste, mince… » Et puis en fait, il y a une grosse surprise !

Julia : Elle est vraiment passionnante, cette version.

Carla : Tu te laisses complètement surprendre.

(Dans un cri) Attendez, on a trop envie d’entendre ça!

Julia : J’ai eu peur, moi en fait. Je me disais : « oh la la, il ne se passe rien, il ne se passe rien » Et puis tout d’un coup, wahhh !

Carla : Bon, on vous a un peu dévoilé le pot aux roses, là !

Il y avait aussi un contest Logic Coco. Vous pouvez nous expliquer comment ça s’est passé ? Vous avez reçu une cinquantaine de remixes d’un peu partout.

Julia : On en a reçu beaucoup, ça nous a fait super plaisir.

Carla : Oui, j’ai trouvé ça hyper émouvant, je ne m’attendais pas du tout à en recevoir autant…

Julia : Je ne m’attendais pas du tout à devoir écouter autant de trucs ! (rires)

C’est ce qu’on s’est dit aussi ! (rires)

Julia : Il y a eu plein de choses aussi : il y a eu du rap, un groupe qui était bien d’ailleurs, je crois qu’il s’appelait Bastards. Eux, c’était vraiment surprenant. Il y a eu un père qui a enregistré sa petite fille qui chantait.

Carla : Non, c’est une mère

Julia : Ah oui, c’est cool !

Carla : Oui, pour le morceau de la petite fille aussi, j’étais là (Carla mime d’essuyer une larme)…

Julia : Tu voulais le mettre, moitié (rires) ! On a mis longtemps à départager.

Vous aviez présélectionné un certain nombre de titres…

Julia : Ça a été difficile de débattre de quel morceau on allait mettre.

Carla : On doit une dédicace spéciale à Le Tremble, quand même…

Julia : … qui a vraiment failli être dessus. Et à Mathieu Devilliers & MK remix, moi je l’aimais bien…

Carla : Oui, il y en a plein qu’on aimait bien. Après, c’était surtout tellement touchant. On a eu plein de petits mots pour accompagner ces remixes.

Julia : Plein de petits mots touchants du style : (elle fait une voix en colère) « ouais, j’comprends pas que vous n’ nous ayiez pas dit que c’était pas nous qui étions sélectionnés » (rires).

Carla : Non, mais je voudrais vraiment, là j’ai pas eu le temps, mais je voudrais vraiment répondre un mot à chacun… Mais bon, voilà j’ai pas eu le temps (soupirs)…

Julia : Oui, donc du coup, on a sélectionné German Cow, qui a fait un truc super beau.

Oui, c’est super chouette.

[s’ensuit une digression non préméditée sur un écrivain américain et une capitale est allemande …]

Le disque sort en vinyle seulement, c’est un choix ? Enfin il y aura un petit coupon MP3.

Julia : Oui, je pense que le cd, c’est mort pour tout le monde. On est à peu près tous d’accord. Moi je n’achète plus de cd depuis tellement longtemps…

Et puis Carla a une platine vinyle depuis pas longtemps (rires)

Carla : Oui, c’est clair.. Mais je n’ai que mes disques, ça commence à poser problème ! (rires) Non, non, j’ai acheté Einstürzende Neubauten et Gainsbourg pour commencer. Je me suis dit que c’était un bon début…

Julia : Un vinyl, c’est bien. Et puis Vicious Circle, je pense que c’est une vieille boîte de disques, qu’ils sont passés par plein d’étapes, qu’ils ont subi plein de crises… Et je crois que ça leur fait plaisir de faire du vinyle parce que tu parles vraiment aussi à des auditeurs, qui… Enfin tu vois en France, il y a tant de gens qui écoutent des vinyles, voilà… On sait que ça marche, c’est très bien comme ça.

Carla : Après, je ne sais pas, est-ce que les gens ils écoutent des remixes ou des reprises ?

Julia : Ça, c’est une bonne question (rires).

Carla : C’est un autre problème…

Julia : Après, c’est en MP3 aussi, alors après, tu pourras acheter le truc de remixes sans avoir le vinyle. Tu peux le prendre juste en MP3. Le cd pour moi, ça n’a jamais été très important.

Pour le Disquaire Day (samedi 21 avril), vous sortez un 45 tours avec l’excellente reprise des Bérus « Les rebelles » qui est vraiment magnifique (à écouter là, sur le soundcloud de Vicious Circle).

 

 

Julia : On s’est un peu vautré ce soir ! (rires)

Carla : (revenant sur la prestation de tout à l’heure et sur ses difficultés au clavier) C’est vraiment des petites touches, je l’ai dit, mais, c’est pffff (elle soupire)…

Julia : C’est peut-être que t’as des gros doigts ! (rires)

Carla : Non, mais j’ai un peu doublé les difficultés, là…

Pourquoi vous avez eu envie de reprendre ce morceau ?

Julia : J’ai beaucoup beaucoup écouté les Bérus. Je suis vraiment très très fan et je suis d’autant plus comblée que je sais que les Bérus ne laissent à peu près jamais les droits pour faire des reprises. Je sais qu’ils en ont refusé beaucoup. Du coup, le fait de les aimer depuis si longtemps et puis qu’ils aient accepté, ça m’a vachement touchée.

Carla : En fait, c’est un peu particulier, parce que le piano est de Luc Rambo, avec qui on bosse régulièrement. Du coup, c’était vraiment particulier d’avoir la musique de quelqu’un. Normalement, légalement, tu n’as pas le droit de dissocier une musique et un texte. Donc c’est vraiment grandiose qu’ils nous aient donné la permission.

Vous avez choisi un extrait d’une page d’Ecrire de Marguerite Duras pour la pochette du 45 tours. Pourquoi ?

Julia : (en imitant la diction de Marguerite Duras) « Écrire… dit-elle… Détruire … dit-elle… » J’adore Duras, moi, je la trouve complètement timbrée. Là, ils sortent un dvd d’un film qui s’appelle Le Camion, qui est génial, parce que c’est un anti-film. C’est de l’anti-cinéma. En fait, elle décrit un film. Et pendant une heure et demie, elle parle à Depardieu et elle dit (de nouveau, imitant la diction de Marguerite Duras) : « c’est un film… il y aura un camion… il roule… » Et puis tu as Depardieu qui est là et qui se fait trop chier et qui dit ( imitant la diction de Gérard Depardieu) : « ah oui, c’est un film » , (reprenant la diction de Marguerite Duras) « oui, c’est un film… et il y aura un camion » …

Carla : Pour l’histoire de la pochette, je trouve ça assez chouette ce que tu as fait puisque ce sont des coquillages. Ce sont des conques qui servaient à s’appeler dans la jungle [NDLR : vous êtes mûres pour Sa majesté des Mouches, les filles !]

Julia : Tu souffles dedans, ça fait wouhhhh…

Pour finir en deux mots, très vite parce qu’il faut qu’on laisse la place aux suivants : vos projets ?

Carla : là oui, la tournée, les Renyx, le 45 tours, le film de Thomas [ThomR – promis on en reparle à ce moment-là] en juin… La Cigale, le 8 juin. Ça tac tac… fff… (elles miment d’avoir les pétoches).

Merci !

Merci !

 

 

On les quitte une nouvelle fois à regret en se promettant d’aller de nouveau les voir sur une autre date de la tournée… Ça tombe bien d’ailleurs, puisqu’elles reviendront en Bretagne pour les Nuits Soniques le 12 mai à Auray, ainsi que le 25 mai pour Art Rock à St Brieuc… Et puis Laval, ce n’est pas très loin non plus: elles y seront le 11 mai pour les 3 Éléphants.

Photos live et interview, prise de son et montage : Caro

 

 

SI VOUS AVEZ MANQUÉ LE DÉBUT : vous pouvez également retrouver notre interview enregistrée juste avant leur Carte Noire à l’Antipode en novembre dernier ici (on y parle de Nyx, de la Carte Noire à l’Antipode, de ThomR, de Sieur et Dame…etc.)

 

 

_______________________________

Plus d’infos : http://www.mansfieldtya.com/

Vicious Circle : http://www.viciouscircle.fr/

Renyx (Vicious Circle) en édition double vinyle (inclus carte de téléchargement MP3 avec 2 bonus ) sera disponible à partir du 14 mai.

Les très courts extraits musicaux de l’interview version audio sont les ReNyx de Scratch Massive (à écouter ici en entier) et de German Cow (à écouter là en entier).